La Guerre de l'Orée

La Guerre de l’Orée est indubitablement le conflit le plus long et le plus meurtrier depuis l’Eveil. Il implique le peuple Vèdre et celui des Cenns, dont les territoires partagent une longue frontière que l’on appelle l’Orée.
Les raisons invoquées sont aussi nombreuses que complexes, et la moitié d’entre elles sont sans doute des interprétations. En vérité, cette querelle est si profonde et ancienne qu’elle est tout simplement entrée dans les moeurs et le folklore des deux contrées. Comme un feu de braise, elle couve sans refroidir depuis des siècles, alternant entre des périodes de défiance et de mépris contenu, et de véritables explosions guerrières qui enflamment les terres frontalières.

Histoire

L’origine de la Guerre de l’Orée se perd dans l’histoire à tel point qu’il est difficile de déterminer si les détails que l’on raconte à ce sujet sont réellement avérés. Néanmoins il semblerait que tout ait commencé d’une querelle anodine, dont la proportion des conséquences a enflé de façon étrangement démesurée.
Il s’agirait d’une histoire de coeur, qui n’avait rien de banal puisqu’elle concernait une Vèdre et un Cenn : les célèbres Bëibi et Sarminon. Les couples mixtes furent toujours extrêmement mal perçus dans le Refuge, mais celui-ci enflamma les passions puisqu’il s’agissait d’un des premiers - cela eut lieu vraisemblablement une vingtaine d’années après l’Eveil. Le dégoût et l’animosité de leurs pairs, inspirés par l’instinct rémanent, poussa les deux amants à s’enfuir et se cacher. Cette escapade se déroula très mal et les circonstances du drame demeurent floues, d’autant que les Cenns et les Vèdres n’en ont pas la même version.
Selon les Vèdres, Bëibi était une jeune femme fragile, à peine plus qu’un caillou. Alors que son clan frôlait l’Orée, elle aurait été enlevée par un homme de la forêt dont l’intention était de la prendre pour épouse. Arrachée aux siens, elle disparut dans les bois brutalement et ceux-ci envoyèrent aussitôt une escouade pour la récupérer. Malheureusement il était trop tard, car les Cenns, courroucés par l’intrusion de l’étrangère dans leurs terres, avaient dévoré la malheureuse. Ses proches ne retrouvèrent que ses spires avant d’être chassés de la forêt. Sarminon quant à lui fut célébré pour avoir rapporté gibier si goûtu. On dit que lui et ses amis essayèrent par la suite d’enlever d’autres femmes vèdres, mais que cette fois les hommes d’Abalos, prévenus du caractère sournois de leurs voisins, surent réagir à temps et protéger leurs filles et leurs compagnes.
Les Cenns quant à eux prétendent que c’est Beïbi qui ensorcela Sarminon. Ce que le jeune Cenn naïf prit pour des cadeaux étaient en fait des charmes magiques qui empoisonnèrent son esprit de mélodies malsaines. Ils tentèrent en vain de soigner son âme, mais il s’échappa bientôt pour rejoindre les griffes de sa vile maîtresse. Tous les groupes guerriers qu’ils envoyèrent à l’Orée pour récupérer le jeune homme malade furent reçus par des flèches et des pierres. Certains jurèrent avoir vu le cadavre de Sarminon noué au sommet d’un totem vèdre, comme un trophée de chasse.
Bien sûr plus personne ne croit réellement en la véracité de ces légendes. Il fut prouvé que les Cenns ne pratiquent pas réellement le cannibalisme, et les charmes Vèdres n’ont jamais montré le moindre signe d’une réelle efficacité. Avec le temps, on finit par envisager qu’il y ait pu y avoir entre ces deux individus tout simplement de l’amour, et qu’ils furent sans doute tués d’une façon ou d’une autre en laissant l’Histoire interpréter la leur et faire d’eux les déclencheurs d’une haine raciale durable.
Car le mal était fait : Cenns et Vèdres se détestaient. D’autres raisons plus pertinentes vinrent étayer la guerre qui secoua leur frontière, notamment celle concernant les ressources précieuses pour les uns comme pour les autres présentes sur la bande de l’Orée. En effet, cette zone boisée moins dense que le coeur de Vertoile est l’une des seules où il est possible aux Cenns de descendre au niveau du sol - la forêt est partout ailleurs bien trop dangereuse, ce qui les confines aux cimes. Elle est riche en minéraux, ce dont ils manquent cruellement. Du point de vue Vèdre, c’est là que poussent les jompes dont ils font grand usage - le reste des plaines étaient très peu boisé. Aire bâtarde, chacun considère qu’elle fait partie intégrante de leur territoire et que les autres n’ont rien à y faire.
A l’heure actuelle, le conflit est plutôt calme. Des accords ont été trouvés pour céder à l’une ou l’autre contrée certains gisements et bosquets de l’Orée, mais cette paix est aussi illusoire que fragile. Les peuples concernés étant eux-même relativement instables en leur propre coeur, cela donne lieu à de longs et pénibles jeux politiques opposants les conciliants et les belliqueux. Les deux peuples se méprisent et il ne suffirait que d’une étincelle pour rallumer la flamme d’une longue tradition sanglante. Le tout nouveau remède contre le mal du ciel pourrait bien être celle-ci.

Type de conflit

War