1941-12: Bataille d'Hong Kong
Résumé de la bataille
Hong Kong est le théâtre de la première bataille terrestre à laquelle prennent part des Canadiens pendant la Deuxième Guerre mondiale. Du 8 au 25 décembre 1941, près de 2 000 soldats canadiens dont un important contingent québécois déployés à Hong Kong en ne s’attendant qu’à un simple service de garnison, se battent courageusement contre la puissance écrasante d’une force d’invasion japonaise. À la capitulation de la colonie britannique, le jour de Noël, on dénombre 290 Canadiens tombés au combat. Au cours des quatre années qui suivent, 264 autres meurent en raison des conditions inhumaines qui règnent dans les camps de prisonniers de guerre japonais. - https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/bataille-de-hong-kong
Prélude
Les forces en présences
Les québécois ayant participé à cette bataille constituent 24% de l'effectif canadien soit 469 soldats. 7 d'entre eux servent dans la prévôté militaire (ancêtre de la police militaire) et dans d'autres corps auxiliaires tel que le corps dentaire dans lequel sert Renaud Côté de Saint-George-de-Beauce. 5 québécois servent dans les Winnipeg Grenadiers, un régiment principalement composé de soldats originaires des provinces des prairies canadiennes et finalement, la très forte majorité d'entre eux, soit 445 des 469 québécois sous les drapeaux à cette bataille servent dans le Royal Rifle Regiment dont environ la moitié de l'effectif sont des québécois et une très forte proportion des officiers sont de la ville de Québec. Soulignons également que ces québécois sont en très fortes proportions originaires des régions de l'Estrie et de la Gaspésie et que les anglophones y sont très fortement représentés, notamment parmi les officiers.
La bataille
Les premiers morts québécois
Les 16 et 17 décembre, les avions japonais bombardent l'île et ces bombardements en plus de tuer de nombreux civils et endommager plusieurs infrastructures stratégiques, blessent le québécois Raymond Smith de Scotstown en Estrie. Dans la nuit du 18, trois régiments japonais traversent de Devil's Peak du côté continental vers Lye Mun et Alrich Bay puis de Kowloon vers Tai Koo et North Point. Les japonais prennent ainsi pied sur l'île et les troupes canadiennes prennent dès lors part aux opérations et le premier québécois de la bataille est tué alors que le Capitaine Joseph-Charles Gavey de Québec et le soldat Gordon Irvine de Mann Settlement en Gaspésie sont tous deux blessés simultanément par le même obus; malheureusement, le soldat Irvine mourra quelques heures plus tard de ses blessures le 19 décembre. Toujours le 18, le sergent Kenneth Clarkson de Lacolle sera également blessé au combat. Ce jour-là, les japonais prendront solidement pied sur l'île, mais les combats continuent de faire rage dans la partie nord de l'île dans les zones de débarquement japonais, entre autre à Lye Mun, Tai Koo et North Point. Les combats s'intensifient le 19 décembre alors que les japonais poursuivent leur offensive et que les alliés tentent de s'accrocher au terrain bien que dépassés en nombre. L'état-major allié tentera des contre-attaques afin de reprendre du terrain perdu aux mains des japonais, malheureusement; malgré quelques succès, ils seront en général de courtes durées et les unités qui auront réussi ces manœuvres reculeront dans les heures qui suivront ne pouvant retenir la poussée japonaise. Les Winnipeg Grenadiers combattent entre autre sur North Point pendant que les Royal Rifles combattent sur les hauteurs de Lye Mun. Deux des 5 québécois servant dans les Winnipeg Grenadiers, le montréalais James Alexander Lowe et le beauceron Louis Gagné tombent au combat le 19 décembre alors que le petit village de Bury en Estrie qui a fourni à lui seul un contingent de 31 de ses jeunes hommes aux forces canadienne d'Hong Kong connaîtra son jour le plus sanglant de cette bataille (si ce n'est de la guerre) alors qu'un des deux frères Harrisson servant dans les Royal Rifles est tué, il s'agit du caporal-chef Argyle Harrison, le caporal James Alfred Cook et le soldat Gordon Gray, également de Bury seront blessés ce jour-là. Durant la journée, le Royal Rifle se replie sur le Mont Parker et de cet endroit, le Lieutenant Blaver à la tête de la Compagnie A tente d'organiser une contre-attaque, malheureusement les japonais les détecteront et lanceront plusieurs grenades sur les positions de la compagnie A avant qu'elle ne passe à l'offensive. Deux gaspésiens seront tués presque côte à côte dans les tirs de grenades japonais, il s'agit des caporaux Edwin Harrisson et George William McRae, le Lieutenant Gerard Mott Williams de Québec sera également tué sur le Mont Parker ce jour-là. Dans les différents combats du 19 décembre seront également blessés le capitaine William Leboutillier de Québec et l'un des 7 membres de la famille Cyr de New-Richmond en Gaspésie à combattre à Hong Kong, en effet Théophile Cyr sera blessé ce jour-là et, heureusement, il survivra à ses blessures, il sera capturé par les japonais et survivra aux longues années passées dans les camps de travaux forcés japonais, malheureusement 2 des membres de sa famille ne reverront jamais leur Gaspésie natale et périront quant-à eux dans les camps japonais reconnus pour leurs conditions difficiles et les mauvais traitements infligés aux prisonniers par leurs geôliers. Les japonais qui ont percé les défenses de North Point foncent vers Wong Nai Chong Gap, en plein centre de l'île; un lieu stratégique qui, s'il est pris, coupera les forces des défenseurs en deux... ce que désir précisément accomplir les troupes japonaises. Les alliés défendent donc bec et ongles Wong Nai Chong Gap et dans ces combats, le gaspésien Philipp Crosman et le montréalais Damant, Robert seront tués dans lesdits combats le 19 décembre.Repulse Bay
Les premiers combats de Repulse bay durent pendant plusieurs jours et sont d'une intensité variables. Repulse Bay est située tout au sud de l'île d'Hong Kong, ceinturée par une route et caractérisée par un complexe hôtelier dont les troupes canadiennes se servent comme point d'appuis. Les Royal Rifles se battront a Repulse Bay et y subiront de lourdes pertes en tentant de stopper l'avancée japonaise qui, à ce stade de la bataille, ont réussi à couper en deux les défenseurs de l'île qui perdent du terrain dramatiquement d'heures en heures. Durant les combats de Repulse Bay s'illustre le sergent quartier-maître de la compagnie A Stanley Walter Wright de Lachine s'illustrera pour son courage et son dévouement alors qu'il a pour mission de transporter des munitions de l'arrière des lignes vers les troupes de la compagnie A qui combattent à Repulse Bay. Son véhicule est criblé de balles par des tirs de mitrailleuses japonaises et est mis hors d'état de marche alors qu'il était au volant. Il descend alors de son véhicule et charge les munitions dans un camion abandonné non-loin et reprend la route et réussi à livrer des munitions à la compagnie qui a pu poursuivre le combat. Pour ce geste courageux, le sergent Wright obtiendra la Médaille Militaire. Malheureusement, Repulse Bay sera l'une des plus sanglantes batailles pour les québécois présents à Hong Kong dont John J Fitzpatrick de Québec âgé de seulement 18ans, Albert Andrews du Lac-Mégantic et 7 gaspésiens Hubert Bujold, Clément Gallant, Daniel Jacques, John Wilson McWhirter, Eddie Meredith, Oscar Robertson et Harry Joachim Tapp. Ci-haut, Repulse Bay dans les années 30.Une victoire québécoise
Alors que les alliés reculent partout sur l'île et que le terrain qu'ils tiennent est réduit comme une peau de chagrin, l'état major tentent des contre-attaques afin de renverser la vapeur, l'une d'entre-elles est menée par un jeune lieutenant originaire de Québec qui, à la tête de la Compagnie D des Royals Rifles dirigera un assaut sur Bridge Hill. Sa compagnie composée bien entendu d'un grand nombre de gaspésiens, dont plusieurs des petits villages d'Escuminac, Matapédia, Mann Settlement et Shigawake, mais aussi de trois drummondvillois, quelques montréalais et l'un des rares abitibiens du régiment. Le Lieutenant Francis Gaven Power mènera ses hommes à l'assaut de Bridge Hill et chassera les japonais de celle-ci prenant contrôle de ses hauteurs. Il sera monté à l'assaut devant ses soldats sous le feu d'une mitrailleuse japonaise, fera preuve d'un grand courage, mais aussi de leadership et selon le journal de guerre du régiment fera la démonstration d'habilité et d'initiative hors du commun lors de cette assaut. La prise de Bridge Hill par le lieutenant Power et ses hommes permettra aux alliés de reprendre leur souffle et sera l'une des rares victoires alliés de la bataille. Au moins un québécois a perdu la vie à Bridge Hill, Raynold Murphy, un jeune gaspésien de New-Richmond. Power et ses hommes répéteront leur exploit quelques jours plus tard le 25 décembre en prenant d'assaut le village de Stanley et s'illustrera à nouveau pour son courage et cette fois le lieutenant Power sera blessé durant l'opération ainsi que 74 de ses camarades alors que 26 seront tués, mais il survivra et obtiendra après la guerre la Croix militaire pour ses exploits.Le massacre du collège de St-Stephen
Utilisé comme hôpital de campagne, le collège abrite des blessés de toutes les armées alliés, dont des canadiens. Situé au sud de l'île, le collège est capturé par les japonais le 24 décembre 1941. Selon plusieurs témoignages de survivants dont celui du soldat néo-brunswickois Alfred Babin qui était l'un des blessés traités au collège St-Stephen le jour de la capture japonaise; ceux-ci se sont livrés à des crimes de guerre. Exécutions sommaires, massacre de blessés à la baïonnettes, viols des infirmières. Parmi les victimes, on déplore un jeune gaspésien, infirmier dans le Royal Rifles Regiment qui est assassiné par les soldats japonais le 24 décembre 1941, le caporal William Fallow avait 21ans. Malheureusement, ce crime de guerre commis par les troupes japonaises à Hong Kong n'est ni le premier, ni le dernier.Le Noel Noir
Le 25 décembre est le dernier jour des combats. Les troupes canadiennes tiennent toujours, bien qu'éprouvée par une difficile semaine de combats. Dans les derniers jours de la bataille dans la péninsule de Stanley, 12 québécois perdront la vie durant cette ultime résistance des forces alliées. Ce sera le dernier jour des combats alors que le gouverneur de l'île et que le commandant de la garnison d'Hong Kong décideront de la reddition des troupes alliées ayant survécus. Durant les combats des dernières semaines, 52 québécois auront trouvé la mort durant les combats et un 53e sera tué. Après la fin des combats soit le 26 décembre, le jeune gaspésien âgé de 19ans, Alexandre Ratté du petit village de Bonaventure est abattu par les japonais. Pour les milliers de survivants des combats qui rendront les armes, ils seront fait prisonniers par les japonais et il s'en suivra de longues années de captivités dans les camps.Les camps
Ce sera 415 québécois qui prendront le chemin vers les camps de travaux forcés japonais, 118 d'entre eux y trouveront la mort et tous y subiront des mauvais traitements: travaux forcés, nourritures insuffisantes, conditions de vie insalubre, sévices physiques, humiliations et tortures. Les japonais prévoyaient exécuter l'ensemble des prisonniers dans le cas d'une défaite du Japon, cependant, la reddition précipitée de l'Empire du Soleil Levant a empêché les géôliers de mettre leur plan à exécution. Les survivants seront libérés par les américains en 1945 et rapatriés par des navires de l'US Navy au Canada. Plusieurs auront des séquelles physiques et traumatismes psychologiques jusqu'à la fin de leur vie à cause des combats, mais surtout des atrocités vécues lors de leur emprisonnement.Hommages et mémoire
Les cimetières de Sai Wan à Hong Kong et Yokohama au Japon abritent les dépouilles des soldats alliés ayant combattu à Hong Kong ou ayant péri dans les camps de travaux forcés japonais. Reposent à Sai Wan 76 québécois et 32 à Yokohama. Les soldats canadiens qui auront pris part à la bataille d'Hong Kong obtiendront également l'Étoile de 1939-1945, l'Étoile du Pacifique, la Médaille de guerre de 1939-1945 et la Médaille Canadienne de Service Volontaire. Malgré que la bataille d'Hong Kong soit le premier engagement terrestre des troupes canadiennes lors de la seconde guerre mondiale et le seul sur le théâtre d'opération asiatique, malgré la bravoure des troupes canadiennes et de son contingent québécois et malgré les sévices subits lors des longues années d'incarcération des soldats survivants des combats, la bataille d'Hong Kong demeure malheureusement largement inconnue dans la mémoire collective.Pertes par région
Sources
Included under Conflict
Included Conflicts
- 1941-12-18: Combat de Wong Nai Chung Gap
- 1941-12-19: Combat de Lye Mun Gap
- 1941-12-19: Combat de Repulse Bay
- 1941-12-19: Escarmouche du Mont Parker
- 1941-12-21: Escarmouche de Bridge Hill
- 1941-12-23: Combat de Stanley
- 1941-12-24: Massacre du Collège de St-Stephen
- Combat de North Point
- Combat de Notting Hill
- Combat de Red Hill
- Escarmouche de Deep Water Bay
Date de début
8 décembre 1941
Date de fin
25 décembre 1941
Belligerents
Forces Alliées
- Corps de Prévôté Canadien
- Corps Dentaire Royal Canadien
- Corps des Transmissions Royal du Canada
- Corps médical royal canadien
- Corps of Military Staff Clerks
- Corps Royal de l'Intendance de l'armée canadienne
- Royal Canadian Army Pay Corps
- Royal Canadian Ordnance Corps
- Royal Rifles of Canada
- Winnipeg Grenadiers
Empire du Japon
Strength
Casualties
Corps Dentaire Royal Canadien
Prisonnier de guerre: 1
Total des pertes: 1
Corps of Military Staff Clerks
Prisonnier de guerre: 1
Total des pertes: 1
Corps Médical Royal canadien
Prisonnier de guerre: 1
Total des pertes: 1
Corps de Prévôté Canadien
Mort en captivité: 4
Prisonnier de guerre: 3
Total des pertes: 7
Corps Royal de l'Intendance de l'Armée Canadienne
Tué au combat: 1
Prisonnier de guerre: 1
Total des pertes: 2
Corps des Transmissions Royal du Canada
Tué au combat: 1
Prisonnier de guerre: 4
Total des pertes: 5
Royal Canadian Ordnance Corps
Prisonnier de guerre: 1
Total des pertes: 1
Royal Canadian Army Pay Corps
Prisonnier de guerre: 1
Total des pertes: 1
Royal Rifles of Canada
Victimes de crime de guerre: 2
Tués au combat: 48
Prisonniers de guerre: 395
Morts en captivité: 60
Total des morts: 110
Total des pertes: 445
Winnipeg Grenadiers
Tués au combat: 2
Prisonniers de guerre: 2
Mort en captivité: 1
Total des morts: 3
Total des pertes: 5
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