Bois d'Azur

Au sud de Valoria, là où les champs dorés cèdent la place à une mer de feuillage ondoyant, commence le Bois d’Azur. Contrairement à sa cousine Brumeval, cette forêt n’est ni hantée ni hostile — mais elle n’est pas pour autant dénuée de mystères. Ses arbres, d’un vert profond aux reflets bleutés, s’élèvent haut dans le ciel, formant une voûte lumineuse d’où filtrent des rayons d’or tamisés. La lumière y danse comme une bénédiction, et l’air y porte le parfum des fleurs anciennes, celles qu’on ne trouve plus ailleurs que dans les livres d’herboristes.

Le silence du Bois d’Azur n’est jamais pesant. Il est apaisant, presque musical, comme une mélodie oubliée que la forêt fredonne à qui sait écouter. Les sentiers, bien que changeants, ne mènent jamais à la perte si l’on marche avec respect. Il est dit que le bois protège ceux qui n’y cherchent ni conquête ni profit — et qu’il juge silencieusement ceux qui y entrent l’âme trop lourde de mensonges.

Certains parlent de clairières qui n’apparaissent qu’aux rêveurs, d’animaux à l’intelligence troublante, ou de pierres dressées couvertes de runes elfiques effacées par le temps. D’autres disent que les racines du bois cachent encore les secrets de la fondation de Valoria, ou des fragments de magie que Luthia elle-même aurait laissés, voilés entre les feuilles.

À la saison des Brises Nacrées, le bois s’illumine de fleurs luminescentes qui ne vivent qu’un seul crépuscule, transformant les sous-bois en un royaume de cristal végétal. Ce soir-là, dit-on, les Esprits Anciens marchent librement entre les troncs, et parfois, s’attardent pour écouter une berceuse ou bénir un enfant perdu.

Mais attention, car tout enchantement a son prix. Le Bois d’Azur n’est pas cruel, mais il est ancien. Il n’oublie rien. Et ce qu’il vous offre en paix, il peut le reprendre en oubli.