Amarandil Geographic Location in Abrasia | World Anvil

Amarandil

Written by Lebardesolitaire

Tache blanche qui ce soir nous unit.
Demain présage trouble qui nous divise.
Pour enfin nous plonger froidement dans la nuit.
Nous délivre de nouveau de nos angoisses.
— Quête de sens, recueil du barde solitaire

L’apparition de la lune Amarandil, tout comme celle de sa sœur Sirdan, précède par son existence toute forme de vie en Abrasia. Nul en cette terre ne saurait estimer son âge ou son origine. Les Eveillés, malgré les demandes des mortels, n’eurent jamais un mot sur le sujet. Tout ce que contiennent les archives les plus fournies des mages et les parchemins les plus détaillés des érudits sur l’astre peut se résumer en quelques phrases. Les lunettes des astronomes n’ont apporté que peu de réponses aux esprits curieux et là où la science échoue, le folklore et la superstition s’enracinent. Ainsi à la cour des grands seigneurs, savants et professeurs furent remplacés par des prélats, des devins, des interprètes, des charlatans. Lisant félicités, intentions divines, avenirs radieux ou terribles, ces derniers eurent tôt fait de calquer sur l'objet céleste des mythes et des légendes. Les néruviens ne connaissent donc pour la plupart d’entre eux Amarandil que d’une manière, par une belle histoire. Astre a deux faces, l’une pourpre et l’autre blanche elle est pleine tous les dix jours et change de couleur quatre fois par mois. Présentant successivement une face complètement blanche, bicolore, pourpre et de nouveau bicolore, elle rythme le paysage culturel Abrasien.

La légende d’Amarand

Notre conte se passe en des temps immémoriaux en un lieu situé quelque part dans ce que l’on appelle aujourd’hui les Steppes Gelées. En ces temps, les néruviens vivaient encore en tribus et n’avaient pas formé de puissants royaumes. Dans un village mythique au nom perdu habitait un garçon baptisé Amarand qui rêvait de parcourir le monde, d’en découvrir tous les recoins. Doté d’une force hors du commun et réputé pour être un combattant hors pair, il protégeait son peuple contre les monstres de la région. Le chef refusait qu’il quitte trop longtemps sa communauté, de peur que les créatures maléfiques ne profitent de son absence. Il autorisa donc le jeune homme à voyager autant qu’il voulait du moment qu’il revenait pour le premier jour de chaque mois. D’abord enchanté, le héros se mit à parcourir les steppes, mais à peine s’était-il éloigné de quelques kilomètres que déjà il devait se hâter de retourner à la maison pour honorer sa promesse. Empli de contradiction entre son désir de découvertes et ses devoirs envers sa tribu, le malheureux sombra dans une profonde tristesse qui brisait le cœur de tous. @odon fut ému par le vœu pur d’Amarand et décida de lui venir en aide. Il lui offrit alors son bien le plus précieux, un bâton de marche. D’apparence modeste l’objet permettait à son porteur de se déplacer entre les mondes et ainsi de parcourir en un instant un trajet qui aurait pris bien des jours au randonneur le plus aguerris. Depuis lors, Amarand arpente Abrasia tout en faisant attention à rentrer honorer son serment. D’aucuns ont peur lorsque Amarandil est pourpre, car le héros est au plus loin et tous se réjouissent de la lune pleine et blanche ; leur protecteur est de retour à la maison.

L’astre Amarandil

Deux lunes parcourent le Firmament Abrasien. Amarandil la plus petite, et Sirdan la plus lointaine. Les deux astres ne se croisent que pour une éclipse annuelle durant le jour de Forgeside. À cet instant, l’ombre de l’orbe projetée sur sa grande sœur révèle sur cette dernière d’étranges symboles aux origines mystérieuses. La lune traverse le Firmament en dix jours et effectue une rotation sur elle-même en 40,1 jours. C’est sur sa périodicité que s’est basé le premier calendrier néruvien. Situé à une distance importante du monde habité, un humain tendant son bras vers elle pourrait tout juste la recouvrir de son pouce. Du fait de particularités géologiques, Amarandil est dotée de deux faces de surfaces égales, l’une pourpre et l’autre ivoire. Ainsi, le premier jour du mois voit Amarandil pleine et complètement blanche tandis que durant le premier jour de la deuxième décade elle est pleine et bicolore. Dix jours plus tard, on l’envisage comme pleine mais violacée. Puis une décade après, elle exhibe un visage bicolore. On constate donc qu’en plus des phases habituelles à toute lune, elle présente un ballet de couleurs dépendant de la décade à laquelle on l’observe. Ce cycle associé à des légendes et des croyances a donné à l’objet céleste une place particulière dans de nombreuses cultures.

Culture et nature

La nature cyclique du parcours des astres en fait des marqueurs spatiaux temporels idéaux, mais également des objets sur lesquels les différentes cultures viennent greffer des croyances locales. Ainsi, du fait de la quasi-universalité en Abrasia du conte d’Amarand, l’orbe bicolore est vénéré par certains peuples comme le serait une déité. Les nomades des steppes en font le protecteur qui les guide dans les vastes paysages de leurs contrées. Chez eux, où le mythe est particulièrement tenace, il est bien vu de se référer à Amarandil en utilisant le masculin. En Esteterre, il est impensable de se marier quand la lune est pourpre tandis qu’il est socialement préféré pour passer un marché équilibré de convenir d’un accord durant les périodes des faces dites équitables. De manière originale, à Contemplation, un horoscope basé sur les différentes phases est activement suivi par la noblesse pour guider ses décisions depuis des millénaires. Les grandes compagnies marchandes se placent toujours sous la protection d’Amarandil lorsque leurs caravanes prennent le départ et il est commun de dormir à l’auberge en début de mois si l’on ne peut séjourner chez soi. Du fait de sa faible influence sur les marées en comparaison de Sirdan, elle est délaissée par les navigateurs au profit de sa grande sœur. De sombres histoires suggèrent que les morts-vivants vouent un culte étrange à l’Astre et tirent parti de son apogée pour entretenir de mystérieux rituels. Enfin, le jour de la triple éclipse est également celui le plus important du calendrier, celui de Forgeside. Il existe bien trop de cultes, croyances et histoires locales liées à cette lune pour les énumérer tous, mais une chose est sure, depuis que les néruviens ont les deux pieds en Abrasia, ils regardent vers le ciel.



Cover image: by Stanislas Aurain with ArtBreeder

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