Eux

Les habitants de la brume

Vernereine — 05/04/2070

Au vu des maigres informations que nous avons sur Eux, cet article est majoritairement bâti sur les rapports épars des rôdeurs.

Une silhouette dans la brume

Le premier témoignage rapportant une silhouette humanoïde non-hostile remonte à février 2058. D'ordinaire, les formes humaines rôdant dans la brume sont soit des zombies, soit les enfants ayant succombé à l'ivresse de la brume. Agressifs et demeurés, les premiers sont la moindre des menaces tandis que la courte durée de vie des seconds les rend aussi rares que dangereux.

Les entités de la brume n'étant pas manifestement hostiles sont des exceptions. On peut noter les oiseaux de brume, qui sont passifs voire amicaux. Mais selon la rôdeuse qui a rapporté la rencontre, la silhouette qu'il peinait à distinguer s'est contenté de l'observer en restant à bonne distance, comme pour l'étudier. Lorsqu'elle a tenté de s'approcher, la forme s'est fondue dans la brume et a disparu.

Soupçonnant une hallucination ou un appât, elle n'a pas poursuivi l'individu et s'est contenté de consigner l'évènement. Dans les années suivantes, plusieurs témoignages identiques s'accumulèrent, signalant à chaque fois une seule silhouette statique qui s'évanouissait dès que le rôdeur faisait un geste vers elle. En tout, 7 témoignages cohérents ont été recensés.

L'évènement perturbateur

Cela aurait pu continuer comme ça encore longtemps, si ce n'était pour l'accident du mois dernier. Un rôdeur cartographiant les Rocheuses s'est fait surprendre par un Nuage. Il ne donnait pas cher de sa peau, esseulé dans un terrain escarpé et inconnu, et fut rapidement acculé. Il se retrouva projeté au bas d'une vallée et s'apprêtait à se faire dévorer au moment où la chose qui se penchait sur lui disparu. Purement et simplement. L'instant d'avant il pouvait sentir son haleine fétide et son corps chitineux peser sur le sien, celui d'après il s'était comme fondu dans la brume.

En se relevant, il découvrit ses sauveurs manifestés par des dizaines d'yeux le fixant dans toute la vallée. Il a pu distinguer avec certitude une trentaine de silhouettes immobiles, semblables à celles rapportées précédemment. L'une d'entre elle s'était avancé et penché vers lui, pour l'aider à se relever. Il en profita pour observer le physique de ces êtres mystérieux de près, gravant les détails dans sa mémoire. Il voulu leur parler, demander qui ils sont, mais au moment où il a pris la main tendue vers lui, il se retrouva transporté à la lisière du Nuage. En se retournant, il ne vit aucune trace de ses sauveurs.

Proche mais distincts

Les premiers témoignages rapportèrent des silhouettes humanoïdes, de grande taille, dont la tête était allongée verticalement et ne semblait posée sur aucun cou. De courtes jambes et de longs bras fins, terminés par des mains épaisses, presque cylindriques. La description plus détaillé ajoutée par le rôdeur confirma ces informations, en ajoutant toutefois leurs yeux d'un rouge éclantant. Ils se déplaceraient sans bruit, sans provoquer le moindre mouvement dans la brume. Leur peau serait écaillée et bleutée, ruisselante d'humidité.

Ils semblent avoir de nombreuses caractéristiques humaines, mais également d'autres éléments les distinguant clairement de nous. Aucun n'a été remarqué dans l'enceinte de Detroit, mais il est probable qu'ils vivent dans les brumes, se déplaçant avec elles. Ils semblent avoir des comportements intelligents, et probablement même une société complexe. Le rôdeur n'a pas remarqué le moindre vêtement, mais il se peut qu'ils n'en aient pas l'utilité, ou bien que leur peau écaillée soit en réalité une sorte de scaphandre de survie.

Ils pourraient avoir également la faculté de manipuler directement la brume, manifestant un Don bien plus avancé, puisqu'il s'agit de la principale limite des nôtres. Il se peut aussi qu'ils soient les entités derrière l'apparition de la brume, les architectes macabres de ce nouveau monde. Ils pourraient aussi être les individus remarqués dans la prophétie de la cité dans la brume.

En l'absence d'une meilleure dénomination, nous les appelons sobrement Eux. Le rythme des rencontres s'accélère, et peut être le jour viendra où nous pourrons interagir avec Eux.