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Les Dérigions

Issus d’une alliance entre tribus disparates, les Dérigions ne furent d’abord qu’une peuplade guerrière et brutale. La conquête des cités batranobanes bouleversa l’Empire naissant et lui donna sa vocation civilisatrice. Chaque jour plus riche, plus raffinée, Pôle devint le centre d’un nouveau monde et esquissa la carte actuelle du continent. Le pégase devint le symbole de cet empire sans peur, installé au cœur même d’une antique cité elfique. L’Empereur régnait alors sur la destinée de Tanæphis elle-même, les hommes n’étant qu’un moyen de perpétuer la grandeur dérigione.

La révolte dans l’est vorozion et la lente chute des provinces impériales brisèrent ce rêve. Cela aurait même dû sonner le glas de Pôle. Privée de ses ressources, pilonnée par les Piorads et les Vorhs, harcelée par les Sekekers, la flamme dérigione vacille depuis plusieurs siècles. Pourtant, les murailles tiennent bon et Pôle se dresse toujours, dominant les routes commerciales et les échanges du continent. Depuis peu, la population a même retrouvé avec le jeune empereur Bert III un symbole autour duquel se rassembler.

Population

Les Dérigions ont traditionnellement la peau pâle ou claire, et sont de taille moyenne. Les cheveux sont le plus souvent châtains ou noirs et les yeux sombres. Ce ne sont toutefois que des généralités, et les Dérigions s’observent dans une large variété d’apparences. Au centre de nombreuses routes commerciales, assaillis de toutes parts au fil des siècles, les citoyens de l’Empire ont mêlé leur sang à celui de nombreux voyageurs et guerriers. Ces bâtardises sont rarement un souci, si ce n’est dans les plus hautes sphères, et même là elle s’oublie facilement si le résultat est harmonieux.

Barbes et moustaches sont rarissimes et assez mal vues. Les gens préfèrent les visages lisses, signe de jeunesse et de beauté. Quelques érudits ou vieux barbons se laisseront tout de même pousser le poil, le teignant en blanc au besoin, pour se donner un air de sagesse.

Politique

C’est l’Empereur qui dirige l’appareil politique. Il est secondé par l’ensemble des grandes familles, directement ou par l’entremise du conseil des emblèmes. Les vingt lignées les plus anciennes forment un premier niveau que l’on appelle la noblesse d’emblème. Ces familles siègent au conseil et se répartissent la fidélité d’une grosse centaine de branches secondaires, qui forment la noblesse familiale. Les positions et les charges impériales se négocient à tous les niveaux, faisant de la vie au sein des familles un feuilleton complexe et tordu digne des plus grandes sagas romanesques.

Une personne libre n’appartenant pas à la noblesse est considérée comme un simple sujet, sans attache à aucune famille, ni devoir particulier envers la noblesse. Un sujet est directement soumis à l’Empereur et ne se frotte à une famille noble que si elle dirige son quartier, propose du travail, ou a de l’influence dans un domaine intéressant. L’appareil politique lui-même se découpe ensuite en deux blocs distincts : l’administration et la province.

L’administration est un vaste ensemble de bureaux et de cabinets, chargé par l’Empereur de veiller sur un aspect ou un autre de la vie publique. Elle gère tout ce qui est supposé être « transversal » dans l’Empire et peut donc concerner toutes les régions et cités. Les universités, le commerce et la défense ont ainsi chacun leur office dédié. C’est aussi le cas de sujets plus étranges ou abscons, comme le calendrier, la voirie souterraine ou la gestion des fleurs et décorations en tissu.

Conservatrice à l’extrême, l’administration ne lâche jamais une affaire une fois qu’on la lui a confiée. Ainsi, malgré la disparition des provinces extérieures, un office des douanes impériales existe encore, distinct de celui de Pôle. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Une palanquée d’oisifs vit dans les recoins des innombrables bâtiments de l’administration, tantôt riches et comploteurs, tantôt ruinés et avides d’une miette de pouvoir.

La province est un organe plus régional, et l’Empire tout entier est divisé en unités territoriales de tailles diverses. La province relève de la noblesse et d’elle seule, et chaque secteur de l’Empire est traditionnellement confié par l’Empereur à une famille. À l’âge d’or, les grandes familles de l’Empire géraient des provinces entières, répartissant les cités, villages et régions entre leurs familles vassales. Puis l’Empire se résuma peu à peu à la région de Pôle, et cette même méthode s’appliqua aux quartiers. Alors que le pégase redresse la tête, l’Empereur confie au compte-goutte les nouveaux protectorats. Des jeux de pouvoir inédits se dessinent et les meilleures places sont encore à prendre…

Mode de vie

Malgré la chute de l’Empire, les Dérigions bénéficient encore de nombreux avantages. L’éducation est le plus évident d’entre eux, et c’est aussi celui que les étrangers ont le plus de mal à percevoir. Alors que l’illettrisme est monnaie courante partout sur le continent, il est rare de croiser un Dérigion qui ne connaisse pas ses classiques et n’ait pas son auteur favori parmi les grands des siècles passés. L’histoire, le calcul simple et quelques bases de culture générale sont perçus ici comme essentiels. Chaque enfant de Pôle, même le plus démuni, a accès à quelques heures d’école par jour, et les familles aisées envoient même leurs esclaves favoris se décrasser un peu la tête là-bas lorsque la charge de travail le permet. Dans la noblesse, des précepteurs assurent cette fonction, venant parfois de terres lointaines afin d’ouvrir l’esprit des jeunes gens et pour leur rappeler la grandeur du continent que dirigeait autrefois leur empire.

Cette jeunesse donne aux Dérigions une attitude particulière, bien différente de la majorité de la population tanaphéene. Sans être vraiment oisifs, les Dérigions – surtout ceux de Pôle – ont une attitude moins industrieuse, moins inquiète que les autres habitants du continent. Ils s’intéressent à davantage de choses, même si cela prend du temps sur leur travail, leur vie de famille ou une nécessité vitale quelconque. Cela explique sûrement le nombre de bouges, d’arènes ou de lieux d’amusement à Pôle. Les gens de la grande cité appellent ça « une vie culturelle » et le reste du continent parle plutôt de « décadence ». Quels ploucs…

En plus de leur donner ce vernis particulier qui assure la cohésion de la nation, l’éducation prépare les sujets impériaux à administrer leur capitale titanesque. Et ce n’est pas une mince affaire.

Au croisement des plus grandes routes commerciales, Pôle est un véritable marché permanent. Tous ceux qui ne travaillent pas directement pour l’administration ou la noblesse participent d’une manière ou d’une autre à l’animation de ce monstrueux spectacle. Commerçants, manutentionnaires ou transporteurs assurent la partie visible des échanges. Ailleurs, les prostitués, hôteliers et bougeards s’assurent du bien-être des visiteurs pendant que les saltimbanques, les baladins et les gladiateurs les distraient.
Ceux qui ne participent pas directement au jeu sont priés de rester discrets et vivent des rogatons du festin. Il y a plus de miséreux ici que n’importe où ailleurs sur le continent et leurs conditions de vie sont déplorables. On ne parle pas ici simplement de misère, mais d’une misère brutale. La promiscuité apporte son lot de maladies et de violence, dans des proportions qui terrifieraient le provincial le plus endurci. Pourtant, le pire des gueux de Pôle ne la quitterait pour rien au monde. Il faut dire qu’ici on meurt rarement de faim, tant le gâchis des bouges et des beaux quartiers fournit de restes. Mais ce qui accroche le dernier des derniers à sa vie lamentable, c’est l’animation et la vie de la cité. Presque sans une pieste en poche, on peut chaque soir assister à un spectacle différent, lécher une peau exotique ou écouter un nouveau conteur de rue.

En dehors de Pôle, l’Empire s’est effondré. Ce qui fut autrefois un ensemble uni et solide est devenu une mosaïque de petites régions, ressemblant plus à des Alwegs aisés qu’à de véritables sujets. Selon l’endroit, l’empreinte dérigione est plus ou moins forte. Les constantes les mieux préservées sont l’éducation, un certain goût de la culture et du confort, et un léger complexe de supériorité.

Pour la majorité de ces gens, le fait d’être dérigions, même déchus, fut longtemps un problème : cela attirait sur eux l’attention des pillards et des brigands, et un jour, celle des Vorozions. Depuis que l’Empire a décidé de relever la tête, on retrouve en dehors de Pôle des gens heureux de se dire sujets de l’Empire. Certaines régions – le Centrepôle et la Sourti en particulier – accueillent ce retour avec plaisir, d’autres avec méfiance, mais le sentiment d’appartenir à un tout redonne un peu d’espoir.

Cultures

On appelait autrefois « sujets » tous les Dérigions nés au sein de l’Empire et hors des familles nobles. Autant dire qu’ils composent l’immense majorité de la population, et que le terme devrait être un synonyme de Dérigion. Avec le temps, pourtant, on a pris l’habitude d’appeler ainsi les gens résidant à Pôle même, afin de les différencier de l’immense masse des provinciaux. Ceux-ci, trop éloignés de l’Empereur, incertains d’être encore dérigions l’année suivante – au gré des guerres et des avancées voroziones – ne valent parfois guère mieux que des Alwegs aux yeux de Pôle. Pour résumer, on appelle simplement sujets les habitants de la capitale. Au contact de la vraie culture, de la vraie beauté impériale, ils se savent un peu meilleurs que les autres, un peu plus malins, un peu mieux informés. Pour certains d’entre eux, vivre hors les murs est tout juste imaginable. Ce n’est pas l’aventure qu’ils craignent ; c’est juste le manque. Partout hors de Pôle, on appelle ces gens-là les « pôlards » et c’est un synonyme de prétentieux, d’arrogant et de pigeon à plumer.

Les banlieusards sont ces Dérigions bien décidés à le rester malgré les difficultés impériales, mais vivant hors des murs protecteurs de Pôle. Il faut entendre ici banlieue au sens large, car même un habitant de La Perrière, à plus d’une semaine de route des portes blanches, se considère comme un banlieusard, et pas comme un bouseux d’Alweg.
Plus industrieux, élevés à la dure, ils font vivre Pôle tout en devant défendre leurs foyers. Plus conscients des dangers du monde que la plupart des pôlards, les banlieusards sont aussi les premiers bénéficiaires des actions politiques du jeune Empereur. Le vague espoir de paix et les avancées de ces dernières années ont fait de nombre d’entre eux des partisans résolus du trône.

Les défenseurs de Pôle ne sont parfois dérigions que de nom et leurs parents n’ont souvent rejoint la capitale et ses abords que pour de basses raisons de subsistance. Arrivés ici comme réfugiés, immigrés ou soldats de fortune, ils ont participé à une saison de guerre, puis à une autre, pour finalement se découvrir un talent pour la chose. Par choix ou forcés, par opportunisme ou pour manger, ils sont devenus des guerriers.
Une caste a alors émergé, envahissant quelques quartiers limitrophes et les villages fortifiés de la banlieue. Pour que Pôle tienne ainsi, envers et contre tous, il faut bien une raison, et les défenseurs pensent qu’ils sont cette raison : des gens décidés à protéger la grande cité, quel que soit l’ennemi, élevant leurs enfants dans cet esprit et traitant d’égal à égal avec l’armée et les mercenaires. Depuis une cinquantaine d’années, ils ont même reçu la charge d’administrer les quartiers brisés, ces sections de Pôle dont les remparts ébréchés laissent trop souvent passer les avant-gardes des pillards ennemis. Autrefois presque-alwegs, ils sont devenus des sujets entiers, avec une charge et des terres à administrer.

Les gueux forment une classe bien à part dans la population de la capitale. Habitant les sous-sols, les ruelles, les villas vétustes et les bâtisses à l’abandon, ils se contentent des restes de la grande ville pour subsister. Histoire d’améliorer un peu l’ordinaire, ils se livrent à tout ce qu’on peut imaginer de petits trafics, de filouteries ou de malversations. La mendicité est pour eux une profession à part entière, et le vol à la tire un sport de compétition avec ses règles, ses champions et ses arbitres – les miliciens bien souvent. Être pauvre, pour beaucoup de gens, c’est une honte ou une déchéance. À Pôle, c’est une vie comme une autre, qu’on essaie d’assumer avec le panache qui sied à la grande cité.

Les nobles-nés ne sont différents de la plèbe que par la naissance, et il est difficile de reconnaître un petit noble d’un marchand prospère lors d’une soirée aux arènes. Tous deux, pourtant, sont aussi différents que le jour et la nuit. Élevés en quasi-autarcie, les nobles sont dévoués avant tout à la réussite de leur famille et à la perpétuation de ses privilèges. La noblesse de Pôle doit beaucoup, pour sa structure et son fonctionnement, à l’exemple des maisons Bathras. Le pouvoir d’une lignée repose sur les alliances qu’elle a tissées et sur les charges et provinces qu’elle a su accaparer. Le clientélisme est donc roi dans ce milieu, et le patriotisme qui grandit peu à peu dans les banlieues et les rues a encore du mal à toucher la haute caste. Le regain d’énergie de l’Empire est certes une bonne nouvelle, mais que penser d’un Empereur qui passe tant de temps à s’occuper de ses sujets, et si peu auprès de ses semblables ?

Naming Traditions

Noms féminins

Nadaly, Hatia, Philisse, Valérianne, Yoelle, Elhena, Vilaess, Lineth

Noms masculins

Alban, Anselme, Aleyus, Peorl, Philipe, Simon, Sylvan, Yohann, Loran

Noms de famille

Noms de famille : Luthier, Jarne, Bérille, Antel, Rémieux, Chantelle, Delire, Hémondrel, Bargerie

Les familles nobles ajoutent une particule entre le prénom et le nom. La plupart des grandes familles ont des noms composés, fruits d’alliances complexes au fil de l’histoire impériale.
Exemple : Francelin de La-lande-des-hauts-de-Gassote

Culture

Coutumes, traditions et rituels communs

Les gens de Pôle sont des civilisés. Si les Batranobans revendiquent la connaissance et les Vorozions la modernité, les Dérigions se sont depuis longtemps approprié l’allure et le panache. L’art, la grandeur de l’histoire impériale, ne sont au final que des émanations de ce prestige, que les Dérigions placent au dessus de tout. Et quand on est civilisé, on est propre. Au fil du temps, le besoin de se placer au dessus des autres et de se distinguer de la barbarie ambiante ont poussé les Dérigions à mettre le poil dans la liste des choses sales que produit le corps, au même rang que les déjections diverses et les fluides muqueux. C’est pédant et un peu illogique, mais parfaitement humain.

Depuis longtemps, le IVe siècle de l’Empire au moins, les Dérigions se rasent donc intégralement. Cela comprend les poils sur les membres et le corps, bien-sûr, mais aussi le visage et les parties génitales. Et cela concerne aussi bien les hommes que les femmes.

L’origine de cette habitude, selon les textes des érudits, remonterait à la même époque que les débuts de la statuaire classique. Les nobles s’étant pris de passion pour cet art commencèrent à se faire sculpter des portraits, à s’offrir des statues des uns et des autres, et à orner leurs entrées et leurs jardins de statues de leurs amants, enfants ou amis les plus proches. Encombrant, oui, mais rudement classieux tout de même ! Et le poil, c’est connu, est l’ennemi du sculpteur. Le poil rend mal, même sous le burin le plus adroit. Même bien imité, bien rendu, il donne une peau grêle, des impressions de cicatrices, un côté râpeux. Et le marbre donne une image de la peau si parfaite, invitant à la douceur, à la pureté. L’art imitant la vie, mais la modelant aussi, la mode statuaire aurait donc provoqué, en réaction, une mode de la peau rasée, lisse et propre. Même les hommes auraient suivi, s’apercevant vite qu’un barbu ressemble à tous les barbus, une fois sculpté.

C’est doux, c’est neuf ?

Si quelques maniaques se rasent et s’épilent eux-mêmes, la plupart des gens ont toutefois recourt au service d’un barbier, d’une coupelle ou d’un pommadier.

Le barbier, comme son nom l’indique, est spécialisé dans la coupe des barbes, mais aussi des cheveux masculins. Il se limite aux coupes rapides et simples, laissant les travaux complexes aux véritables coiffeurs

La coupelle est une spécialiste des poils courts, et travaille à lisser les membres, les corps et les aisselles. Elle se charge aussi des parties intimes, et son talent pour rassurer le client et alors aussi important que son adresse manuelle. Même si les gens ont l’habitude qu’un artisan leur coupe les poils et leur lisse les dessous de bras, il n’est jamais facile de laisser un étranger se promener à portée de vos bourses avec une lame affûtée.

Le pommadier travaille souvent en tandem avec un barbier ou une coupelle. Il se charge des lotions, des baumes et des crèmes apaisantes. Il est souvent parfumeur en plus de tout cela, et certains se targuent même d’être un peu épicier

Mais c’est une barbe que j’aperçois ?

Les érudits, pour des raisons aussi complexes que logiques – de leur point de vue – se sentent toujours obligés de se faire remarquer. Une des façons qu’ils choisissent, à Pôle, consiste à se laisser pousser la barbe. C’est une manière de faire sentir que les choses de ce monde ne vous concernent plus, que vous êtes au-dessus de tout ça. C’est aussi – avouons-le – une bonne manière d’économiser un peu de temps, et pour les profs les moins bien payés, quelques piécettes en passage chez le barbier. La bienséance veut quand même qu’on conserve une barbe propre et à peu près égale. Pour éviter d’avoir l’air d’un barbare hirsute, on teint souvent la barbe en blanc, ce qui donne l’air un peu plus sage.

Depuis peu, les militaires rentrant de campagnes ont lancé la mode de la barbe de trois jours. Elle donne un air gentiment dangereux, sans pour autant rebuter les amants trop émotifs. Cela reste toutefois le maximum qu’on puisse se permettre sans avoir aussitôt une étiquette « exotique » ou « cradingue » collée sur le front.

Ideals

Idéaux de Relations

Dans l’Empire, femmes et hommes sont égaux en tout point, et hors de la pure dimension physique, rien ne devrait les séparer. Le premier né est l’héritier principal, qu’il arbore ou non un pénis ; le choix d’une carrière ou d’un hobby ne doit rien au genre ; on a vu récemment dans ce magazine que même côté rasage et hygiène, les deux sexes sont très proches. Selon les historiens cités plus haut, tout cela proviendrait de la société dess, quasi matriarcale, où les femmes dirigeaient les tribus et géraient les camps, pendant que les hommes effectuaient les taches extérieures telles que la chasse et le combat. À mesure que l’Empire s’installait, les techniques et les technologies évoluèrent pour réduire l’écart entre les sexes. La sécurité impériale, l’apparition des loisirs, firent que les frontières s’estompèrent et que les choix et les désirs en vinrent à avoir plus d’importance que le hasard des chromosomes. D’où une égalité de fait, vue par la majorité comme parfaitement logique.

Dans le même temps, la sexualité devint un loisir comme un autre, et les expérimentations poussèrent les impériaux à brouiller, là aussi, les frontières entre les sexes. Pour une majorité de Dérigions, s’amuser avec un ami du même sexe un soir et un partenaire de l’autre le lendemain ne fait pas une grosse différence. Il y a bien sur des hétéros ou des homos purs et durs, mais ils ne sont pas forcément majoritaires, ni en nombre, ni moralement. La morale n’a en fait pas grand-chose à voir là-dedans, et quand un Dérigion vous drague et que vous l’éconduisez sous prétexte que vous préférez les filles, il ne le prendra pas mal. Disons que de son point de vue, c’est un peu comme s’il vous proposait une bière et que vous annonciez être plutôt jus de fruits. Au pire il vous proposera une limonade. Ou sa cousine. Navré, je m’y perds un peu dans ces métaphores.

Le mariage est une toute autre histoire. Là, il s’agit de perpétuer les lignées et de transmettre les patrimoines ou les noms. Cela implique, dans la logique dérigione, que le mariage est lié à la fertilité du couple, et donc à une union hétérosexuelle. Il n’existe donc pas de mariage entre partenaires du même sexe. Pour les penseurs batranobans, cela montre bien que les Dérigions sont des pervers, mais qu’ils admettent que l’homosexualité n’est pas « acceptable » socialement. En réalité, les polars ne placent simplement pas le mariage et l’amour sur le même plan. Pour eux, l’amour est une affaire personnelle, sentimentale ; il se gère entre amis, entre amants, sans règlement ou standard. Le mariage est une affaire administrative, liée à la famille et aux devoirs civiques ou politiques. Du point de vue dérigion, il n’y a aucun rapport et aucune opposition entre les deux, et donc pas de vrai soucis à les croiser plus ou moins librement. On trouve donc des unions assez baroques, entre des gens qui ne s’apprécient pas forcement, et ont chacun leurs histoires d’amour de leur côté. Évidemment, il existe des couples hétéros, amoureux et mariés, vivant des vies très posées sans écarts ni liaisons. Mais ils ne sont pas majoritaires, loin de là.

Une note utile concerne l’inceste, très mal vu dans les deux cas. L’idée de coucher entre proches est mal perçue, à cause surtout du risque d’engendrer de petits monstres débiles. Le fait d’épouser un relatif - un cousin par exemple - est vu comme carrément ignoble, puisque le but premier du mariage est précisément d’avoir ces enfants.

Le divorce existe en terre impériale, mais ce n’est pas une option facile. Comme dans la Nation, le mariage est une union de familles, et implique davantage de gens que le seul couple. Il est donc impossible de se séparer pour une simple dispute ou des soucis mineurs – coucheries, fâcheries, incidents divers. Pour lancer un divorce, il faudra un problème grave, du genre trahison politique, détournement financier ou tentative de meurtre. L’infertilité d’un partenaire est aussi une raison valable de divorce. La séparation est toujours déclarée aux dépends d’un des époux, qui subit les frais et séquelles du divorce. C’est une procédure difficile, désagréable et dangereuse. Beaucoup de couples préfèrent rester mariés, travaillant au bonheur de leurs enfants en essayant de ne pas trop s’énerver l’un l’autre. Ils vivent leurs vies et leurs amours chacun de leur côté, ne partageant plus qu’un toit, une histoire générale, et une feuille administrative au moment des impôts.

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