Ville au pied du Massif armoricain, sur la rive ouest de la Loire.
Protohistoire
L'occupation se stabilise vers le IIIe mill. av. J.-C., autour de la métallurgie et de l'exploitation de la cassitérite, puis du fer. Vers -2000, un sang neuf est apporté par des Ibériques. L'activité métallurgique poursuit son effort avec plusieurs ateliers s'épanouissant entre -800 et -600. Les Namnètes sont alors voisins des Riedones et un alignement de pierres monumentales est utilisé pour marquer la frontière.
Condevincum la Romaine, de -56 à 200
Les Namnètes sont vaincus par César en -56. Condevincum devient le chef-lieu de leur cité. Comparé à la cité des Pictons, Ratiatum, sur l'autre rive, elle est d'abord plutôt petite, mais après 100 elle s'affirme jusuq'à dépasser sa rivale.
Portus Namnetum, de 200 à 476
La cité, comme l'ensemble de la région, connaît des troubles. Elle se dote alors de remparts, reçoit une garnison de bretons fédérés en 280, et se christianise. Les frères Donatien et Rogatien sont martyrisés en 304 et les premiers évêques s'établissent sous Constantin, vers 310-330.
Nametis la Mérovingienne, de 476 à 850
Nametis est conquise par les Francs. Elle sert ensuite de base défensive des Francs vis-à-vis des bretons armoricains. Lorsque Charlemagne dessine la Marche de Bretache qu'il confie à Roland, il fait de Nametis sa capitale. Après 814, la pression bretonne s'accentue, puis les incursions vikings ajoutent au chaos ambiant. Nametis est pillée par les vikings le 24 juin 843, qui voit la mort de l'évêque Gohard et la cathédrale incendiée.
Naffned la Bretonne de 850 à 909
Le breton Nominoë conquiert Naffned en 850, et l'année suivante intègre la Marche à la Bretagne par le traité d'Angers. Naffned en reste la capitale. Les années suivantes sont émaillées de péripéties à base de seigneurs bretons kaamelottesques.
Naffned la Robertienne, de 909 à 919
Le roi Alan Iañ de Bretagne meurt en 907. Naffned et la Marche passent alors à Tetbald l'Ancien, un fidèle des Robertiens, chargé de protéger la région des Normands et des Bretons. Il confie alors le comté de Naffned à Fulco le Roux d'Anjou, à qui il cède progressivement l'ensemble des droits sur la cité. Ils connaissent des succès et des échecs, des hauts et des bas.
Naffned la Viking, de 919 à 937
Oui, les Vikings prennent la ville et l'administrent pendant plusieurs années. Les Francs tentent de la reprendre en 921 et 927, ce qui est rapporté par Flodoard.
Naffned des ducs-rois de Bretagne, de 937 à 1156
Le roi Alan al louarne de Bretagne (qui selon les Francs n'est que Brittonicum dux... mais qui les croit sur place ?) reprend finalement la ville aux Vikings. Dans les siècles suivants, les ducs-rois de Bretagne se crêpent régulièrement avec les comtes de Naffned, et le comté passe parfois dans les mains d'Anjou.
Naffned d'Anjou, de 1156 à 1341
Le comte du moment, Hoël, est chassé par sa population, qui appelle Godofredo FitzEmpress Plantagenet. Henri II et Aliénor sont ravis de soutenir cette requête. Naffned prend son essor sous Pêr Brizhkloareg (Pierre Mauclerc, 1213-1221) lorsqu'elle devient la résidence principale du duc.
Naoned dans la deuxième guerre de succession de Bretagne, de 1341 à 1364
Naoned de nouveau bretonne, de 1364 à 1488
Les Montfort obtiennent le duché et poursuivent l'élévation de Nantes comme cité ducale, mais pas comme ville capitalle, titre qui revient à Renne où se déroule le couronnement. Les ducs résident alors souvent à la Tour Neuve. A partir de 1400, le port se développe progressivement et entraîne l'essor du commerce de la ville. A la fin du siècle, Naoned devient un enjeu de la guerre entre les rois de France et le dug Frañsez Breizh.
Naoned toujours bretonne, mais française, de 1488 à 1532
Nantes est conquise militairement en 1488. Après la paix en 1491, elle est sous le statut breton, soumise à une reine qui a épousé le roi de France.
Naoned unie perpétuelle et indissoluble, de 1532 à 1562
La réunion, proclamée à Naoned, permet aux Bretons de garder leurs privilèges, au prix d'une petite réorganisation administrative. La rivale Rennes récupère le Parlement en 1560, mais Naoned conserve la chambre des comptes. Le port continue sa croissance et la prospérité entraîne une envolée démographique. La ville fait le commerce de vin (exporté), de sel et de morue (importés).
Naoned dans les guerres de Religion, de 1562 à 1598
Naoned est ligueuse et anti-protestante. Elle apporte son soutien au gouverneur de Bretagne, Philippe-Emmanuel de Mercoeur, et est l'une des dernières villes à reconnaître l'autorité d'Henri IV. Il doit se faire physiquement présent en 1598 pour que la ville reste (relativement) calme pour la promulgation de ses édits.
De 1598 à 1685
Rien à déclarer... pour l'instant
Nantes de 1685 à 1789
Abolition des édits de Nantes, et Code noir de Louis XIV. Nantes se tourne vers le commerce de sucre et tabac, dans lequel elle prospère rapidement. En 1707, le premier négrier est affrété par les Montaudoüin. Ce commerce se déploie ensuite rapidement, faisant de Nantes le principal port négrier. Même si sa place de tout premier port français s'érode à partir des années 1730, le bilan de la période montre que la ville est resté au final le port de la traite, avec 42% des esclaves de la traite française. La ville croît et s'embellit.
Personnages à considérer : les
frères Espivent, négociants ; M. Trottier, négociant (mais de plus faible envergure) (cf. vidéo) ; Louis Drouin, négociant (cf. article) ; Jean Ogée, ingénieur géographe ; Ozanne, peintre et ingénieur de marine ;
Marie Lodre, négociante armatrice (dans la morue) ;
Jeanne Marie Frangelle, maîtresse tailleuse ;
la veuve Tramasseure, maîtresse tailleuse de la Fosse ;
Anne Verger, veuve Vatar (1), la plus importante imprimeur de Nantes.
Evénements et intrigues :
Nantes de 1789 à 1814
Pendant les Chouans, Nantes est le bastion républicain qui leur fait face en 1793. Elle résiste même à une attaque en règle le 29 juin. Elle est tout de même touchée par la Terreur par l'intermédiaire de Jean-Baptiste Carrier.
Nantes de 1814 à 1831
Les Nantais sont au courant que la traite des esclaves est désormais interdite. Ils le font quand même.
De 1831 à 1904
Nantes met sous le tapis toute cette histoire coloniale qui a ternis sa réputation et redirige ses efforts vers l'industrialisation. Elle se consacre notamment à l'alimentaire, avec des biscuiteries, des conserveries, le raffinage du sucre. Elle possède également des entreprises de textile et d'armement. Dans les années 1860, c'est là que se déploie le journal L'Union bretonne, bonapartiste et provincial, qui tire tout de même à 340 000 exemplaires et fait hurler le clergé. On y trouve aussi les quotidiens Le Phare de la Loire, républicain, et L'Espérance du peuple, monarchiste. Le pont transbordeur, inauguré en 1903, symbolise la modernité de Nantes en permettant aux navires de franchir la Madeleine pour atteindre les chantiers et la fonderie de ce quartier. Elle devient également en 1879 la première ville française à avoir un réseau de tramway à air comprimé.
De 1904 à 1940
1904 : la grande inondations de Nantes entraîne la fermeture d'usines emblématiques comme Lu ou les Tabacs. La ville continue cependant de se battre et électrifie son tramway en 1911 ; mais de cette même année 1911 à 1931, les crues sont presque annuelles. Des travaux de comblements des bras de la Bourse et de l'Hôpital sont alors entrepris dans les années 1930 pour maîtriser les crues et désenclaver les usines. Dans les mêmes années 1931-1933, suite au naufrage du Saint-Philibert, Charles Maurras et Aristide Briand se frittent sauvagement, les rumeurs prennent des dimensions démesurées au point que les pêcheurs se plaignent qu'elles aient un impact sur leur travail. Le tribunal décide alors de mettre toute l'affaire sous le tapis en fermant les archives pour cent ans. L'année suivante, alors que les classes populaires sont encore extrêmement exaspérées à la fois par le naufrage (les 500 passagers étaient issus des mouvements ouvriers), par son traitement dans la presse, par l'impossibilité désormais de savoir s'il y avait de la faute de quelqu'un et de faire dédommager les familles, Maurice Thorez lance à Nantes l'appel pour un large front populaire. Ca marche du tonnerre.
De 1940 à 1945
Nantes est occupée par l'armée allemande à partir du 19 juin 1940. L'année suivante, le 20 octobre 1941, un Résistant parisien vient supprimer le Feldkommandant Karl Hotz, déclenchant des représailles avec l'exécution de cinquante otages. Ca semble calmer les chaleurs dans l'immédiat. En 1943, deux bombardements Alliés détruisent une partie de la ville les 16 et 23 septembre et causent de nombreux victimes (1500 morts, 2500 blessés, 700 maisons détruites et 3000 inhabitables). Les Allemands quittent la ville le 12 août 1944 et les Américains entrent alors.
De 1945 à 1985.
La ville est reconstruite activement sous la direction de l'architecte Michel Roux-Spitz. La construction navale est le moteur choisi dans les années 1950, soutenus par l'Etat, et contribuent à la Reconstruction nationale. Le plein-emploi est atteint, et des grèves demandent alors en 1955 une augmentation des salaires dans la métallurgie et le bâtiment. En 1958, le pont transbordeur est démonté et le tramway est arrêté, remplacé par un réseau de bus. L'activité maritime prend deux décennies à retrouver ses niveaux d'avant-guerre, dans les années 1960, tandis que dans le même temps, les chantiers navals, trop distancés par leurs concurrents, entrent dans leur déclin. Depuis quelques temps un malaise se fait sentir, avec un rejet du passé et de la culture bretonne, qui fait de 1968 un exutoire et de Nantes un haut-lieu des soulèvements cette année-là.
De 1985 à ...
Le retour du tramway en 1985 coïncide avec une entrée définitive dans la mondialisation. La plupart des industries sont rachetées par des groupes internationaux. En 1987, c'est la fin de la construction navale à Nantes. En 1989, le TGV connecte la ville à Paris. En 1991, le pont de la Loire permet le franchissement du nord au sud et réciproquement sans rupture de charge pour voitures et camions. Au cours de la décennie 1990, c'est Nantes, parmi les métropoles française, qui connaît la plus forte croissance, et qui revendique la 3e place financière après Paris et Lyon, et le 5e port. Dans le même temps, le mouvement pro-breton s'installe avec l'Agence culturelle bretonne (créée par la mairie en 1994), et la conscience historique s'assume et s'étoffe avec l'exposition des Anneaux de la mémoire (1994-1996). Des festivals et des places mémorielles permettent de développer ce retour en une force de soft power.
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