Les naufragés
Loin de Detroit, les survivants sont à la dérive.
Contrairement à ce qu'on a longtemps supposé, les habitants de Detroit n'ont pas été les seuls à survivre à la brume originelle. Je ne parle pas non plus de Seattle, dont l'état est... discutable. De communautés de taille variable aux simples familles, voire à des individus solitaires, toutes sortes de personnes arpentent encore le monde à l'extérieur de nos murs. Cependant, dépourvus de repères, la vie de ces naufragés est encore plus difficile que la nôtre. Mais c'est aussi pour ça que leurs connaissances sont très recherchés.
Premières rencontres
C'est en mai 2055 que la nouvellement fondée guilde des rôdeurs rencontre pour la première fois un groupe de naufragés. Le nom du rôdeur est inconnu, mais il a rédigé en détail le contact. Le groupe était composé de 9 personnes et deux familles. Ils vivaient en nomades, se déplaçant toujours de façon à éviter la brume, ou se terrant dans un trou ou une grotte lorsque c'était impossible. Il y avait parmi eux un vieil homme peinant à marcher, seul survivant des adultes qui avaient sauvés leur famille lorsque la brume est apparue.
Ils avaient appris à éviter les grandes villes, qui non seulement grouillaient toutes de créatures, mais en plus étaient très régulièrement traversées par des brumes, bien plus que les campagnes et les montagnes. Ce premier point expliqua pourquoi il a fallu si longtemps pour rencontrer les premiers naufragés. Ils fournirent également d'autres conseils de survie à l'extérieur, qui ne sont utiles qu'aux rôdeurs, donc pas développés ici.
Ce groupe a refusé l'invitation de rejoindre Detroit, et n'a plus été remarqué par la suite. Depuis, de nombreux autres groupes ont été découverts, certains acceptant de nous rejoindre, là où d'autres se sont limités à l'échange de ressources et d'informations. De ces expériences une classification des naufragés a émergé, selon leur façon de vivre.
Les Vagabonds
Parfois appelés voyageurs, errants ou nomades, il s'agit de groupes comme le premier rencontré. Étant de loin les plus nombreux, il existe des groupes de toutes tailles, méthodes et durée de vie. La plus grande communauté recensée compte près de cent personnes et arpente le continent entier à bord d'une gigantesque caravane de camions, voitures et autres véhicules de l'ancien monde miraculeusement conservés. Ces communautés vivent de cueillette dans les rares forêts qui existent encore, de la viande de Créature ou de commerce avec les Abrités.
Les vagabonds sont pour la plupart amicaux ou neutres, et acceptent volontier un échange de ressources et d'informations. Ils sont les plus prompts à rejoindre Detroit, ou au moins d'y passer un moment. Actuellement, seuls les adultes acceptant d'entrer dans nos rangs sont autorisés à pénétrer Sub-Detroit. Les autres sont accueuillis à la surface, et abrités de la brume dans les salles de confinement du CRAB.
Les vagabonds refusant d'intégrer Detroit considèrent qu'ils s'en sortent suffisamment bien par eux-mêmes, ou que notre choix de survie sédentaire est mauvais. Quelle que soit leur raison, elle est respectée. En effet, bien qu'il y ai grand besoin de plus de main d'œuvre à Sub-Detroit, les ressources sont rares et peinent à sustenter tout le monde. Cette situation instable permet à ces groupes itinérants un choix qui n'existerait autrement pas.
Il s'agit des communautés les plus changeantes et éphémères. Un groupe de Vagabonds peut se former par la force des choses, pendant quelques mois, puis se dissocier ensuite. Ou bien, des groupes se séparent à la suite de dissensions internes, à moins qu'ils ne soient absorbés par d'autres clans.
Les Maraudeurs
Ils ont presque le même mode de vie que les Vagabonds, se déplaçant continuellement afin d'éviter la brume, mais la comparaison s'arrête là. Ils sont une menace au même titre que les Créatures, parfois même pire. Pour la plupart en groupes d'une à trois dizaines, ils vivent de rapines, attaquant les Vagabonds sans défense et pillant les Abrités.
Ils sont la bête noire des naufragés, certains groupes osent même s'en prendre aux rôdeurs. De tels affronts ne sont pas tolérés par la guilde qui envoie des expéditions punitives mettre un terme aux agissements de ce groupe. Sinon, elle a tendance à ignorer ceux qui ne s'approchent pas trop de Detroit. Cette politique de réaction a incité la plupart des groupes de Maraudeurs à laisser les rôdeurs en paix, de peur des représailles. On peut noter que certains rôdeurs joignent parfois des Vagabonds dans des attaques de camp de Maraudeur sans provocation de leur part.
Les Maraudeurs sont incroyablement résilients, malgré les traques régulières effectuées par les plus grandes communautés de Vagabonds. La plupart se contente de rôder dans une zone plus ou moins large, ce qui donne à ces groupes un avantage de terrain non négligeable pour échapper à leurs poursuivants. De plus, il n'est pas rare que des Abrités ayant perdu leur foyer ou des Vagabonds bannis forment un nouveau groupe de Maraudeurs.
Les Abrités
A l'inverse des Vagabonds et des Maraudeurs, ils sont reclus dans leur abri, la plupart du temps un bunker souterrain, et n'en sortent presque jamais. Leur nombre est difficile à estimer, puisqu'un abri n'est pas tout le temps visible depuis la surface, en particulier pour échapper aux Maraudeurs. Ces communautés peuvent occuper un étroit refuge à un véritable village souterrain.
Il paraît qu'aux premiers jours après l'apparition de la brume, de nombreux abris existaient à la surface, chacun se chargeant à sa manière de ce qui rôde dans la brume. Ultimement, ils ont presque tous disparu, absorbés dans la brume ou victimes de la dégénérescence. Aujourd'hui, les seuls qui subsistent sont capables de repérer les brumes de loin et de devenir hermétique.
Certains refuges sont amicaux et acceptent de faire du troc avec les Vagabonds, voire de les abriter le temps d'une brume. D'autres sont plus isolationnistes et n'ont besoin de personne. Ces derniers vivent en totale autarcie et ne sortent vraisemblablement jamais, c'est à se demander pourquoi ils n'ont pas condamné leur entrée.
Plus durables, les abris sont également en constante diminution. Lorsque l'un d'eux est détruit, sa population meurt ou devient vagabonde, les refuges viables et inoccupés relevant du mythe.
Relations
Dans l'ensemble, les relations que nous entretenons avec les naufragés par l'intermédiaire des rôdeurs sont bonnes. Certains nous considèrent comme une menace, ce qui est compréhensible vu la taille de Detroit — largement suffisante pour écraser l'ensemble des naufragés, même s'ils s'allaient — et de son apparente prospérité.
Pour nous, ils sont d'inestimables sources d'informations concernant l'extérieur, leurs méthodes et les souvenirs qu'ils peuvent conserver de l'ancien monde sont particulièrement recherchés. Lors du passage d'un groupe de Vagabonds dans la ville, il arrive que certains enfants de la brume décident de les rejoindre dans leur périple sans fin. Cette décision est plus que questionables, mais après tout, ils sont libres.
Commentaires