Champs Dorés
À l’ouest de Valoria, lorsque les pavés de la capitale cèdent la place à la terre battue, s’étendent à perte de vue les Champs Dorés — vastes plaines agricoles baignées de lumière, cœur battant du grenier du Westland. Là, les vents doux caressent les épis comme les doigts d’un dieu bienveillant, et les collines moelleuses dessinent des vagues d’or qui roulent jusqu’aux portes de Clairrive.
Au premier regard, ces terres évoquent la paix et l’abondance. Les fermes y sont nombreuses, les greniers pleins, les silos dressés comme des promesses de lendemains nourris. Les moulins tournent au rythme des brises d’Oros, dispersant dans l’air des parfums de farine fraîche et de pain chaud. L’eau, guidée par des canaux habilement creusés, court en ruisseaux clairs entre les cultures, irriguant les blés, les légumes et les vergers qui nourrissent les villes du royaume.
Mais si la terre est généreuse, elle n’est pas sans valeur — et là où la richesse pousse, les convoitises rôdent. C’est pourquoi la milice locale veille, montures levées sur les crêtes, yeux aiguisés, armures lustrées par le soleil. Les routes sont gardées, les récoltes surveillées, et les contrebandiers chassés avant même que l’ombre de leurs intentions ne germe. Il ne fait pas bon troubler la tranquillité des Champs Dorés : on y croit à la justice simple, rapide, et bien souvent rendue sur place.
Et pourtant, derrière cette prospérité disciplinée, les anciens disent que le sol ici a mémoire. Qu’autrefois, avant les charrues et les clôtures, les Champs Dorés furent le théâtre de pactes anciens, où des êtres faits de lumière et de vent marchaient librement. Certains fermiers murmurent encore des prières oubliées lorsqu’ils sèment leurs graines, par tradition ou par précaution. Et il arrive, à certaines aurores brumeuses, que les blés se courbent sans vent, comme saluant quelque chose… ou quelqu’un.
Dans ces plaines dorées, tout semble paisible. Mais toute paix, dans Elarion, n’est jamais que le fruit d’un équilibre soigneusement entretenu — entre l’homme, la terre… et ce qu’il reste d’avant.