Sciences Kiithid
Aussi loin que remonte notre mémoire collective, la connaissance et le savoir-faire ont toujours été la monnaie d'échange la plus précieuse entre nos Kiith.
Si les origines de la plupart de nos clans se perdent dans les brumes d'un lointain passé, chacun a, au fil des âges, cultivé une spécialité distinctive : que ce soit l'art de travailler notre sol aride, de recueillir la précieuse eau, de chasser pour survivre, de naviguer les déserts infinis, de gérer nos biens, de composer notre musique ou de maîtriser d'autres pratiques essentielles.
Ces compétences uniques devinrent rapidement notre principal moyen d'échange contre les ressources vitales.
Chaque Kiith conservait (et conservent encore aujoud'hui) ses savoirs les plus secrets au sein de "Crèches". Des lieux, souvent perçus comme sacrés, étaient voués à la culture et à la sauvegarde de l'identité et des connaissances propres à un Kiith.
Seuls les initiés y avaient accès pour apprendre, transmettre et archiver ce patrimoine.
Aujourd'hui encore, nombre de ces Crèches, rebaptisées "Crèches Technologiques", perdurent, transformées en institutions universitaires de renom, souvent d'accès très sélectif. Bien que les Crèches aient longtemps préservé jalousement leurs secrets, l'avènement du Temps de la Raison a mis en lumière la tension entre cette tradition séculaire et l'impératif de collaboration pour le bien commun.
La présence de ruines et d'artéfacts énigmatiques, traces d'un passé qui nous échappe, n'avait bien sûr pas manqué d'interpeller nos ancêtres. Il est plus que probable qu'ils aient pu glaner certaines connaissances de ces vestiges.
Néanmoins, nombre de ces découvertes demeuraient, en ces âges reculés, des énigmes impénétrables, fréquemment associées à Sajuuk et à divers cultes – les Rouleaux de Métal Stellaire en sont un exemple frappant.
L'essor technologique de Kiith Naabal durant les Guerres d'Hérésie demeure un jalon de notre histoire. Leurs archives restent encore aujourd'hui scellées, mais l'apparition soudaine de leurs inventions – la poudre à canon, les machines à vapeur – laisse fortement supposer qu'ils avaient su identifier et appliquer des principes issus d'artéfacts anciens, un savoir patiemment accumulé et dissimulé bien avant leur intervention décisive.
C'est d'ailleurs cet héritage, conjugué à l'avènement du Temps de la Raison, qui suscita un intérêt pour la recherche méthodique de ces artéfacts : l'archéo-technologie. Avant cette ère de rationalisme, ces objets relevaient principalement du sacré. Leur étude était parfois même proscrite, comme chez les Gaalsiens qui y voyaient une offense potentielle envers Sajuuk.
L'Ère de la Raison engendra un bouleversement technologique pour notre peuple. Une mutation profonde de la méthode scientifique, privilégiant l'observation rigoureuse et l'expérimentation aux dépens des dogmes d'antan. Des concepts autrefois inconcevables firent leur apparition, comme la théorie de l'Exo-genèse – postulant une origine extra-kharakienne pour notre espèce – la domestication de l'électricité, ou encore la mise au des "Réseaux de désassembleurs de phase".
Ces avancées découlèrent en grande partie de l'étude de sites de fouilles mis au jour à travers nos pôles et de l'analyse de la mystérieuse ceinture de débris orbitant notre monde. Malgré tout, Le Grand Désert de la Bande, avec ses périls climatiques et la présence hostile des Gaalsiens, demeure une vaste portion de notre planète encore largement inexplorée, recelant sans aucun doute nombre de secrets.
Aujourd'hui, les sciences kiithid s'articulent essentiellement autour de deux grands courants de pensée, ou domaines d'étude, qui, loin de s'opposer, peuvent se croiser et s'enrichir :
la Notologie et l'Obliviologie.
La Notologie regroupe la majorité des disciplines scientifiques tournées vers le savoir acquis et son application à notre présent, à notre survie immédiate et à la compréhension de notre civilisation.
Ce domaine inclut les sciences dites "dures", notre agriculture optimisée, mais aussi la psychologie, la médecine, l'économie, ou encore l'ingénierie de nos systèmes de survie.
La Notologie met l'accent sur ce que nous maîtrisons pour pérenniser notre existence. Certains de ses adeptes prônent la prudence face à l'inconnu, considérant les mystères du passé comme une diversion face aux urgences actuelles. Cette focalisation sur le concret peut la faire apparaître comme un pragmatisme respectueux des limites que Sajuuk nous aurait fixées ; pour d'autres, elle justifie au contraire une exploitation de nos ressources – l'extraction minière, par exemple – qui se désintéresse des significations plus profondes.
L'Obliviologie, à l'inverse, se voue aux énigmes de notre passé, à la quête de nos origines : Qui sommes-nous ? D'où venons-nous ? Quel destin a réellement frappé Kharak ? Ce champ d'investigation embrasse l'archéologie, l'analyse poussée des archéo-technologies, notre histoire comparée des Kiithid, et la géologie sur le temps long.
L'Obliviologie soulève nombre de questions troublantes. La théorie de l'Exo-genèse, qui suggère que notre patrimoine génétique serait en partie ou totalement étranger à Kharak, en est un exemple probant. La théorie du "Grand Océan" avance que Le Grand Désert de la Bande fut jadis recouvert d'eau.
D'autres hypothèses encore, s'appuyant sur la découverte de matériaux et de structures plusieurs fois millénaires, nous peignent comme les descendants d'une civilisation kharakide antérieure, extraordinairement avancée, qui se serait effondrée.
Pour chaque domaine scientifique qui nous est cher, il existe ainsi souvent son pendant notologue, axé sur les applications présentes, et son versant obliviologue, tourné vers l'élucidation de nos origines. En ingénierie des matériaux, par exemple, une démarche notologue cherchera à optimiser nos alliages actuels, tandis qu'une perspective obliviologue s'attachera à l'analyse d'un fragment d'archéo-technologie pour en déchiffrer les secrets de fabrication.
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