Onde Dorée

Née dans les flancs paisibles des Monts du Repos, là où les brumes s’ouvrent aux premières lueurs du jour, l’Onde Dorée n’est pas un simple cours d’eau — c’est une offrande. Elle jaillit d’une source cachée entre deux rochers moussus, à l’ombre d’un if millénaire, dans un silence si pur que les oiseaux eux-mêmes s’y taisent. Son eau, limpide et tiède, coule avec une lenteur solennelle, comme si chaque goutte connaissait déjà le chemin.

On raconte que ceux qui boivent à la source goûtent à un souvenir ancien, doux et diffus — le parfum d’une enfance oubliée, le rire d’un être cher, la caresse d’un vent d’été. L’eau y est légèrement sucrée, comme mêlée au nectar des fleurs des hauteurs. Les apiculteurs de MielPuit jurent que leurs ruches prospèrent mieux près de son passage, et certains herboristes prétendent qu’une gorgée versée sur une blessure accélère la guérison. Mais nul ne l’exploite — par respect, ou par superstition.

L’Onde serpente ensuite vers l’ouest, caressant les collines des Champs Dorés, donnant vie aux cultures, apaisant les bêtes et les hommes. Les paysans disent que les saisons semblent moins rudes près de ses rives, et que les enfants nés là grandissent avec une clarté dans le regard que l’on ne voit nulle part ailleurs.

À mesure qu’elle approche de Clairrive, l’Onde Dorée s’élargit, s’illumine aux reflets du soleil couchant, et se mêle aux courants du port dans une étreinte silencieuse. Son embouchure, paisible et peu profonde, est un lieu de promenade, de marché et de prières. Les marins la saluent d’une main avant d’embarquer, comme pour emporter avec eux un peu de paix. Certains reviennent, d’autres non, mais tous rêvent encore du goût sucré de la source.

Et la légende, chuchotée par les plus vieux pêcheurs de Clairrive, dit ceci : « Tant que l’Onde coulera, les âmes des Monts trouveront la mer sans se perdre. » Ainsi, de la montagne au rivage, l’Onde Dorée n’est pas seulement une rivière : elle est une mémoire qui chante.