Louis François Dubois
A 28 ans, Louis a la taille fine et de hauteur moyenne. Son nez est chargé d'une vilaine bosse, ses yeux bruns un peu trop grands, cependant chaque partie de son visage, quoique peu agréable de son côté, se marie bien dans son visage souriant. Il s'intéresse à l'histoire, à la poésie, à l'agronomie, au droit ; bibliothécaire, il a en fait pris là sa retraite malgré son jeune âge. Il tient sa vivacité d'esprit de sa mère.
Il a grandi à Lisieux. Son père, Jean Charles, était marchand de vêtements, et catastrophique en affaires. C'est Thérèse, sa mère, qui tient les bouts du budget en vendant sous le manteau ses productions horticoles. N'ayant qu'une très faible considération pour les compétences professionnelles de son mari, elle prend en charge l'éducation précoce de leur fils en lui apprenant les soins de la terre et à gérer un domaine agricole, quelle qu'en soit la taille. Elle s'arrange aussi pour le faire passer sous l'aile d'un ami, un De Plainville passablement plus à l'aise, histoire que ce dernier sponsorise l'enfant.
De là, Louis reçoit l'instruction de l'abbé Jacques Dufresnes, et pour le latin de l'abbé Fougère ; poussé par sa mère et à force de travail, il entre au collège de Lisieux qu'il domine, puis devient l'apprenti de l'avocat Plancher. C'est cependant heure de Révolution et le droit l'intéresse moins que la politique, si bien qu'il se propulse secrétaire du club des Girondins local. "Si tu veux faire ça, fais-le bien", lui intime sa mère, qui trouve le métier moins stable ; il monte alors à Paris où il rencontre Rouget de Lisle, un trentenaire poète qui devient en quelque sorte son mentor. Rouget est un homme engagé, bourru, qui demande à Louis de se montrer critique et actif dans toutes ses créations. C'est à cette occasion que Louis rédige le Couplet des enfants de la Marseillaise. Lors de la Terreur, il prend une part un peu (trop) active aux événements et se lie à Charlotte Corday. Elle est guillotiné. Il en réchappe, mais il est secoué et furieux.
Dans l'année qui suit, Louis se détourne des assemblées et des conseils et se cherche une nouvelle mission, toujours au service du pays. Il est, certes, poussé dans cette direction par sa mère, inflexible : "Tu reprendras la politique après l'abolition de la peine de mort." Il se retrouve alors chargé par la Convention de recenser les livres confisqués aux couvents et châteaux afin de constituer une bibliothèque. Il y consacre deux ans, et puisqu'il y est, reprend les études, reprend le droit auprès de l'avocat Le Fourdrey, et se relance dans la lecture de choses plus légères.
Il y a trois ans, en 1799, il cherche un emploi stable et candidate au concours pour le poste de bibliothécaire de l'Ecole centrale de l'Orne, qu'il remporte. Il s'y installe alors, se rapprochant ainsi de sa mère. Il s'est écoulé du temps depuis ses aventures de la Terreur et il a fait son deuil ; il commence à s'intéresser de nouveau sérieusement à la galanterie. Il publie quelques odes, les unes pour les dames, les autres pour complaire au tout nouveau Consulat et se faire discret, parfois dans les journaux, parfois à part. Dans le même temps, il travaille à des notices historiques.
Children
Comments