Anthologie sur la tapisserie

1879 - Manuel du Journal des Demoiselles. Explication des termes les plus usités et méthodes pour les principaux travaux de dames, illustré de 388 figures : Impressions sur étoffes, marques du linge, manière de relever les patrons, de les agrandir et de les diminuer, robes et confections, etc., etc., 6^me édition revue et augmentée, Paris, au Bureau du Journal des Demoiselles, 2, rue Drouot, au coin du boulevard Montmartre. Sans indication d'auteur.
Cette toute nouvelle édition porte un petit préambule qui la raffraichit agréablement, en faisant un parallèle avec les dictionnaires : "Il n'y a" disait-on un jour à l'Académie, "qu'une langue morte dont le dictionnaire puisse être terminé". De même que la langue vivante française, donne sans cesse à remanier son dictionnaire, dans une plus modeste sphère, notre langue des doigts laborieux, vivante aussi, nous oblige à faire place aux nouveaux venus, et à enrichir son dictionnaire, de tous les points et travaux qui nous paraissent mériter l'attention de nos lectrices. (p. non numérotée). Le choix de publier de très nombreuses figures est argumenté : Cette édition contient 388 figures explicatives destinées à rendre les définitions du texte plus faciles à comprendre, à indiquer la position des mains dans les divers travaux en question, le détail des points, la manière de préparer et d'exécuter certains ouvrages, etc., etc. (id.). Une méthode de lecture combinant consultation et pratique est vivement conseillée : Nous ne saurions trop conseiller à nos lectrices de ne consulter ce recueil que les instruments et matériaux en main et après avoir lu attentivement la première page qui leur donne la clef de termes qu'elles trouveront reproduits dans la plupart de nos travaux. (id.).

Le manuel s'ouvre sur la tapisserie. Chaque description d'un point est précédée du dessin correspondant, avec indication d'un numéro de canevas pratique pour l'exercice. Deux principaux canevas sont indiqués : le canevas ordinaire, bien régulier ; et le canevas Pénélope, où les fils de chaîne et de trame sont alternativement séparés par des espaces courts et longs. Dès la p.11, des références aux termes de couture ("comme un point arrière en biais") indiquent assez qu'on attend des lectrices qu'elles soient familiarisée de cet art avant que d'entreprendre la tapisserie. Passés les points de base, notamment le point de piqûre, beaucoup s'expliquent surtout par la figure, le texte ne se suffisant pas à lui-même (ex. point mauresque, p.28).
Les points présentent une diversité plutôt artistique que manuelle : les gestes sont toujours les mêmes, le plus souvent dans une diagonale qui descend de droite vers la gauche, et couvre un, deux, ou trois carrés ; c'est l'agencement des diagonales qui forme différents motifs aux noms parfois banaux, parfois évocateurs (points d'Aubusson, des Gobelins ou de Smyrne) et avec des conseils d'emploi (ainsi pour le point florentin, "pour des fonds unis en soie d'Alger" p.27). Les dernières figures montrent de réels modèles, l'un même de broderie au passé.

Read the Document

Anthologie sur la tapisserie

1879 - Manuel du Journal des Demoiselles, 6e édition, p.10-29

Avant de commencer la nomenclature des points de tapisserie les plus usités, et d'indiquer la manière de les faire, nous devons prévenir nos lectrices que le numéro de la grosseur du canevas est indiqué dans chacune des figure, en un petit carré blanc.
POINT CROISÉ. — Ce point est sur gros canevas ordinaire [n°18] ; vous le faites d'abord, de droite à gauche, en prenant deux fils dans la hauteur, deux fils dans la largeur ; vous croisez ensuite le point en revenant de gauche à droit. — On se sert de ce point pour remplir les fonds.
POINT DE COMPTE CROISÉ. — Il se fait comme le précédent, sur canevas Pénélope.
^p.11 POINT DE COMPTE TRAMÉ. — Lancez la laine de droite à gauche, et revenez sur cette laine de gauche à droite, en prenant deux fils dans les deux sens.
POINT DE PIQURE. — Vous faites ce point sans recouvrir, avec une laine assez grosse pour bien remplir. Faites-le comme un point arrière en biais, en descendant de droite à gauche. Vous pouvez aussi le faire de gauche à droite ; pour revenir, vous travaillez de droite à gauche, en piquant l'aiguille dans le haut du point à droite et la faisant ressortir en arrière du point, c'est-à-dire en prenant deux points d'intervalle dans le biais que traverse l'aiguille. Vous pouvez encore, pour revenir, retourner votre ouvrage de bas en haut.
^p.12 PETIT POINT ET POINT DE COMPTE CROISÉ. — Le petit point s'emploie généralement pour de petits dessins ; il se fait de biais en prenant la croix d'un seul fil en hauteur, et d'un seul en largeur. Le point de compte est celui du n°1, qui sert à remplir le fond.
POINT DES GOBELINS. — Ces deux figures se font de même, l'une sur canevas ordinaire, l'autre sur canevas Pénélope. Prenez deux fils en hauteur et un en largeur, en ayant soin de diriger toujours la laine de gauche à droite ; pour revenir, vous retournez votre ouvrage de bas en haut, ou vous piquez l'aiguille en arrière du point, comme au point de piqûre, fig.4. — On se sert de ce point pour les dessins très nuancés, comme les fleurs, les emblèmes, les oiseaux, les têtes, etc.
^p.13 POINT DE BEAUVAIS. — C'est le point des Gobelins en travers.
POINT REPS. — Pour faire ce point, qui doit être serré, et bien couvrir le canevas, prenez du canevas Pénélope et passez la laine en en hauteur entre les deux fils les plus rapprochés dans le sens de la lisière ; il se fait en colonnes, en montant et en descendant. Vous piquez l'aiguille en prenant deux fils en hauteur, deux en largeur ; rapprochez les points en leur donnant plus de biais qu'au point des Gobelins, et en ne mettant qu'un fil d'intervalle entre chaque point.
^p.14 CROIX ALLONGÉE. — Vous faites cette croix comme le point de compte croisé, en prenant quatre fils dans la hauteur, c'est-à-dire deux points du canevas, et deux fils dans la largeur ; commencez le point de droite à gauche et revenez en le croisant de gauche à droite.
^p.15 POINT MOSAÏQUE. — Ce point forme des triangles rentrant les uns dans les autres ; en soie d'Alger d'une seule nuance, il fait de très-jolis fonds pour objets à monter, tels que bénitier, thermomètre, porte-allumettes, porte-montre, etc. — Vous ferez aussi avec ce point de très-jolis dessins use laines en disposant bien les nuances. — La fig. 11 indique parfaitement la manière de faire ce point : vous commencez par passer la laine sur un point du canevas en biais, puis sur deux , puis sur trois, et enfin sur quatre ; vous reprenez ensuite un autre triangle ; celui qui rentre dans l'autre sens recommence tout à fait dans le même biais.
^p.16 POINT CAPITONNÉ. — Il se fait sur quatre point du canevas, c'est-à-dire deux en hauteur et deux en largeur ; on peut faire chaque point séparément. Vous passez la laine de gauche à droite, et vous la croisez de droite à gauche ; dans ce mouvement vous faites sortir l'aiguille en ne prenant que deux fils ; elle se trouve alors placée pour faire le point horizontal. En terminant ce point, vous passez l'aiguille en biais, et vous la faites sortir dans le bas, au milieu, pour faire le point vertical.
^p.17 POINT DE RIZ. — Le point de riz peut se faire d'une seule couleur ou de deux couleurs, l'une qui fait le grand point croisé sur quatre points de canevas, comme le point capitonné, et l'autre qui recouvre les extrémités de la croix dans tous les sens ; vous faites ce second point par dessus, comme le point de piqûre dans les deux sens, en prenant un point du canevas en biais.
^p.18 POINT DE LA SAVONNERIE. — Ce point, qui est à laine coupée, forme un très-beau relief. — Faites un point de compte croisé en colonne ; coupez une petite bande de carton mince, de la largeur d'un point ; posez-la sur le point de compte, et faites par dessus un point croisé, en prenant un fil en dehors de chaque côté. Revenez sur ce point, en faisant un point croisé plus large, en prenant encore un fil de plus de chaque côté ; continuez ainsi à allonger les points, que vous croisez les uns par dessus les autres sur toute la longueur de votre premier point de compte, et, en largeur, de quatre fils de chaque côté en dehors du point de compte, puis avec de bons ciseaux, coupez les laines bien droit, en appuyant la point sur la petite bande de carton que vous retirez après.
^p.19 POINT FOUGÈRE. — Vous ferez ce point en commençant à gauche de la figure. Prenez le canevas en travers, c'est-à-dire en plaçant la lisière horizontalement et en faisant les points en biais sur deux points dans un sens et deux dans l'autre et en allant de gauche à droite ; mais il faut sortir l'aiguille en biais et faire le point suivant en laissant seulement deux fils d'intervalle. Lorsque vous êtes au bout de la colonne, vous retournez le canevas dans le sens de la lisière, et vous faites le même point en remontant, et en passant l'aiguille en biais sur deux points, dans les deux sens du canevas et de gauche à droite ; faites sortir l'aiguille à gauche, en remontant d'un point plus haut que le dernier point. — Entre chaque colonne de points en biais, vous faites un point de piqûre ou point arrière en soie ou en laine.
^p.20 POINT NATTÉ. — Ce point se fait en colonne ; il occupe trois points du canevas dans la largeur. Il y a deux manières de l'exécuter : pour la colonne de gauche, tenez le canevas droit devant vous et faites sortir l'aiguille dans le haut du point à gauche. — *Faites le point en traversant en biais sur deux points en hauteur et en largeur ; faites sortir l'aiguille comme vous l'indique la position de la laine, en prenant, seulement dans le bas du bois, deux fils en travers ; croisez ensuite le bas du point, en faisant un grand point à droite, en biais, sur deux points de canevas ; passez l'aiguille à l'envers et faites-la sortir à gauche de la natte, un point plus bas que le dernier point. — Retournez au signé *.
Pour le point qui est indiqué à la seconde colonne et qui fait le même effet, vous tenez le canevas en travers, le haut de ^p.21 la natte à droite ; vous placez la laine dans la position où elle est restée en ba de la natte, et vous faites le point du haut, en traversant deux points en biais, de gauche à droite : faites sortir l'aiguille trois points au-dessous et verticalement. — Traversez deux points en biais, en allant de droite à gauche, et replacez la laine dans la position où elle se trouve sur la fig. 16.
POINT BYZANTIN. — Traversez en biais, de gauche à droite, deux points en hauteur et deux points en largeur ; faites sortir l'aiguille d'un point plus bas, en biaisant un peu à l'envers pour faire le point dans tous les points du canevas, dans la largeur.
^p.22 POINT JACQUART. — Il se fait comme le point byzantin, mais il est séparé par un point de piqûre, fig. 4.
^p.23 POINT DAMIER. — Il forme des carrés parfaitement égaux et se fait de gauche à droite, en prenant d'abord un point, puis deux points, puis trois points, vous terminez en prenant deux points, puis un point.
POINT ÉCOSSAIS. — Il se fait comme le point damier, et chaque carré est entouré d'un point de piqûre.
^p.24 POINT D'AUBUSSON. — Faites ce point en biais, en descendant de droite à gauche, comme le point de piqûre, fig. 4 ; il faut prendre une fois deux points et une fois un point. A la rangée suivante, vous contrariez les points en faisant les grands à côté des petits, et les petits à côté des grands.
^p.25 POINT CACHEMIRE. — Ce point forme de petits carrés longs. Faites un point sur un point du canevas, puis sur deux points, puis encore sur deux points en descendant, et sur un point à côté du deuxième grand point ; ce dernier point fera le premier du carré suivant.
^p.26 POINT DE SMYRNE. — Vous pouvez faire ce point de deux manières, soit comme le point damier, en prenant le dernier point du carré pour le premier du carré suivant, soit comme le point de piqûre, en faisant la première rangée de tous points égaux, pris sur deux points du canevas. A la deuxième rangée, vous prendrez alternativement trois points du canevas, puis un point ; la troisième rangée sera comme la première, de tous points égaux de deux points de canevas ; la quatrième sera comme la deuxième, en contrariant les grands points avec les petits points de la deuxième rangée.
^p.27 POINT FLORENTIN. — Il est formé de petits carrés égaux. Faites-le par rangées, en point de piqûre ; chaque rangée est formée de points égaux : l'une de points d'un seul point du canevas, et l'autre de deux points. — Ce point sert pour des fonds unis en soie d'Alger.
POINT DE PARIS. — Ce point est composé de points droits, pris alternativement sur quatre et sur huit fils du canevas.
^p.28 POINT MAURESQUE. — Il se fait comme le point de Smyrne alterné de point de piqûre.
^p.29 BRODERIE AU PASSÉ. — Cette broderie se fait sur canevas comme sur toute autre étoffe. — Voyez page 104, pour le détail de cette broderie.

Close

Type

Manual, Magical / Occult