La crise des grains in Eana | World Anvil
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La crise des grains

Cether ouvrait le rapport que son secrétaire lui avait apporté. Comme chaque semaine, elle étudiait les relevés de prix moyens sur les différents marchés de la ville. La fluctuation était mineure, mais elle allait dans le même sens que celle des semaines précédentes. À vrai dire, il n’était pas nécessaire de travailler à la Steinbank pour s’en rendre compte : tous les ménagers et ménagères de la ville le sentaient déjà. Le prix des céréales augmentait. Bien que la Myetée et les rives du Dispende fussent fertiles, elles ne suffisaient pas à nourrir l’ensemble de la Cité Franche. C’était d’autant plus vrai qu’une partie significative de la production de la Myetée partait depuis le port d’Issure en direction d’Ellerìna – un client payant mieux que la plupart des intermédiaires de la Cité Franche. L’habitude avait été prise depuis bien longtemps d’importer les surplus des grandes fermes de Cyrillane. Ce n’était pas le seul produit courant qu’il fallait faire venir de loin : cervoise, vin ou huile d’olive venaient presque toujours de l’étranger. Le bétail était amené vivant, sur pied, parfois depuis les Drakenbergen, pour être abattu sur place. La pêche était complétée par les poissons fumés provenant essentiellement des Fjordkungden. Or, la population de la Cité Franche croissait rapidement avec l’afflux massif des réfugiés de la guerre civile en Cyrillane. Ces gens étaient nombreux, et la plupart étaient réduits à la pauvreté. Cependant ils n’étaient pas les seuls : la hausse des prix frappait aussi durement les habitants du taudis d’Asoif et progressivement les foyers modestes de la ville. La Cité Franche était un ogre qui attirait richesses, talents et vivres, mais son appétit insatiable la mettait constamment au défi de se réinventer. Elle était en équilibre précaire, allant de l’avant pour ne pas tomber.   Pour Cether, l’un des risques désormais était la spéculation. Pour peu que quelqu’un se mette à acheter massivement des grains, il provoquerait une montée plus rapide des prix, créant les circonstances d’une revente avec des profits confortables. Bientôt la crise se révèlerait, mais comment se règlerait-elle ? Par une guerre civile ? Par des émeutes violemment réprimées ? Par la persécution de boucs-émissaires – accapareurs, profiteurs ou étrangers – ? Par la réduction des privilèges des fermiers halfelins de la Myetée ? Par une intervention militaire en Cyrillane pour prendre le contrôle de territoires agricoles ?

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