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Louis-Philippe de Ségur

Frôlant la cinquantaine, Louis-Philippe est un homme grand, massif, avec un nez fin et droit s'étendant loin en avant tel une péninsule.   Né en 1753, c'est un Parisien des salons issu d'une des plus grandes familles de France : son père fut ministre de la Guerre de Louis XVI. Dans sa jeunesse, il fut obligé de se déplacer pour complaire à son père : quelques études à Strasbourg, puis à l'armée... Il préférerait cependant la compagnie d'intellectuels comme Madame du Deffand. Malgré (ou à cause !) de la position de sa famille, il se prend de grippe pour la monarchie absolue et ne s'en cache pas, s'engageant même en 1783 dans la révolution américaine. Finalement, on décide d'envoyer ce trentenaire capable mais encombrant au loin comme ambassadeur de la France en Russie : qu'il se lie avec l'impératrice, Catherine II, grande femme de culture, et qu'il ne vienne pas mettre maladroitement dire quelque chose d'encombrant à Paris ! On est tout à fait d'accord avec lui qu'il faut mener des réformes, mais il y a un art et une manière. Enfin en 1789 il faut tout de même le faire revenir parce qu'il a essayé de signer une alliance contre l'empire ottoman, et on ne veut pas de guerre avec l'empire ottoman, on a assez à faire en France.   Sitôt le pied à Paris, Louis-Philippe se plonge derechef dans la politique et se trouve député suppléant aux États Généraux. Bon, heureusement, il y a "suppléant" dedans. Et puis, quelques péripéties plus tard, la Révolution a commencé, la famille royale a été ramenée aux Tuileries, l'Assemblée s'est faite Constituante... Bref. Louis-Philippe est maintenant tout à fait bien vu quant à ses idées et ses tendances extrémistes et révolutionnaires, même s'il a un peu trop de sang bleu. Comme il a de l'expérience comme diplomate, il est nommé à Rome, puis à Berlin. Ca se passe assez mal, et pour une petite affaire qui n'a rien à voir il se retrouve blessé en duel. On veut lui donner le ministère des Affaires étrangères en France : franchement vexé de ses aventures de l'année passée avec le pape et l'empereur, il a des arguments tout trouvés pour décliner la proposition et s'en va se cacher à Chatenay (près de Sceaux). Dans les faits, il est effectivement fatigué, approchant de la quarantaine et ayant enchaîné les échecs, mais il est aussi en grand manque de sa famille : son dernier né, Olivier Alexandre, est mort à quelques mois à peine pendant son voyage, dans l'ensemble sa famille lui manque.   Il déclare donc à sa femme, qui le lui réclamait depuis quelques temps déjà, qu'il ne la quittera plus. Le moment est d'autant mieux choisi qu'elle est parfaitement au courant de son duel et de la cause de celui-ci, une certaine, disons, infidélité. Il parvient à calmer l'ire d'Antoinette et se plonge dans l'éducation de ses enfants et l'étude de l'histoire.   Au bout de quelques années, en 1796 il reprend tout de même ses sorties. Ses filles aînées, les jumelle Louis et Laure, ont 18 ans et il s'agit de leur trouver de bons partis, pas un petit bonhomme plus ou moins aléatoire en qui on ne sait pas si on peut avoir confiance. Il retrouve avec plaisir la brillante société parisienne et se lance avec son frère, avec qui il est resté en contact et qui l'accompagne dans ces sorties, dans la société chantante des dîners du Vaudeville.   Avouons-le, il a pris des cours auprès d'Antoinette. Et de leurs filles.   Il marie ses fifilles en 1799 à deux cousins, Auguste et Louis Vallet de Villeneuve. C'est un grand moment de festivités. Il a déjà marié son fils Octave récemment (à une cousine de sa femme, par ailleurs). Il est grand-père, avec Eugène (4 ans), Adolphe (2 ans), Félicie (2 ans) et Henri Léonce (1 an). Il s'est proposé de provoquer un duel avec Louis Vallet au sujet de ce prénom. Il n'est pas question qu'on se moque de son petit-fils dans les cours de récréation à cause de ce moliéresque "Léonce". Antoinette et Laure se sont mise à deux pour lui rabattre le caquet en lui rappelant qu'il a insisté pour "Laure Ludovicienne" quelques décennies plus tôt, et ont arrangé l'ajout de "Henri".   En 1801, Louis-Philippe commence à être franchement reposé de ses aventures des débuts de la Révolution, et il trouve moyen de devenir député au Corps législatif. Il a parfois des tendances qui déplaisent au Premier Consul, notamment une tendance à arriver en retard (pas souvent, mais ça arrive), mais Napoléon lui reconnaît une compétence certaine pour la diplomatie (qui justifie d'ailleurs souvent ses retards) et de bons esprits. Même si le consul refuse d'avouer qu'il apprécie cet humour. En 1802, Louis-Philippe entre alors au Conseil d'Etat.   Tout en travaillant, Louis-Philippe, continuant à signer "Ségur, l'aîné", comme du temps des vaudevilles, publie de temps à autres des poèmes, par exemple dans le Journal des dames et des modes de Lamésangère. Les deux Ségur partagent avec ce dernier un goût pour la mythologie et une volonté de le partager, mais là où Lamésangère est un homme sérieux, les Ségur ont une soif de versifier qui ne laisse pas de dépasser l'ecclésiastique. Ils fournissent donc complaisamment là où Lamésangère s'avoue peu inspiré.
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