Alors que l’homme soulève son épée, il ne ressentait ni haine, ni rage dans son cœur, simplement le sentiment d’un devoir. Celui de châtier le mécréant qui avait commis nombre de larcins, l’homme loup qui avait contre la communauté se devait de tomber pour le bien de la communauté.
Les évènements s’enchainent à une vitesse fulgurante, me laissant à peine le temps de souffler. Je passe mes journées à combattre tentant d’emporter le plus d’ennemies avec moi. Ma vision devient de plus en plus limpide. Ce siège que nous vivons, il est déjà perdu et il n’est plus de notre pouvoir de l’en empêcher. Pourtant, je suis de plus en plus calme à cette idée. Mourir sur les murs ne me fait pas peur. Ne pas avoir le temps de me prouver digne de ce que je suis non plus. Ce sont des pensées simnplistes d’un garçon qui s’efface peu à peu. Maintenant, ce que j’envisage, ce n’est plus que le combat, jour et nuit, jusqu’à ce que je m’effondre, incapable de faire autre chose. Je me sens déjà si fatigué, épuisé même, mais je sais que je dois ignorer cela. C’est probablement ça mon épreuve la plus importante.
Sans cela, les derniers évènements m’auront amené à réfléchir à nouveau sur l’ordre du monde, à comprendre de nouvelles manières mes enseignements passés. Ce qu’on m’a enseigné à ce sujet me semblait parfois contradictoire et ne pas s’emboiter les uns dans les autres me donnant un flou dans laquelle je ne savais pas ou me diriger. Un flou duquel je ne savais sur quel pied je devais danser. Que dois-je penser des hommes bêtes et des hommes élémentaires ? Me dois-je de leur vouer une haine sans fin, libre de réflexion et de nuance ? Une manière de penser que mon vieux m’aura fait adopter et qui aura été confortée par mes expériences avec les hommes bêtes à la Cathédrale de Saint-Roikim. Des propos renforcés par les enseignements de maître Rodomir, sans aucun doute, mais qui me semble moins aujourd’hui approprié, moins à propos. Lorsqu’on se met à les côtoyer, à les observer, certes les hommes animaux ou élémentaires semblent issus de cultures et traditions qui sont parfois complètement opposées à celle des hommes, toujours plus primitives et barbares que les nôtres, je serais même prêt à dire, impie à nombre de points de vue. Pourtant, je ressens une présence différente, un ressenti, à force de combattre avec eux, quelque chose comme une pensée subtile, nuancée, presque humaine qui semble émaner d’eux, chose me semblait incongrue et presque impossible. On m'avait dit, et je sais, que les hommes bêtes sont des bêtes sans culture, stupide qui ne sait reconnaître et parler par quelconque artifice incompréhensible. Ils ont toutefois parfois des réflexions et des désirs parfois semblables, à leurs manières, aux miennes ou à celles de mes compères les plus nobles, à mon plus grand étonnement. Sans pouvoir dire qu'ils ont une culture riche, celle-ci est présente. Ils sont aussi dotés de la capacité de réfléchir en dehors des considérations les plus simples, de faire des choix éthiques et même d'éprouver des remords. Peut-être ce je suis entouré d'être d'exception, mais ce n'est pas le sentiment que j'ai. Booftrax, Salazar et Timor sont capables, eux aussi, d’user de la raison, chose que je ne leur croyais pas possible et qui m'aurait sembler impossible ils n'y a que quelques semaines à peine.
Certains diraient que cela ne fait que rendre les choses plus dangereuses, mais je ne suis pas d’accord, bien au contraire. Les dieux ont posé leurs essences sur le monde afin que nous en prenions le contrôle, ce que nous ferons, indubitablement. Nous avons du coup commis des actes extrêmes afin de pacifier le monde et nous permettre d’accomplir justement cette destinée. Avec un succès mitigé à ce que j’en vois, résultat de la perte de notre sens divin, qui demeure encore inexplicable. Malgré tout, je commence à croire qu’une cohabitation entre les différentes races n’est probablement pas impossible. Nous devons nous détacher de la haine envers ceux qui se sont soumis ou qui ont décidé de collaborer à notre vision du monde, ne serait-ce qu’inconsciemment. Cette haine ne mêle nulle part, elle ne sert pas notre cause. Elle nous fait perdre de vue ce qui compte réellement. Bien que le modèle du Marforel ne soit pas parfait, loin de là, il est selon moi trop indulgent et semble oublier la notion de supériorité des races divines, la plus grande présence des hommes animaux les aura guidés vers une certaine tolérance nécessaire, à mon avis, envers ces créatures. Malgré les bons préceptes des Royaumes exaltés du Roïkar, le manque de présence des différentes races nous renferme dans nos pensées et favorise chez plusieurs une haine sans nuance qui se devrait d’être redirigée vers ceux qui nous oppose résistance.
Les hommes bêtes et les hommes élémentaires qui ont accepté la supériorité des races divines se doivent d’être accepté, toléré. Leur culture ne nécessite pas d’être brisé, humilié ou détruite nécessairement dans son ensemble. Leurs croyances se rattache à un mode de vie différent qui se doit d’être toléré afin de rendre compte d'une richesse et d'une complexité du monde que les dieux connaissent mais dont nous ne somme pas capable de saisir toute la subtilité. Ma lame ainsi que l’attention de mes frères et sœurs doivent se diriger vers celles et ceux qui résistent à la prise de pouvoir des hommes, ceux qui la contestent, qui la combattent. Pire encore, me lame doit aussi se consacrer à ceux qui ont perdu sa voie, qui ont accepté de se départir de notre sacrosaint objectif et qui sert maintenant l'ennemie. L’empire des hommes de pierres s’en prend maintenant à nous et il est maintenant de notre devoir de l’en empêcher! Beaucoup de gens sont morts dans cette entreprise essentielle et beaucoup y passeront encore, mais il est impossible d’arrêter maintenant. Tous ceux et celles qui se sont soumis à l’ennemie, qui a abandonné nos pratiques et nos croyances doivent être jugées comme hérétiques et il est de notre devoir de les convertir ou les éliminer. Pour l’heure, ils se présentent à nous l’arme au poing, ne nous laissant donc que peu de marge de manœuvre à d’autres options que de les éliminer et de les empêcher de prendre ces terres saintes que nous défendons.
Je me dois de venger tous mes frères et sœurs qui tombent dans une danse macabre, menés par des êtres inférieurs et diriger par la main de gens qui ont renié leurs origines et leurs voies. C’est ce que je vais faire, tant qu’il me reste encore du souffle, alors que la mort m’embrassera peut-être demain. Tyr, prête-moi la force de continuer ce combat en ton nom, pour la gloire des dieux, pour la gloire des hommes!