Col d'Azur
Il n’existe qu’un seul passage entre les royaumes du Midland et du Westland — un goulet de pierre niché entre les pics tranchants de la Chaîne de l’Échine d'Azur . Là où les cimes percent les nuages et où les vents sifflent comme des avertissements divins, s’étend le Col d’Azur, ancienne cicatrice de la terre, creusée dans la roche par des âges oubliés.
Le Col ne se livre qu’à ceux qui savent l’apprivoiser. Il serpente entre falaises et précipices, tantôt resserré au point qu’un convoi n’y passe qu’à la file, tantôt ouvert en plateaux balayés par des rafales cinglantes. La neige y tombe même en été, portée par des courants d’altitude nés du souffle capricieux d’Oros, dieu des vents. Les pierres, polies par le passage des siècles et par le sang versé, gardent la mémoire des armées, des exilés et des pèlerins qui s’y sont aventurés, la peur au ventre ou l’espoir au cœur.
Autrefois, on raconte que le col était un lieu sacré, sanctifié par des druides errants et les premiers moines du vent. Aujourd’hui, il est surtout un goulot stratégique, farouchement gardé par Rochesouffle, la citadelle du Westland, et surveillé côté Midland par les sentinelles de Sevria. Les marchands y avancent prudemment, escortés de lances et de serments ; les espions s’y glissent comme l’ombre entre deux souffles ; les armées, elles, n’y passent que sous la promesse du carnage.
Mais ce n’est pas que la pierre ou la guerre qui veille sur le Col. Il y a des murmures, lorsque le vent se lève — des voix anciennes, peut-être les esprits de ceux qui n’ont jamais franchi la passe. Les voyageurs parlent de silhouettes perchées sur les crêtes, d’éclats de lumière là où nul feu ne brûle, et d’un silence si pur à l’aube qu’on jurerait entendre le monde retenir sa respiration.
Et pourtant, malgré les risques, malgré les légendes, le Col d’Azur demeure un passage incontournable. Car dans les mondes d’Elarion, ceux qui refusent de gravir la montagne n’atteignent jamais l’autre versant de leur destinée.