Mont du Repos

Entre Valoria et MielPuit, là où les Champs Dorés s’étiolent en prairies herbeuses et où le vent devient plus grave, surgissent doucement les Monts du Repos. Ce n’est pas une chaîne rugueuse aux pics acérés — ce sont des montagnes douces, arrondies par les âges, drapées de brumes matinales et de forêts anciennes, comme si la terre elle-même y avait plissé ses draps pour une longue nuit.

Ici, la roche est tiède même aux premières neiges, et les sentiers serpentent entre vallons couverts de fleurs sauvages et clairières silencieuses. Les voyageurs qui s’y aventurent n’y trouvent ni tempêtes, ni bêtes sauvages — seulement un calme solennel, une paix qui dépasse l’entendement, comme un souffle suspendu entre deux mondes.

Car les Monts du Repos portent bien leur nom. Depuis les temps anciens, on raconte qu’ils sont le dernier passage des âmes vers l’au-delà. Les anciens bergers affirment que certains soirs, lorsque le soleil effleure l’horizon et que le ciel devient de cuivre, on peut voir des silhouettes marcher le long des crêtes, sans bruit, sans ombre. Pas des esprits tourmentés, non — des âmes en paix, venues saluer la lumière une dernière fois avant de s’éteindre.

Les villages alentours évitent de bâtir sur les hauteurs. Ils y envoient leurs morts, portés en silence, et enterrés dans des tombes de pierres moussues ou au pied des ifs solennels. On dit que ceux qui reposent ici ne reviennent jamais hanter les vivants. Comme si la montagne savait les garder.

Les bardes, eux, murmurent que c’est Oros lui-même qui aurait béni ces sommets d’un souffle doux, pour que les morts y trouvent enfin silence et oubli. D’autres parlent d’un sanctuaire caché au cœur des monts, gardé par d’antiques sentinelles de pierre, où les plus sages des Oracles viennent mourir — non de maladie, mais de volonté.

Et parfois, un rêveur solitaire grimpe jusqu’aux cimes, en quête de réponses. On ne les voit jamais redescendre. Peut-être trouvent-ils ce qu’ils cherchaient. Ou peut-être choisissent-ils simplement… de rester.