La Tête de Bran
General Summary
La Cour de Pâques se réunit à Londinium, avec un événement très spécial : Arthur a décidé d’exhumer la tête magique de Bran de son lieu de sépulture près de Londres. Malheureusement, que ce soit une simple coincidence ou l'effet d'une malédiction (ou, plus précisément, de la fin d'une bénédiction), alors même que les ordres du roi sont exécutés, trois graves nouvelles parviennent à la Cour : des rébellions en Anglie, en Cambrie, et en Cumbrie, menacent l'équilibre du royaume.
Evénement : la Tête de Bran
Un événement aussi important doit être entrepris avec toute la pompe et la magnificence appropriées. Un tournoi est prévu pour la suite, et un énorme marché a été mis en place. Le champ de Pen Bran, à l’extrémité est de Londres, a été préparé. L’estrade surélevée d’Arthur se trouve au bout du champ, sous les murs de Londres. Les soldats bouclent le champ autour de la zone de creusement, où une énorme fosse a déjà été creusée jusqu’au crâne (présumé) du dieu mort. De nombreux responsables de l’Eglise de Bretagne, y compris l’archevêque Dubricius et de nombreux évêques et abbés de tous ordres. De nombreux notables païens sont également présents, et notamment la Dame du Lac.
Commérages et intrigues
Griflet : « Arthur veut déterrer la tête de Bran, ce qui est une bonne chose: nous n’avons pas besoin de superstition stupide pour nous protéger. Nous avons la plus grande armée du monde. »
La Dame du Lac : « Les dieux d’autrefois ne doivent pas être dérangés. Les anciens secrets de cette terre sont plus grands que la connaissance de n’importe quel homme, quelles que soient sa force et sa vertu. Pourquoi Merlin n'est-il pas ici pour nous aider? »
La Dame du Lac est troublée par la volonté d’Arthur de déterrer la tête de Bran. Cependant, Guenièvre insiste pour que cela soit fait, et c’est ce qu’il fera.
Du côté sud, adossées à la rivière, se trouvent des tribunes d’observation en bois pour la noblesse. Au nord, il y a d'autres tribunes pour l’archevêque Dubricus et une centaine d’autres évêques, abbés, prêtres et moines. Le peuple se regroupe le long de l’extrémité est du champ de Pen Bran. Il semble que ce sera une cérémonie longue et ennuyeuse... Les hérauts soufflent dans des trompettes, les évêques marmonnent des prières et divers seigneurs prononcent des discours.
Creusons, compagnons !
Pendant ce temps, les pelles creusent le sol. Soudain, sans avertissement, les prêtres commencent à chanter quelque chose en latin. Vous reconnaissez un exorcisme.
Le ciel s’assombrit, gronde, et des vents froids soufflent de l’ouest. L’ombre glaciale d’un dragon immense mais invisible passe au-dessus de la foule, volant vers l’ouest. Un treuil et des poulies sont mis en place. La Dame du Lac s’avance parmi les nobles rassemblés autour d’Arthur. Elle est dans une transe profonde. Elle dit :
« Il y a eu deux Divulgations fatales sur cette île auparavant. La première a eu lieu lorsque Vortigern exhuma les os de Vortimer pour l’amour d’une femme; la seconde fut lorsque Vortigern exhuma les dragons que Llud, le fils de Beli, avait cachés. Maintenant, c’est la troisième Divulgation : l'exhumation de la tête de Bran de la colline blanche. »
L’un des nombreux prêtres présents (ne serait-ce pas l’archevêque ?) lance des imprécations à l'encontre des sorcières. A l'autre bout du champ, Arthur le regarde un moment, et il voudrait réagir, mais il en est dissuadé par ses camarades. Arthur se tourne vers la Dame du Lac, la remercie pour ses paroles, puis ordonne aux ouvriers de continuer. Un énorme treuil a été érigé au-dessus de la fosse, et maintenant des cordes sont mises en place. La grêle s'abat sur la zone de travail, mais nulle part ailleurs.
Avec un cri de peur, les ouvriers sautent tous de la fosse et s’éloignent, entraînant les autres travailleurs avec eux. Sire Bedivere, qui les a supervisés, se dirige vers le bord de la fosse et regarde à l’intérieur. Il crie qu’il a besoin de chevaliers courageux pour faire ce travail.
Les chevaliers volontaires font la queue autour de la fosse puis sautent dedans (cf. note 1). La tête est énorme et moisie, encore couverte de sang. Une voix sépulcrale dit : « Laisse-moi. » De nombreux chevaliers dont certains d'entre vous sortent précipitamment de la fosse et refusent d’y retourner. Ceux qui restent s'attellent à fixer les cordes du treuil aux chaînes fixées autour de la tête. Puis ils sortent de la fosse et retournent à leur place (cf. note 2). Lorsque la grande tête est enfin soulevée de la tombe, elle ouvre lentement les yeux. Sa voix, très basse, n'est pas tant entendue, que ressentie dans la poitrine de toutes les personnes présentes.
« Le destin de la Grande-Bretagne est réveillé. Le roi des ours ne peut pas vivre éternellement. Le printemps suit toujours l’hiver, et le Destructeur est déjà né qui fera pleurer les femmes pour se souvenir de cette découverte impie. Je vois ceux qui se glorifieront de cet acte : Ceawlin et Cutha, Melehan et son père. »
Brusquement, Arthur secoue la tête, comme s’il se réveillait d’un rêve, et élève la voix:
« La terre doit être tenue par le courage et la force, pas par de vieilles magies. C’est le Nouvel Âge. C’est l’âge des hommes. »
Vous voyez un éclat de lumière rayonner d’Arthur, se déplaçant rapidement et ondulant dans l’air sombre.
Comme quand on change brusquement d'altitude, le bourdonnement sourd dans les oreilles de tous les participants cesse brusquement, et tous se regardent avec un peu d’étonnement et d’embarras. L’ancien enchantement est brisé. La chose enchaînée n’est plus un visage divin, mais plutôt la tête pourrissante d’un géant mort. Il est traîné vers un brasier, et y est réduit en cendres.
Triples désastres
Les nuages froids qui encombraient le ciel se retirent, et une brise chaude enlève le froid de la peau de tout le monde. « Retirons maintenant, » dit le Haut Roi, « au - Euh, excusez-moi... » dit-il en se tournant vers Sire Gauvain, qui attend humblement de donner un message. « Qu’y a-t'il, Gauvain? » Ils discutent précipitamment, et pendant ce temps, Sire Brastias, couvert de la poussière des grands chemins, se précipite pour conférer avec eux deux. Avant que leur conciliabule ne soit terminé, Dodinal le Sauvage, fils du roi de Powys, arrive dans ses habits de voyage. Son annonce arrête leur bavardage général, et Arthur se tourne vers la foule.
« Mes seigneurs et mesdames, nous avons reçu de terribles nouvelles en triple. Les Saxons d’Anglie se sont soulevés en une nouvelle rébellion. Les tribus de Cambrie se sont rebellées et ont envahi nos vassaux, aussi bien au Nord qu'au Sud. Et des pillards irlandais mettent à feu et à sang nos côtes tout le long des mers de Démétie et de Severn. À la lumière de ces difficultés, le tournoi est annulé. Tous les chevaliers présents doivent se présenter demain à leurs quartiers pour prendre du service. Conseillers, veuillez me rejoindre en ma chambre. »
Commérages et intrigues
Robert de Sarum : « Bran le Bienheureux était un puissant protecteur de cette île. Il n’a pas fallu longtemps pour que de multiples catastrophes nous arrivent. J’espère que ce n’est pas la fin soudaine de notre paix et de notre abondance. »
Et hors jeu...
Plus tard, bien plus tard, les poètes celtes composeront une Triade sur cet événement.