Ella Œilétoile

Ella Œilétoile est une barde et cosmologue haut-elfe qui réside dans la Grande Bibliothèque de Nilau, dans le Duché de Contemplation. Elle est particulièrement connue pour ses recherches sur le Cosmos et les découvertes qu'elle fit à ce sujet. Elle écrivit de nombreux ouvrages, qui font encore aujourd'hui référence dans leur domaine, dont le plus connu est Le Cosmos et le Néant.     Mais son histoire ne se limite pas à ses seuls ouvrages, sa vie fût remplie de voyages et d'aventures qui, les unes après les autres, la menèrent à explorer les plans du Cosmos en quête de réponses à des questions bien plus grandes qu'elle.     La suivante biographie fait partie des Chroniques de l'Oubli, ouvrage d'Alacanth Mnemoniaste, qui eut la chance de la rencontrer à plusieurs reprises lors de ses séjours à la Citadelle Noire d'Erionth.
— Piupiu

Première partie : Jeunesse et initiation

La fuite

Née à Nadarah plusieurs siècles avant le début du Déclin dans une famille noble dont le père était un membre influent du Cercle de la lune, elle jouit d'une éducation parmi les meilleures du Royaume de Nadarah. Cependant, avant d'atteindre la maturité (vers 80ans pour une elfe) elle quitta sa forêt natale pour parcourir le monde. Ses parents furent évidemment furieux de l'embarras dans lequel elle les plongea et son père envoya une bande de chasseurs de primes à sa poursuite. Ella s'était dirigée vers l'Ouest, dans les Steppes Gelées. Alors qu'elle était traquée, elle réussit à se cacher dans les fermes ou les cabanes de chasseurs qu'elle trouvait sur sa route. Pour seuls accessoires elle avait sa cithare et une balle magique. Il lui suffisait d'envoyer cette dernière pour que l'objet continue sa route sur des lieux tout en émettant des bruits qui attiraient ses poursuivants. Le lendemain, la balle réapparaissait systématiquement dans sa sacoche. Cet artifice lui permis d'échapper plusieurs fois à ses traqueurs, sans compter l'hospitalité des hôtes qu'elle rencontrait et qui appréciaient particulièrement la musique qu'elle leur jouait le soir au coin de l'âtre.

Elle se cacha quelques temps dans la cité de Théia où son apparence ne tarda pas à faire d'elle un objet de curiosité (les haut-elfes, par nature si pédants, sortaient rarement de Nadarah). Elle était invitée dans des cercles érudits ou artistiques dans lesquels elle eu loisir de conter les histoires et les légendes de son peuple. Elle s'accompagnait le plus souvent de sa cithare lorsqu'elle récitait les poèmes héroïques des temps jadis, captivant son auditoire autant par son récit que par la musicalité de sa voix. L'histoire veut qu'elle venait à peine de commencer une de ses performances auprès d'un groupe d'artistes qui étaient devenus ses amis lorsque les mercenaires envoyés par son père firent irruption dans le salon. La troupe avait paru épée à la main et prête à en découdre, mais Ella poursuivit. Elle avait entamé le poème de l'Araignée au Crépuscule, dont la protagoniste Sassandra Olonrae s'était vouée au culte de Lolth et provoqua le Schisme de Nadarah, un épisode à jamais gravé dans la mémoire des elfes.

Elle observa la capitaine des mercenaires, une femme rousse et bourrue, qui deviendrait plus tard une de ses meilleures amies et, sans lui prêter d'avantage d'attention, continua de chanter son poème. On raconte que les mercenaires ne purent lever la main sur Ella, qu'ils étaient trop captivés par le récit qu'elle racontait, par sa musique et par les histoires qu'elle rajoutait dans son histoire. Ella s'amusa, comme elle en avait l'habitude, à inventer des anecdotes, à faire des détours, comme l'épisode du groupe hétéroclite qui avait ravagé la demeure de Sassandra, à donner des détails si saugrenus qu'ils eurent pu être l'objet d'une chanson à eux seuls, nommer les cent oiseaux qui vivaient dans le bosquet d'une dryade ou décrire les mille reflets de la Lune Amarandil sur le Lac Linaëwen. Son auditoire, amis et ennemis, était tout ouïe à chacun de ses vers, certains répétaient machinalement les couplets après qu'elle les disait. Quand minuit fût passé, le maître de maison offrit même aux mercenaires de s'assoir. Ceux-ci, comme tirés d'un rêve acceptèrent un peu gênés qu'ils étaient d'avoir encore la main sur leurs épées. La poésie dura encore des heures, Ella savait qu'elle y jouait sa liberté. Elle improvisa encore mille histoires dans l'histoire pour ne jamais arriver à la fin de sa chanson. Lorsqu'au travers de la fenêtre les premiers rayons du soleil parurent, seule la capitaine rouquine ne s'était pas endormie sur sa chaise.

Nul ne sait ce que se dirent les deux femmes, mais elles s'entendirent parfaitement. Ella ne rentra jamais chez ses parents, au lieu de cela elle intégra la troupe d'aventuriers et continua d'arpenter le monde en leur compagnie. La mercenaire avait la moitié de l'âge d'Ella, mais plus d'expérience du monde qu'elle. Elle lui fit visiter mille lieux dont Ella connaissait l'existence grâce aux lectures imposées par ses prescripteurs. Elle se jura que jamais elle ne cesserait de voyager et que toujours elle irait vers l'inconnu. C'est certainement de ce serment personnel que lui vint cette soif inexpugnable d'explorer qui caractérisa l'ensemble de ses recherches sur les Plans Extérieurs et le Cosmos.

Sud-Ouest d'Abrasia cover

Apprentissage

Ella n'eut jamais à se servir d'une arme, mais elle tua de nombreuses fois. Durant sa vie de chasseuse de prime elle apprit que sa musique et ses paroles étaient bien plus affutées que de nombreuses lames. Avec sa cithare elle arrivait à enchanter les esprits. Elle chantait souvent en Elfique, sa voix galvanisait ses amis, bien que cette langue leur fut étrangère, comme elle perçait l'âme de ses ennemis, qui la comprenaient rarement. D'autres mercenaires vinrent à ses trousses, mais ils furent repoussés à chaque fois. Rapidement, Ella appris à ne plus avoir peur et à rire de ces attaques futiles avec ses amis pendant les veillées autour du feu.

Un jour, déjà deux années s'étaient écoulées depuis qu'elle avait intégré le groupe, une dizaine de fantassins armés surgirent dans une clairière aux abords de Tully où ils campaient pour préparer une mission. Surprise, Ella renversa la marmite de potage qu'elle était en train de préparer et elle en fût tellement fâchée qu'elle s'exclama :

"Neuf d'entre vous passeront la meilleure nuit de leur vie et le dernier sera mangé !"

C'est effectivement ce qu'il se passa à peu près, usant de sa magie elle en changea neuf en femmes et leur ordonna de passer la nuit dans le bordel de la ville. Quant au dernier, il fût changé en mouton et remplaça le potage qui avait été gâché. Depuis ce jour, le groupe se fit appelé les Embrocheurs.

Ella avait un sens du détail aigüe et un goût si raffiné, dûs à son origine et son éducation, que même dans ses sortilèges de métamorphoses elle pensait au goût qu'aurait la chair d'un animal. Ses amis l'adoraient et elle les aimait tout autant en retour. Pour leurs missions, ils se rendirent dans des cités extraordinaires jusqu'au-delà du Désert d'Ounkatoun, combattirent des créatures monstrueuses et firent des rencontres exceptionnelles. Dans chacun de ses voyages, Ella trouvait des livres nouveaux, classiques ou modernes, qu'elle lisait lorsqu'elle veillait seule au coin du feu (ses amis avaient beaucoup plus besoin de dormir qu'elle). Quant à sa magie, elle ne cessait de croître. Chaque aventure était l'occasion de peaufiner son art et chaque rencontre dans une université ou un sanctuaire lui permettait de repousser les limites de sa maîtrise. Grâce à elle, les Embrocheurs gagnèrent en renommée, il fût un temps où leur nom fût même célèbre de la Mer d'Argent aux Plaines de Qamah, ce qui était très certainement pour déplaire à son père, mais Ella s'en moquait alors.

Une mission les mena jusque dans les profondeurs d'Onkalo où une colonie de fouinards mettait en échec un projet d'excavation qui devait déboucher, d'après les géologues, sur un filon d'une grande valeur. D'ordinaire, les nains n'aimaient pas tellement faire appel à des étrangers pour résoudre leur problèmes internes, mais à ce moment-là la cité traversait une période difficile et avait besoin d'accéder rapidement au gisement, d'autant qu'ils avaient déjà perdu un grand nombre d'ouvriers et quelques guerriers d'une grande valeur. Lorsque les Embrocheurs se présentèrent à la cité, le roi nain ayant eu vent de leur réputation répondit que ca ne couterait rien d'essayer s'ils échoueraient, et que s'ils réussissaient ils seraient généreusement récompensés. Une telle promesse venant d'un roi de la montagne était tout ce qu'il fallait pour mettre le groupe en joie et, au lendemain d'une soirée mémorable dans une des nombreuses brasseries de cité où Ella chanta autant de chansons à la gloire des héros nains qui avaient combattu à Fingun'Elm qu'elle but de bières différentes, les aventuriers entamèrent leur descente dans les entrailles de la terre.

Il fallut près de huit jours (d'après leurs guides qui n'avaient pas besoin du cycle du Soleil pour garder la notion du temps) pour arriver jusqu'à la fameuse galerie qu'ils devaient sécuriser. Celle-ci était sombre car les torches n'avaient pas été changées, mais cela ne gênait pas Ella, et particulièrement froide. Ella se retourna pour faire une blague à son amie Eraquine, la capitaine du groupe, sur la ressemblance entre leur guide et les chèvremouths qu'ils avaient croisées dans la grande carrière d'Onkalo, mais elle ne la vit pas. Les murs aussi avaient disparu, elle se retrouvait dans un espace parfaitement noir dans lequel aucun son ne perçait. Ella se retrouvait seule et perdue dans des ténèbres qu'elle comprit magiques. Se concentrant de toutes ses forces, elle parvint à faire retentir un cri, puis des paroles et enfin un chant. Au bout d'une minute qui lui parut une éternité, elle parvint enfin à détruire la cage mentale dans laquelle elle avait été enfermée et aperçu autour d'elle les pattes d'un fouinard. Cette grande créatures, dont le corps juché sur des échasses est aussi maigre que repoussant, tentait de profiter du sommeil dans lequel il l'avait plongée pour faire festin de son corps. Elle parvint à le mettre à terre en brisant ses ligaments avec un sort de choc et à l'achever en lui faisant éclater sa faible cage thoracique. Mais il était trop tard, son groupe gisait endormi autour d'elle et elle peina à se débarrasser des autres créatures qui avaient déjà commencé les dévorer. Quelques un purent être sauvés, mais pas tous.

Quant à Eraquine, Ella vit deux fouinards qui emportaient son corps vers des terriers qui débouchaient sur la galerie des nains. Le reste du groupe tenta à maintes reprises de la retrouver, mais leurs efforts furent vains. Les tunnels se comptaient par centaines et les adversaires étaient chaque fois plus nombreux et plus puissants. Après des jours d'échecs et encore de nombreux morts, il fallut se rendre à l'évidence qu'Eraquine était certainement perdue à jamais. La mort dans l'âme ce qu'il restait des Embrocheurs remonta jusqu'au niveaux supérieurs. Les habitants n'eurent pas le cœur de se moquer d'eux, comme ils l'auraient fait en d'autre circonstances si des étrangers étaient revenus bredouilles d'une expédition souterraines, eut égard à leur peine et à la forte impression qu'Ella avait laissée dans la brasserie avec ses chansons. Le roi offrit des soins pour les blessés et des chèvremouths pour ceux qui souhaitaient quitter la cité. Ella refusa les deux et se mit en marche dans les plaines de Contemplation, dorénavant seule et sans but.

ABRASIA cover

Errance et retour

Son errance dura près d'une année. Arpentant les Plaines de Qamah elle évitait les villes et restait dans les bois où elle savait toujours où se cacher et trouver des racines pour se nourrir. Sans son groupe et son amie, la vie dans laquelle elle s'était toujours projetée lui été refusée. Elle abandonna un à un ses rêves et cessa de chanter, même sa cithare ne l'attirait plus. Elle n'y trouvait pas d'intérêt et se refusait y chercher une source de réconfort. Nul ne sait vraiment comment ni pourquoi elle accepta un soir d'été l'hospitalité d'un forestier en bordure de la Forêt de Nadarah. Ses pas l'avaient conduite près du lieu où elle avait passé toute son enfance et son adolescence sans qu'elle en ait conscience. L'elfe qui l'accueillit ressenti sa peine mais la respecta et ne chercha pas à en déterminer la raison. Il lui proposa cependant de rester quelques jours de plus, il avait besoin d'aide pour reconstruire un pont de cordes qui traversait un canyon et qui s'était abimé lors d'un orage quelques semaines plus tôt.

Le travail long et répétitif du tissage était d'une certaine manière apaisant pour Ella. Elle fût gré au forestier de lui offrir ce travail et de ne pas la forcer à parler. A la fin du troisième jour, il dit cependant quelque chose qui fit enfin vibrer une corde dans la poitrine d'Ella alors qu'ils rentraient à la cabane. "Tu sais, si tu as perdu quelqu'un et que ta peine jamais ne se tarit, il existe des moyens de la ramener à la vie". Elle le regarda droit dans les yeux, sans mot dire, attendant la suite. Mais il ne répondit rien, lui renvoyant simplement un regard compatissant. Le forestier avait longtemps officié en temps que druide avant de se retirer de la vie publique des cités elfes (il lui raconta cela le lendemain matin, quand après une nuit sans sommeil Ella sortit enfin de la torpeur dans laquelle s'était emmuré son esprit pendant une année). Il lui dit qu'ils termineraient d'abord le pont et qu'ensuite ils se mettraient en quête des ingrédients pour confectionner les huiles et les encens nécessaires au rituel qu'il comptait invoquer pour ramener Eraquine à la vie. Cela prit plus de six mois pour tous les rassembler et les raffiner, mais le vieillard lui dit qu'il lui fallait aussi une pierre d'une très grande valeur pour que sa magie opère. "Je sais qui tu es, lui dit-il, cela fait quinze ans que ton père lance des avis de recherche à ton encontre. Ta famille a les moyens de se procurer cette pierre." Ella fut folle de rage à l'idée de devoir revoir sa famille, mais la rage était positive, c'était la première fois qu'elle ressentait une émotion autre que la tristesse depuis qu'elle avait quitté la cité des nains.

En cette saison il pleuvait beaucoup, l'air était froid et les canyons étaient gorgés d'eau sauvage. Ella se remémora le chemin qu'elle avait parcouru depuis qu'elle avait quitté son foyer. Les quêtes, les voyages, les découvertes, en un mot l'aventure. Son père serait furieux quand il la reverrait, peut-être même qu'il la ferait tuer, mais elle trouverait les mots justes pour lui expliquer ses raisons. Qui sait, peut-être le remercierait-elle même d'avoir un jour envoyé Eraquine à ses trousses car, sans le savoir, il lui avait fait don de la plus belle des vies.

Quand elle arriva à Mitriath elle était couverte de boue d'avoir pataugé dans les marais et d'avoir dormi plusieurs fois par terre. Mais enfin elle était là. La cité de son enfance dont les murs s'élevaient hauts vers la cime des arbres millénaires. Elle reconnaissait chaque branche, chaque bâtiment, là-bas se tenait la grande bibliothèque de Nadarah qui projetait les reflets de ses fenêtres sur la ville, là, au sein plus grand des arbres de la cité, se tenait le Conseil des racines et ici, devant elle, se trouvait maintenant la demeure familiale.

Son père était au courant de son retour, Ella avait senti que des elfes la suivaient depuis une semaine dans la forêt et même ici, elle se sentait observée. Elle lança un regard circulaire autour d'elle et constata que la foule s'était arrêtée pour la fixer. "Ces elfes s'ennuient donc tellement dans leur ville que le retour d'une femme dans son foyer est un évènement qui mérite qu'on interrompe le cours de sa journée" pensa-t-elle en son for intérieur. Elle s'avança jusqu'à la porte de sa maison, c'était un arbre-manoir, et fit résonner le heurtoir trois fois contre le bois. Chacun des coup sonnait comme un glas. Elle attendit une réponse, mais rien ne vint. Aux fenêtres, les domestiques la regardaient (elle en reconnaissait la plupart) mais ils ne disaient rien, personne ne vint ouvrir la porte. L'attente se prolongea, au bout d'une heure la pluie reprit et trempa ses vêtements.

Elle attendit debout devant la porte tout le reste de la journée et la nuit qui s'ensuivit. Cette porte finirait bien par s'ouvrir un jour pensait-elle. Son père avait beau être obstiné, la maisonnée n'allait pas se laisser mourir de faim simplement pour la laisser dehors. Au lendemain matin, elle reprit le heurtoir dans sa main et frappa de nouveau la porte, battant un rythme qui lui rappelait une ballade apprise dans son enfance.

Tok, Tokotok, toktok — tok... ♪ ♫

La gouvernante qui l'avait élevée séchait ses yeux humides à la fenêtre. Des oiseaux s'était approchés d'Ella pendant qu'elle jouait, comme captivés par la mélodie, même un ou deux passants s'étaient arrêtés émus par la mélodie enfantine. Mais quand elle eu fini de jouer, la gouvernante claqua la fenêtre et le silence retomba. Une autre journée et une autre nuit passèrent sans aucune réponse. Personne n'entra ni ne sortit de la maison, quant à Ella, elle ne bougea pas. Figée telle une statut devant l'entrée résolument fermée. Au matin du troisième jour, elle joua de nouveau avec le heurtoir. Elle savait moduler le contact du métal et du bois pour que le son se propage à travers toute la maison, elle voulait que sa mélodie ne puisse échapper à aucun membre de sa famille. Rien ne se produisit ce jour-là non plus.

Son siège dura six jours et six nuits. C'est dans la sixième nuit que finalement la porte s'ouvrit. Son jeune frère Elias parut, il était affligé. Dans un élan incontrôlé il embrassa sa sœur et la serra contre lui. Il lui expliqua que leur père avait menacé de mort quiconque lui ouvrirait et que la sentence concernerait aussi bien les domestiques que les membres de la famille. Ella lui expliqua rapidement l'objet de sa venue et ce dont elle avait besoin, Elias disparu aussitôt et quelques minutes plus tard un paquet tomba d'une des fenêtres. Il contenait les pierres nécessaires à la résurrection d'Eraquine ainsi qu'une lettre que son frère lui avait écrite quelques temps après son exile mais qu'il ne lui avait jamais envoyée.

Elle se sauva aussi tôt avec le précieux paquetage de soie elfique, mais elle avait encore une dernière chose à faire qui nécessiterait un peu de discrétion. Les rues étaient désertes à cette heure-ci et la grande bibliothèque de Mitriath avait toujours été peu gardée. Elle réussit, grâce à quelques sortilèges, à s'y introduire facilement. Il n'y avait personne à l'intérieur, juste des milliers de livres qui illuminaient les rayons des feux dorés et argentés de leurs reliures. Lorsqu'elle pénétra la salle des archives sacrées, un sentiment de toute puissance lié à une béatitude profonde s'empara d'elle. Son dévolu se porta sur trois boîtes qui contenaient des parchemins très anciens. Il était dit qu'ils avaient été écrits dans la Féerie, avant même que les premiers haut-elfes n'arrivent en Abrasia. Elle s'en empara et s'enfuit sans se retourner de la cité, en direction de la cabane du vieux forestier. Ella ne le savait pas encore, mais la prochaine fois qu'elle mettrait les pieds à Mitriarth, plusieurs siècles plus tard, celle-ci ne serait plus qu'un vaste champs de ruines.

La quête de la mort

Ella arriva à la cabane du vieux forestier après plusieurs jours de marche, au milieu de la nuit, la pluie ruisselait sur le visage de la jeune elfe. "Tu en as mis du temps" lui dit-il avec un sourire chaleureux. "Je commençais à me demander si tu t'étais faite capturer par ton père, mais cela me paraissait fort peu probable. Allons, sèche toi et aide-moi à préparer les encens." Ils se mirent immédiatement au travail, tracèrent un cercle sur le sol et allumèrent les encens, de l'huile fut jeté sur la terre et, au rythme des incantations du vieux forestier, un feu naquit au centre du cercle. Quand celui-ci fut suffisamment gros, ils jetèrent dedans les pierres précieuses. Celles-ci fondirent et se transformèrent en racines qui plongèrent dans la terre et à partir desquelles poussa un arbuste blanc. De petites tâches rouges, telles des gouttes de sang, étaient aspirées de sa base vers le bout de ses branches et donnaient naissance à des feuilles écarlates. Le processus dura plus de dix minutes, mais le buisson cessa de grandir et l'ancien druide interrompit son incantation.

"Quelque chose est bloqué, dit-il, son âme refuse de revenir. Elle doit être retenue. Normalement le buisson aurait du se changer en elle, mais ce n'est pas le cas. Je suis désolé."

Ella fût terrassée par ces paroles. Elle passa les semaines suivantes auprès de l'arbuste tandis que le vieux forestier continuait son travail. Elle pensait à son amie perdue à jamais et chantait des poèmes qui racontait les aventures qu'elles avaient vécues ensemble, la fois où elles avaient rencontré un mamébukith dans la Baie d'Argent et que leur navire avait coulé. Elles avaient finalement été repêchées par des pirates qu'Ella avait convaincue de les garder à bord. En échange elles s'étaient prêtées à la piraterie pendant quelques temps. Ou alors la fois où les Embrocheurs avaient été envoyés en mission pour chasser un troll qui terrorisait les habitants d'une forêt mais qu'il s'étaient rendu compte qu'il s'agissait en réalité d'un gnome illusionniste parfaitement innoffensif. Le gnome avait partagé son histériole avec eux lors d'une soirée mémorable et avait promis de disparaître dès le lendemain, promesse qu'il tint, s'en allant probablement terroriser d'autres paysans ailleurs. Mais de toutes les histoires, celle qu'Ella préférait conter à l'arbre blanc était celle de sa rencontre avec Eraquine, lorsque dans cette maison de Théia elle avait chanté une nuit entière pour gagner sa liberté et changer le cours de sa vie.

Ella ne s'en rendit pas immédiatement compte, mais ces chants avaient une influence sur l'arbuste. Au son de sa voix et au rythme de ses paroles, les tâches rouges accéléraient ou ralentissaient leur flux, parfois un bourgeon apparaissait quand une histoire se terminait. Quand elle réalisa cela, Ella se mit a étudier avec rigueur le buisson et ses réactions, elle accorda son chant avec les résonances qu'elle décelait dans sa sève et fit une découverte qui la déconcerta. Cela paraissait extrêmement étrange, et plusieurs fois elle se demanda si ce n'était pas simplement son esprit qui avait besoin d'un espoir auquel se raccrocher, mais après de longues observations elle en vint à une conclusion irréfutable. Les racines tiraient leur forces non pas de la terre, mais d'une autre dimension, et c'était la-bas que l'âme d'Eraquine était coincée.

L'hiver avait laissé place au printemps et sa suite vint l'été. Ella passait ses jours et ses nuits à étudier le flux d'énergie qui circulait dans la sève de l'arbre. Elle avait découvert deux choses. La première était qu'une énergie magique avait ouvert un pont vers un autre monde et que c'était dans ce monde qu'était prisonnier l'âme d'Eraquine. La seconde était que seule cette énergie pouvait circuler à travers les racines. Si elle voulait s'y rendre elle devait soit trouver le moyen de se transformer en cette énergie, soit ouvrir un différent type de portail où elle pourrait passer en conservant son intégrité. Ella réussit cependant une chose extraordinaire, à force d'essais innombrables et d'acharnement obstiné. Elle avait réussi à composer une musique qui résonnait parfaitement avec les mouvements de la sève dans l'arbuste, quand elle la jouait ses mouvements s'accéléraient et sursautaient selon un rythme complexe. Ayant compris le rythme magique qui l'animait, elle commençait à être capable de rajouter des variations sur cette musique et elle voyait que cela faisait frémir les branches du buisson. Jusqu'au jour où, concentrant toute son énergie dans l'effort, le monde autour d'elle commença à trembler.

Forêt de Nadarah
Une carte incomplète et rudimentaire de la forêt de Nadarah.

Deuxième partie : le Cosmos

Le grand saut

La première chose que fit Ella fût de regarder le buisson, il était toujours là et ne sembla pas avoir changé. Puis elle regarda autour d'elle, tout paraissait différent. La cabane, les arbres, le ruisseau étaient là, mais ils lui apparaissaient comme brumeux et teinté d'un bleu sombre. Tout ce qu'elle voyait était comme recouvert d'un voile, elle n'arrivait pas à fixer les objets sans qu'ils ne deviennent flous. Il faisait froid et elle ne sentait aucune odeur, pas un des mille parfums de la forêt. C'était comme si elle était là sans y être vraiment... Et plus aucun bruit, aucun, tous les oiseaux s'étaient tus, seul un léger vent venait battre ses oreilles, mais il glissait sur sa peau sans l'affecter. Quant à ses mains (elle les regarda rapidement, prise de panique qu'elles aient disparu), elles aussi étaient toujours là, légèrement dorées comme elles l'avaient toujours été. Elle poussa un soupir de soulagement, bien qu'en réalité cela ne l'avança pas à grand chose. Elle devait comprendre où elle était, quel était ce monde identique à la réalité où tou apparaissait en gris et bleu, et comment en sortir. A moins qu'Eraquine ne se trouve ici, dans ce cas elle devrait la récupérer avant de quitter cet endroit.

Soudain, elle vit le vieux forestier sortir de la cabane. Elle se jeta sur lui et lui pris le bras, trop contente de retrouver un visage ami en ce lieu étrange. Mais sa main passa au travers de lui sans qu'il la remarque. Il continua sa route, allant chercher du petit bois un peu plus loin. Il s'agenouillat, rammassa quelques branches, se retourna vers elle et la traversa sans la voir. Lui aussi était d'une teinte bleu gris, presque comme un elfe noir, à la différence qu'il semblait flou comme le reste de la forêt et que ses yeux paraissaient vides. Ella cria de toutes ses forces pour qu'il l'entende, mais ce fût peine perdue et il rentra dans la cabane.

Elle s'arrêta quelques secondes pour réfléchir. Réflchir, penser, trouver une solution ! Elle n'était pas mauvaise à ça habituellement, même dans les situations les plus compliquées, mais cette fois elle était parfaitement prise au dépourvu ! Bien qu'elle eut été très heureuse de pouvoir s'abandonner à la panique et courir dans n'importe quelle direction, elle savait que ce n'était pas le bon moment. Elle s'assit en tailleur et tenta de s'éclaircir les idées. Il n'y avait que deux choses qu'elle pouvait voir distinctement sans qu'elles deviennent flou : l'arbuste et elle-même, tout le reste était grisé. L'arbuste avait quelque chose de spécial, il était sûrement la clé. C'est en synchronisant avec son énergie qu'elle avait déclenché ce changement, comme s'il était un pont entre ces deux mondes. "Bien, pensa-t-elle, si je suis venu jusqu'ici en répliquant la musique de sa sève je devrais pouvoir réussir l'opération contraire de la même manière". Elle respira pronfondément plusieurs fois pour faire cesser les palpitations dans sa poitrine et lorsqu'elle eut retrouvé un semblant de calme elle chanta doucement la musique de l'arbuste.

Le vieux forestier ressorti de sa cabane, il était de nouveau coloré, comme toute la forêt. Ella pouvait entendre le chant des oiseaux, le bruit du ruisseau au loin, le bruissement des feuilles. Tout était redevenu normal. "Tiens, je me demandait où tu étais, je ne t'ai pas trouvée devant le buisson tout à l'heure. Pourtant tu y passes tes journées ! Es-tu partie te promener un peu pour une fois ?" lui dit-il. Ella se jeta dans ses bras et se prit à rire soudainement, de manière incontrôlée, comme cela arrive lorsque l'on échappe à une situation que l'on pense désespérée mais à laquelle on arrive à échapper par des circonstances inespérées. Il la regarda d'un air surpris et se mit à rire aussi, bien que surpris car pendant l'année qu'ils avaient passés ensemble c'était la première fois qu'ils se touchaient. Elle lui expliqua tout ce qui s'était passé, l'arbuste, le voyage dans le monde gris-bleu au nuages violets et comment elle l'avait vu sortir de la cabane sans qu'il la remarque.

"Tu as voyagé dans un endroit qu'on appelle le Plan éthéré, lui expliqua-t-il, il s'agit d'une copie de notre monde, tout y est identique, sauf que personne ne peut t'y voir. Seul les habitants du Plan éthéré peuvent se voir entre eux, il s'agit principalement d'âmes qui sont en transition vers le royaume qui les accueillera pour le restant de leur mort. Seuls les mages et les druides les plus puissants sont capables de réaliser ce voyage, souvent cela leur permet de voyager discrètement ou de réaliser des missions d'espionnage. Mais, toi... où as-tu appris à faire cela par toi-même ? Tu es décidement surprenante."

Ses yeux brillaient en même temps qu'il parlait et Ella l'écoutait attentivement. Elle ignorait qu'un tel monde existait et sa curiosité était tintée autant d'espoir que d'excitation. Elle l'avait fait, elle avait réussi à quitter ce monde pour en rejoindre un nouveau. Elle ne connaissait personne qui l'avait déjà fait ! Et pourtant c'était possible, ca voulait dire que c'était possible, qu'elle trouverait une solution pour sauver Eraquine ! Plus elle y pensait, plus sa poitrine vibrait et devenait chaude, presque brûlante.

"Ella, reprit le vieux forestier, tu es capable de grande choses, je ne pensais jamais que tu arriverais à réaliser une telle prouesse. Qui sait, peut-être que tu arriveras à sauver ton amie finalement, envers et contre toute probabilité... mais, je voudrais te demander quelque chose, s'il-te-plait fais ce que je te dis. Nous mourons tous un jour, pour certain il est trop tôt et pour d'autre l'heure est la bonne. Lorsque moi je mourrai, je ne veux pas que tu viennes me chercher. Je veux une mort paisible, mon âme ira à la Féerie et c'est là que je resterai. Ne viens pas me chercher, même si tu le peux."

Le cœur d'Ella était sûrement encore trop jeune pour comprendre le sens de ces paroles, la volonté d'un vieil elfe qui sent sa fin approcher, qui a vécu sa vie jusqu'au bout, de retourner à la terre. Ce sentiment d'achevé entrait en conflit avec l'esprit de la jeune elfe. Pourtant, bien plus tard, lorsqu'elle recroiserait son vieil ami dans la Féerie, elle se rappellerait de ces paroles et respecterait son choix. Mais elle ne le savait pas encore, et à l'instant présent son esprit se rebellait à cette pensée.

Cette nuit là elle pleura beaucoup, mais lorsqu'au matin elle se réveilla, reposée, son esprit se recentra entièrement sur le buisson.

Le Plan Éthéré

Elle répéta l'opération de nombreuses fois, se rendant dans le Plan éthéré des dizaines, des centaines de fois. Le soir elle se couchait exténuée, mais peu importait. Chaque fois elle en apprenait un peu plus. Déjà, elle constata qu'était loin d'être seule dans cet endroit, il était peuplé de myriades de petits animaux. Pour peu qu'on sache les voir, malgré le fait que chaque chose devenait floue dès qu'on la fixait, on en apercevait des myriades. Un jour, Ella vit un lapin sortir de la cabane du vieux forestier. Elle réalisa justement que ce dernier venait d'en tuer et que c'était celui-ci qu'elle voyait. Après sa mort, le petit lapin avait rejoint ce plan. Elle avait appris que son âme resterait une dizaine de jours ici avant de disparaître ailleurs.

Une autre fois elle croisa un autre elfe, il marchait sans but dans la forêt éthérée. Elle s'approcha de lui et lui parla. C'était un elfe sylvestre qui portait une armure et une épée à sa ceinture. Il était mort quelques jours plus tôt à Mitriath, la cité était agitée en ce moment et il avait perdu la vie dans une querelle entre deux cercles druidiques. Il appartenait au Cercle de l'aurore et des renégats qui vénéraient secrètement Lolth avait réussi à monter une petite milice qui avait piégé son escouade. Son regard était absent lorsqu'il racontait, comme si cela ne lui importait plus vraiment. Il continua sa route sans rien dire et elle put voir dans son dos une tache de sang qui avait maculé son armure de cuir. Lui aussi ne resterait qu'une dizaine de jours ici, mais son âme finirait par s'évaporer on ne sait où et elle devait trouver une réponse à ce mystère si elle voulait un jour retrouver la trace de son amie.

Dans le Plan éthéré, elle passait aussi beaucoup de temps avec le buisson. La musique que produisait sa sève ici était une peu différente que dans le Plan matériel, elle apprenait à l'écouter et à lui faire écho. Un phénomène intéressant se produisait lorsqu'elle lui faisait écho, la musique de l'arbuste s'emplifiait et elle arrivait à entendre la faible musique qui émanait des racistes de l'arbuste. En les écoutant, elle se rendit compte que celles-ci s'enfonçaient profondément dans la terre, bien plus profondément que ce qui aurait été normal pour un buisson de cette taille. Plus elle reproduisait la musique, plus elle pouvait les sentir, et plus elle se rendait compte à quelle point le réseau de racines était étendu. Ce réseau s'étendait vers le Sud. Ella remonta sa trace sur plusieurs lieux mais, voyant qu'il semblait ne jamais se finir elle était retournée à la cabane de peur de trop s'en éloigner et de se perdre dans le monde éthéré.

Un matin, vers la fin de l'été, le vieux forestier mourut. Un vent chaud caressait doucement les feuillages lorsqu'elle le retrouva allongé près d'un arbre. Ella l'enterra là et chanta pour lui jusqu'au matin suivant. Le lendemain elle remplit un sac-à-dos de provisions et attacha à sa ceinture le couteau magique que le vieux forestier gardait toujours avec lui. Elle chanta une dernière complainte pour son ami et se téléporta dans le Plan éthéré. Les nuages violets au-dessus d'elles dansaient et s'amassaient comme si un orage se préparait à gronder, mais elle ne leur prêta pas attention et suivit la musique des racines jusqu'à ce qu'elles la mène, après plusieurs jours de marches, aux rives du Lac Linaewen. Les racines continuaient plus loin mais elle ne pouvait pas les suivre.

Thond'Talaf

Ella entra dans l'eau, s'attendant à sentir son contact froid contre sa peau, mais il n'en fut rien. Elle entra comme on traverse le vent, sans resistance ni mouvement. Quand elle perdit pied elle constata qu'elle n'avait pas besoin de respirer en ce monde et qu'elle pouvait marcher au fond du lac sans nager. En regardant en l'air elle s'aperçut que les nuages violets n'avaient pas perdu de leur éclat, même vus de sous les flots. Au contraire, l'eau leur donnait de nouvelles teintes vertes, jaunes ou bordeaux. La musique des racines était audible sans effort dans le lac et Ella la suivait instinctivement.

Elle se surprit plusieurs fois à observer la faune du lac, aussi monstrueuse que merveilleuse. Bien entendu, les créatures ne pouvaient la voir et Ella s'adonna avec plaisir à leur contemplation. Bien qu'Ella était en quête de retrouver son amie, rien ne pouvait étouffer sa curiosité des mystères du monde. Ce qu'elle voyait ici, aucun mortel encore vivant à part les habitants du lac eux-mêmes, n'avait pu le voir. Elle observait des centaines de milliers de poissons en bancs qui produisaient des formations parfaitement harmonieuses alors qu'ils tentaient d'échapper aux crocs d'immenses mammifères qui ressemblaient furieusement à des Mamébukiths, ces monstres qui hantent la Mer d'Argent et qui peuvent engloutir un navire d'une seule bouchée. Les anémones au fond du lac étaient aussi grandes que des maisons, des crevettes et des poissons aux écailles brillantes, aussi grands qu'elle vivaient dans ces forêts sous-marines. Au troisième jour de sa marche sous les eaux, le ciel s'obscurcit entièrement et elle vit la forme d'un Krakèn se dessinner au dessus d'elle. La colossale créature était plus grande que tout ce qu'elle avait jamais vu, mais en un battement de tentacules, coutinuant sa route, le kraken disparut et la voute aquatique reprit ses teintes multicolores.

Les racines la menèrent à une île nommée Thond'Talaf, un lieu sacré pour les elfes qui vénèrent l'Equilibre. Au milieu de celle-ci se trouvaient les ruines d'un temple en pierres de marbre blanc dans lesquelles des arbres déjà centenaires avait établli leur empire. Ella contempla les murs effondrés, ce lieu était un des plus importants de l'histoire de son peuple. Elle n'était même pas sûre d'avoir le droit d'être là, son père l'aurait certainement tuée... mais son père lui avait tourné le dos et son amie attendait d'être sauvée. Il n'y avait pas de question à se poser, quoi que... Au dessus d'elle la Lune Amarandil l'observait et l'enveloppait de ses rayons argentés. Elle trouva dans les ruines deux portes, l'une révélait une forêt luxuriante qui brillait de mille éclats, tandis que l'autre ouvrait sur un désert sombre et vide.

Les racines s'engouffraient dans la deuxième.

Les Royaumes Figés

Il est important de rappeler à ce stade de l'histoire que notre héroïne n'avait alors pas encore un siècle révolu et, eut égard au mode de vie des elfes, Ella venait à peine de quitter l'adolescence. Mais peut-être que ces quinze années passées auprès des humains l'avaient faite mûrir plus vite que la moyenne. Ella avait été épatée de voir à quel point ses amis apprenaient vite et à quel point ils semblaient toujours pressés de progresser. Mais quoi de plus normal lorsqu'on sait qu'on est condamné à vivre moins d'un siècle ! Bien souvent, lorsque les humains voient une occasion exceptionnelle se profiler ils ont tendance à penser que jamais une telle situation ne se reproduira de leur vivant, et ils ont souvent raison. Quant aux elfes ils préféreront la prudence et l'observation attentive avant de se lancer tête première dans une folle aventure, c'est d'ailleurs ce qui en fait des êtres parmi les plus sages d'Abrasia. Toujours est-il qu'Ella conserva toute sa vie cette énergie éfreinée d'apprendre et de progresser, bien plus propre aux humains qu'aux elfes.

C'est donc portée par cette curiosité vivace qu'elle entra sans une once d'hésitation dans la seconde porte

Un désert de terre sèche se profilait devant elle, aucune odeur, aucun son, aucune dune, pas de vente. Le paysage était une désolation qu'aucune peinture dans le manoir de ses parents n'aurait pu reproduire. Ella Œilétoile fit un pas et la terre craqua sous sa botte, révélant de nombreuses fissures arides. Seule les racines de l'arbre qu'elle suivait brisaient la monotonicité de ce spectacle figé. Elle voyait de nouveaux les couleurs, mais seulement le gris de ce nouveau monde et le blanc de la racine qui serpentait jusqu'à l'horizon, apportant des courbes qui juraient parfaitement avec le reste. Dans le ciel, une couche de nuages mornes recouvraient le ciel. Ou était le ciel qui à l'instar du reste du monde était naturellement gris ?

Ella repensa à Eraquine qu'elle était venue secourir jusqu'ici, et reprenant courage marcha jusqu'au bout des racines. Elle arriva là où celles-ci convergeaient. Après des mois et des mois de recherche, elle avait finalement trouvé son but. Les racines se finissait autour d'un cristal qu'elles seraient comme si elles voulaient l'éclater. Ella s'approcha. La musique s'entendait parfaitement maintenant tout autour d'elle. Le cristal, d'un bleu turquoise faisait apparaitre des reflets du visage de son amie. Son âme était donc coincée dans ce cristal et c'est lui qui empêchait son retour dans le monde des vivants. Ella appendrait plus tard lors de ses études que les fouinards, tels que ceux qui les avaient surpris dans la mine des nains ont une telle emprise sur l'âme de leur victime que bien souvent celles-ci se retrouvent prisonnières à jamais des Royaumes Figés. Ella saisi le cristal des deux mains et appela son amie. Son chant était doux et chaleureux, elle appelait son nom et contait les souvenirs de leur vie d'aventures. Au huitième couplet, le cristal se fissera et fondit en poussière. Les racines se gonflèrent alors comme si quelque chose circulait en elles vers le buisson qui était à des lieux et des lieux, puis elles se flétrirent.

Ella sourit et sécha une larme sur sa joue, puis une autre, l'eau qui avait coulée jusqu'à ses lèvres avait un goût salé délicieux. Le goût de la vie, celle de son amie revenue et celle de sa vie qui reprenait son sens. La tête haute, Ella se dirigea vers la porte d'où elle était venue pour retrouver son amie.

Cosmos et Néant cover

Une nouvelle vie

Quand elle arriva à la cabane du vieux forestier, Ella vit son amie Eraquine qui l'attendait assise sur un petit banc en bois, ses cheveux roux éblouissants. Dès qu'elle la vit elle se mis à courir et se jeta dans ses bras.

Alors c'était toi, dit Eraquine en pleurant, bien sûr que c'était toi ! Qui d'autre serait venue me libérer des bras de la mort pour me ramener en Abrasia ? Seule toi en aurait été capable, je le sentais en moi. Au plus profond de moi. Quand je suis revenue à la vie je t'ai attendue dans cette cabane. Oh, Ella, je suis si heureuse que ç'ait été toi !

Ella ne savait pas répondre. Elle aussi pleurait à chaud bouillon et les sanglots de joies des deux amies couvraient toute tentative de s'exprimer clairement. Leur étreinte dura si longtemps que la nuit était déjà tombée quand finalement elles desserrent leurs bras. Eraquine n'avait pas changé, toujours aussi joyeuse et trépidante, toujours sa chevelure rousse qui n'en finissait pas de faire tomber des boucles épaisses sur ses épaules et cette voix qu'Ella adorait tant.

Elles passèrent tout l'hiver dans la cabane du vieux forestier simplement à se regarder et à parler. Ella lui racontait tout ce qu'elle avait appris du vieux forestier et comment elle avait réussi à entendre et à reproduire la musique qui faisait voyager entre les mondes. Mais aussi son désespoir d'être seule, son envie de mourir qui l'avait habitée pendant si longtemps jusqu'à ce que l'espoir de la retrouver lui reviennent. Eraquine écoutait attentivement chacune de ses paroles et adorait entendre les nouvelles chansons qu'Ella inventait tout les soirs. Très rapidement elles devinrent bien plus qu'amies et vécurent probablement les plus beaux moments de leur vie dans la cabane du vieux forestier.

 
Show spoiler
  • Retourne arpenter les plans avec Eraquine ou elle devient notamment pirate dans un zeppelin du Plan de l'Air
  • Découvre la destinée d'Abrasia et de la lignée Nanchior avec l'aide d'Ithilvion
  • Rentre à la cour et dit aux Nanchior de quitter Abrasia en leur indiquant un refuge dans les Royaumes supérieurs
  • Continue d'étudier en Abrasia et tente de freiner le Déclin
  • Sauve l'âme d'Ilmater
  • Devient l'esprit de la montagne de Krijia
  • Envoie sauver Yoshua
  • 518 - Fait revenir les Nanchiors, bénis par Ilmater en Yoshua. Ouverture des plans, guerre générale : Nanchior (Seraphims) vs Empire (Dragons) vs Orcs (Démons) vs Loyalistes vs petites gens vs Abîme Sombre (Royaumes figés) vs Elfes (Fées)
 
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Localisation Actuelle
Espèce
Ethnie
Year of Birth
388 aD 899 Years old
Lieu de Naissance
Children

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