Anguille sous roche au cercle des mages
L’assistant de l'archiviste s’approcha d’Abner qui était à bout.
Enfin ! Tonna t-il. Cela fait une éternité que je poireaute dans les couloirs comme un spectre du marais.
Mille excuses, dit placidement l’assistant. Le cercle est très occupé en ce moment et...
Occupé ? A quoi !? S’entrainer à réussir un sort de flammèche dans la main ?
Gardez votre sarcasme Dévénarym, le maurigéna l’assistant. Veuillez entrer.
Abner enleva son chapeau et passa la lourde porte qui menait à la salle mystique que le palais tenait à disposition du cercle des mages. Cela faisait une éternité qu'il n'était pas revenu dans cette salle. L'immensité de la salle faisait toujours son effet et Abner descendit les marches sous le regard des statues des mages célèbres d'antan... quand la magie était encore puissante dans Abrasia.
Arrivé devant la grande table du cercle, Abner se posta en attendant que les membres du cercle lui prêtent attention. Sur les bancs tout autour, un groupe de mages discutaient à voix basse, une druidesse semblait en désaccord avec un chaman ou un sorcier (Abner n'aurait su dire), un enchanteur dispensait un cours à de jeunes étudiants,...
Tout se petit monde était affairé et personne ne prêtait attention à Abner. Les membres du cercle était en conversation. Il y avait Cardonia (une illusionniste sans talent mais raisonnable), Prenior Saz (un sorcier pompeux et arrogant), le vieux Sigdetrarg (un mage de la lumière passable mais aveugle comme un plat à tarte). Il y avait également une jeune femme au visage sévère, peut-être une abjuratrice, mais pas de trace de cet idiot de Dartwebl Dardénian (surement mort et remplacé par cette jeunette). Et enfin, au centre de l'attention, Zarnaek Tomberose (arriviste prétentieux, imposteur avide de pouvoir, usurpateur borné et éventuellement enchanteur).
L'assistant archiviste alla s'installer sur son pupitre prêt à retranscrire l'entretien pour les archives. Abner respira profondément pour maîtriser sa colère et se racla bruyamment la gorge.
Les membres du cercle arrêtèrent leur discussion et se tournèrent vers Abner. Zarnaëk prit son petit rictus.
Abner Dévénarym ! Cela fait bien longtemps mon ami, dit-il tout sourire. Comment se passe vos recherches dans les steppes ? Il parait que l'hiver y a été rude.
Abner se maîtrisa, il ne tomberait pas dans le panneau cette fois.
Oui il y a fait frisquet, mais je vous remercie de m'avoir posté dans un endroit si reculé d'Erionth pour avoir tout le calme nécessaire à la pratique de la vrai magie.
Zarnaëk ne releva la pique sous-jacente. Il croisa les mains sur la table et s'adossa confortablement sur sa chaise en toisant Abner
Que pouvons nous faire pour vous mon cher Abner ?
A dire vrai, si je viens ici c'est pour vous dire ce que moi je peux faire pour le cercle, annonça Abner. Je ne sert à rien dans les steppes et avec tout le "respect" que je doit au cercle, je pourrais être beaucoup plus utile à des investigations sur l’événement avec Ilmater et...
Nous y revoilà..., souffla Prenior.
Abner, vous vous répétez, lui avertit Sigdetrarg.
L'épisode des théocides est clos, dit froidement la jeune mage. Inutile de revenir là dessus.
Nous n'avons pas été présenté je crois, lui répliqua immédiatement Abner.
Ordacrix Méres, répondit-elle implacable, choisie par le cercle avec un sort de bannissement.
Une abjuratrice donc..., pensa Abner.
Pourquoi donc cette obsession pour ce triste passage de l'histoire Abner ? soupira Zarnaëk.
Il me semble tout à fait étonnant que personne ne cherche à savoir comment les théocides ont acquis un tel pouvoir. Encore plus étonnant qu'aucun d'entre vous, très éminents membres du cercle, ne mandate une commission pour savoir ce que sont devenus ces derniers archimages du pays.
Abner marqua un temps de pause et observa que toute la salle était attentive à son plaidoyer. Il décida d'enfoncer le clou.
D'aucuns, poursuivit-il, pourraient penser que ces même théocides ont reçu une aide tirée de nos archives... Comme nous n'avons rien fait pour les empêcher de commettre un tel acte, des esprits suspicieux pourraient penser que nous avions prémédité cela...
Des murmures s'élevèrent dans les gradins. Dévénarym avait eu l'effet escompté.
Prenez garde Dévénarym, siffla Zarnaëk. Nous nous sommes montrés plus que patient avec vous. Sachez rester à votre place.
Ma place aurait pu être la votre...
Cardonia prit la parole avant que Zarnaëk, rouge de colère, n'ai le temps de s'emporter.
Ne revenez pas sur votre intronisation, Abner, dit-elle calmement. Votre sort était certes très convainquant, mais son application était trop emportée, trop spontanée. Zarnaëk à gagné sa place par sa maîtrise et sa contenance.
Abner crispait ses mains sur son bâton. Il savait que son sort était bien supérieur à celui de Zarnaëk. Cela faisait plus de quarante ans qu'il ressassait cela, mais il devait garder son sang froid.
C'est une chimère que vous poursuivez Abner, dit Ordacrix. Vous semblez vouloir vous soustraire aux règles, c'est illogique.
Arrêtez avec votre foutue logique ! explosa Abner. A suivre votre logique nous ne seront bientôt que des vieillards séniles juste bons à distraire avec des tours de passe-passe sur les places de marchés !
Et voila ! Il avait encore craqué...Tant pis pour la diplomatie. Abner pris une autre profonde inspiration.
Membres du cercle, confrères et consœurs, reprit-il calmement. J'ai obtenu une information venant des archives de Clairécume m'indiquant que les théocides ont certainement séjournés dans la ville et un repaire quelque part dans la lisière de la forêt. J'ai déjà tout préparé, je ne requiert qu'une autorisation officielle afin de pouvoir traverser les frontières elfes avec votre aval. Je pourrais vous apporter d'ici peu de précieuses informations et peut-être pourrions nous éclaircir ce qu'il s'est réellement passé il y a 241 ans.
Les membres échangèrent un regard (sauf Sigdetrarg bien sûr). Zarnaëk repoussa son siège et se leva. Il prit une voix claire et forte pour être entendue par toute la salle.
Abner Dévénarym, le cercle refuse votre demande et s'oppose à votre démarche d'investigation dans la forêt de Nadarah. Nous vous souhaitons un retour sans encombres jusqu'au steppes gelées. Bonne journée Abner.
Durant un cours instant trés fugace, Abner hésita à invoquer un chien qui irait dévorer les parties sensibles de ce planqué de Rosetombe qui ne devait sa place qu'a son nom. Abner remit son chapeau et effectua un léger signe de tête au membres du cercle en signe d'adieu. Il fit demi-tour en ne se concentrant que sur le fait que cette fois-ci, il ne leur obéirait pas. Aprés tout, Abner était largement aussi puissant qu'eux et il n'avait pas d'ordres à recevoir d'eux.
Alors qu'il sortait de la grande salle à grandes enjambées, l'assistant le rattrapa dans le couloir.
Dévénarym ! l'appela t-il en arrivant à lui. J'ai à vous parler.
Je ne suis pas sur d’être dans le meilleur état d'esprit pour une conversation Thyvell, le prévint-il.
Ce ne sera pas long. Vous vous dirigez vers la forêt malgré le refus du cercle, n'est-ce pas ?
Je... pourquoi cette question ?
N'ayez crainte. Qu'attendez-vous réellement de ce que vous trouverez là-bas.
Abner fixait Thyvell perplexe. Et puis après tout, à quoi bon mentir ?
Le lien entre nous et les dieux à été rompus à cause de mages qui n'ont pas respectés le pouvoir qu'ils avaient. Les Néruviens ont perdus la confiance qu'ils nous accordaient par le passé car ces théocides ont favoriser le pouvoir au service. Nous n'avons presque plus de magie, et savoir ce qui est arrivé au théocides pourrait être un moyen de savoir comment ils se sont accaparés une source de magie suffisante pour tuer un dieu. Il me semble que toutes ces interrogations devrait être la priorité du cercle depuis bien longtemps.
L'assistantThyvell resta un moment à regarder Abner, le fixant d'un regard intense. Il vérifia que personne n'était dans le couloir puis, sur sa droite, il ouvrit un petit portail dimensionnel et y prit quelque chose de sa main droite. Un parchemin. Thyvell referma le portail et tendit le parchemin à Abner qui le prit, désappointé.
Bien ! lui dit l'assistant archiviste. Je vous laisse j'ai encore beaucoup de travail et je doit rendre mon compte rendu de la journée à l'archiviste. Bon retour à vous dans les steppes Abner. J'espère que vous ferez un bon voyage.
Thyvell fit demi-tour et s'en retourna dans la salle du cercle.
Abner resta là, pantois, seul au milieu du couloir. Il déroula délicatement le parchemin et y jeta un oeil. Une fois qu'il comprit ce qu'il regardait, il referma le rouleau et le mit précautionneusement dans sa besace.
Dévénarym se mit en direction de la sortie de la ville avec un étrange sourire sur le visage.
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