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Sadr

Le Sadr, ou Sadarbul, littéralement « l’ensemble (des traditions, de ce qui a trait à) l’intangible/l’autre monde », est un ensemble de croyances et de rites sociétaux datant sans doute de la préhistoire des peuples nains, parfois reconnu comme religion. Il mêle des éléments animistes à un culte des ancêtres d’origine mésolithique. C’est la plus ancienne religion connue des peuples nains, et elle est encore pratiquée aujourd’hui. Le terme « Sadr » est apparu pour qualifier cette religion par rapport à celle des elfes Vetalas qui avaient réduit le peuple nain en esclavage. Tous les nains insérés dans la société naine pratiquent ces coutumes, à divers degrés de régularité, ne serait-ce que parce qu’elles encadrent les cérémonies et rituels civiques des sociétés naines.   La spiritualité naine   Les nains sont un peuple qui attache une importance cruciale au fait religieux, comme la plupart des peuples, mais sans forcément y penser de la même manière. Les humains ont une vision de la religion séparée de la vie sociale et l’imaginent la plupart du temps comme remplissant un certain nombre de critères : un ou plusieurs dieux, un livre sacré révélé par une puissance extérieure, des anges ou créatures capables de procéder à une intercession, des rites psychodramatiques, des prières et des sacrifices propitiatoires, un mythe des origines ou une cosmogonie, un être mauvais comme ennemi universel, un clergé dédié… en fin de compte, le fait religieux nain ne correspond qu’à une mince partie de ces accoutrements.   Les nains n’ont pas, à l’heure actuelle, de mythe de création. Il serait bien difficile d’appeler « caste cléricale » les célébrants nains qui ont tous une autre fonction au sein de la société. Est-il opportun d’appeler « lieu de culte » un lieu de rassemblement ou l’on n’adore aucun dieu et ou se déroulent des cérémonies civiques ? Et si les nains ont bien l’équivalent d’un livre sacré, nul n’a jamais prétendu qu’il était révélé par des instances surnaturelles : il est constamment révisé par les érudits.   Il serait plus juste de parler de spiritualité. Les nains actuels appellent « Sadr » le « monde invisible », tout ce qui se passe de surnaturel au-delà de leurs sens directs, et « Sadarbul » l’ensemble des traditions et coutumes liées à cet « intangible ». La place de cet ensemble de croyances est si indissociable de la « nanité », du fait même d’être nain, que, questionnés, beaucoup de nains ne l’expliquent ni ne l’expriment comme une religion. Le mot n’existait d’ailleurs pas avant que les Elfes Vetalas n’en aient besoin pour désigner les croyances qu’ils désiraient bannir et interdire chez leurs esclaves, et que les nains ne décident de réellement les structurer en réponse à cette attaque.   Parmi ces coutumes se trouvent les rites formels de reconnaissance des enfants par les parents et le clan, les cérémonies de mariage, le passage d’âge par lequel un nain accède à ses droits politiques, et même les réunions périodiques de village ou de quartier… mais ce sont-là des rites civiques, voire de bon sens, qui servent simplement à faire fonctionner la société. On trouve aussi de manière informelle la liste des bases que les enfants doivent acquérir dans leur éducation, les codes sociaux qui dictent comment porter la barbe, les valeurs de respect de la famille et des ancêtres, ainsi que les croyances sur la nature de l’âme et la respectabilité de certaines classes sociales : pas toujours rationnel, mais décidément pas toujours religieux.   Tout ce qui relève de la cosmologie et de la création du monde, ou de la nature de l’au-delà et du divin, sont aujourd’hui absents du « corpus sacré nain » que constitue le Sadarbul. Les rites les plus empreints de spiritualité restent les cérémonies funéraires. De ce fait, on peut qualifier la religion naine de culte des ancêtres, même si beaucoup de nains ne le pratiquent que lorsqu’un de leurs ancêtres meurt.   Il n’est donc pas si rare que les nains, même ceux qui pratiquent ce culte ancestral plus régulièrement, ne voient ceci que comme « le fait d’être nain » et le séparent d’une éventuelle pratique religieuse extérieure (propagée par une autre race, ou indigène à une communauté naine marginale), qu’ils pratiquent conjointement : le Sadarbul n’exclut absolument pas l’existence des autres dieux ou croyances. Ce n’est pas parce qu’on vénère tel ou tel dieu que l’on cesse d’être nain, ou d’avoir des ancêtres !     Histoire     Les origines   Les premières traces de rituels funéraires nains datent d’avant la fusion des plans, de ce que les nains eux-mêmes appellent « l’époque des cavernes ». Les lieux sacrés les plus anciens pour les nains sont de vastes cavernes, des lacs souterrains et des escarpements montagneux ou l’on a ménagé des esplanades, des gradins et des Diapason d’Huis (voir plus loin « pratiques et croyances »). Ces sites ont tous la particularité de se trouver dans des lieux ou l’acoustique naturelle est particulière, et où l’eau ou les versants des montagnes créent un effet d’écho.   On garde aussi des traces de tombes collectives ou les nains, probablement d’un même clan, étaient attachés post-mortem pour leur donner une certaine position, toilettés, puis placés ou descendus dans des trous. Ces « puits des ancêtres » ouverts et éloignés des habitations comme des charognards sont probablement à l’origine des cryptes et nécropoles, et constituent de par leur conception des chambres d’écho primitives.   Après la Guerre des Géants et l’adoption des premières runes comme langage écrit, on trouve les traces de codification des pratiques civiques naines et les premiers temples construits. Si beaucoup d’artefacts ont été perdues depuis cette époque, nous savons que c’est à ce moment que les différentes peuplades et ethnies de nains commencent à différencier leurs coutumes : les nains des collines bâtissent les premiers tertres individuels, tandis que ceux des montagnes creusent les premières cryptes longues.   La religion Impériale naine (disparue)   Pendant la période de l’Empire Nain de Maderrar, lors des guerres du sang, les élites militaires instaurèrent un régime féodal clanique. Prenant exemple sur les régimes féodaux instaurés par les Vetalas (car c’était tout ce que la plupart connaissaient) et les religions des autres peuples, ils puisèrent dans les traditions naines pour créer, pratiquement de toutes pièces, un panthéon avec mythe des origines. Les dieux en étaient les anciens héros connus des nains, mais aussi des ancêtres réels ou imaginaires (voire recomposés à partir de plusieurs personnages réels, ou bien dont la légende fut réinventée de manière flatteuse) afin de fournir une légitimité aux dirigeants et aux grands clans de l’époque.   Cette religion, bien qu’artificielle, réussit à unir la plupart des ethnies des nains durant ce régime autocratique. S’il est généralement admis que ce régime permit au peuple nain de survivre et se structurer pendant les guerres du sang, un grand nombre de scandales et de fausses légendes furent révélées lors de la chute du dernier Empereur, et les nains dans leur ensemble abandonnèrent la vénération des faux dieux et le culte des héros en même temps que le culte de la personnalité de l’Empereur. Ce fut la plus grande révision du Livre des Voix (qui avait à cette époque été érigé en texte sacré) de toute l’Histoire Naine.   Il existe quelques survivances de ce culte, notamment des temples et des cryptes encore utilisés de nos jours pour le culte des ancêtres, des statues des anciens héros, et quelques croyances marginales et superstitions concernant des esprits que les nains considèrent comme « grands » : L’Esprit de la Forge, sorte d’incarnation du feu vivant, la Mère des Nains, considérée comme la « première ancêtre » qui viendrait chercher les nains les plus éminents à leur mort pour les guider dans le Labyrinthe (voir plus loin), la Tresseuse de Barbe qui représente l’avenir et la destinée, capable de « couper la barbe d’un nain » lorsque vient on temps, ainsi que quelques héros claniques et familiaux. Les nains ne font toutefois plus de sacrifices à ces entités, même si certains en invoquent les noms.     Métaphysique et spiritualité   La voix et l’âme   « On fait résonner l’âme par le choc, le cri, le chant » dit le Livre des Voix. Les nains croient à l’existence d’une âme ou d’un esprit dans chaque chose, chaque individu, appelée âme ou Voix. L’âme est à la fois la volonté d’une chose, son individualité, et sa « capacité à exister », son essence profonde. Peu de choses sont suffisamment « fortes » pour exprimer leur Voix seules, y compris les individus. Comme une personne doit être élevée, un animal élevé par ses parents ou dressé, une plante cultivée, la pierre doit être taillée et le métal travaillé : toutes choses possèdent une âme qui doit être révélée à elle-même, par l’amour ou par l’adversité.   L’âme correspond chez les nains à la Voix, au cri, ou à ce qui résonne (le tintement de la pierre, le bruit du vent dans les feuilles, etc.) et ce qui émet un son fort, spécial ou harmonieux possède une « âme forte ».   Du premier cri de naissance des jeunes nains jusqu’au silence de la mort, les nains accordent une importance toute particulière au son, au verbe, à l’écho, en tant que manifestations spirituelles. Leurs cérémonies comportent des récitations apprises par cœur, transmises oralement par un parent ou un maître, comme le savoir artisanal. Les chants, fredonnements et percussions ont une place importante dans les rites. Les mots « âme » et « Voix » sont proches, et souvent interchangeables.   C’est par le son et l’écho que les nains se repèrent dans les galeries souterraines, leur vision ne portant qu’à environ 18m dans ces conditions. Il n’y a que peu d’écho à la surface, d’où une préférence pour les souterrains et les montagnes, et une « supériorité » estimée de la pierre et de tous ceux qui la travaillent. Il est généralement admis que l’âme d’un nain est sa Voix, que son fantôme est l’écho de sa vie, et que les âmes des nains doivent retourner à la pierre, ainsi les nains pratiquent-ils l’inhumation ou la dispersion des cendres en sous-sol.   Enfin, lors des méditations, c’est la voix des ancêtres que les nains recherchent : l’écho de celle-ci est réputé porter de précieux conseils par-delà la mort, et rares sont ceux qui ne les ont pas invoqués en situation de désespoir ou de détresse. Les ancêtres, juste à la limite du « monde intangible », communiquent depuis les « ténèbres au-delà de la vision », et les descendants se considèrent souvent comme l’écho, ou la continuation, des nains du passé.     Le culte des ancêtres et des esprits   Les ancêtres ne répondent toutefois que lorsque c’est important : si leurs voix guident métaphoriquement les nains dans les ténèbres, les nains voient tout-de-même avec un certain soupçon les gens qui prétendent discuter d’égal à égal avec les disparus : nul n’ignore l’existence des charlatans et des hallucinations auditives. Pour qu’un ancêtre vous parle, il faut évidemment lui être lié d’une manière ou d’une autre. Selon une parabole bien connue, si les nains avaient attendu que les ancêtres fassent quoi que ce soit à leur place en les priant comme des dieux, ils seraient encore esclaves des elfes ! Un proverbe dit même : « Les ancêtres nous ont assez torché le cul de leur vivant ».   Il en va de même pour les esprits des choses que « révèlent » les artisans nains, généralement incapables de dialoguer sauf lorsqu’il s’agit de Grands Esprits (esprit d’une montagne, d’un lieu particulièrement sacré, d’une rivière, d’un objet magique ou particulièrement bien réalisé, etc.)   Les nains révèrent aujourd’hui leurs ancêtres par diverses pratiques (voir plus loin) qui passent par une cérémonie funéraire, l’enterrement ou l’incinération dans un lieu sacré, l’érection de cryptes, la consignation de leurs actes importants dans les Livres des Voix de chaque famille, et bien sûr la méditation pour tenter d’entendre l’écho de leurs voix. Les nains n’ont pas avec ces esprits ou ces ancêtres une relation transactionnelle : les sacrifices ont pour les nains l’image d’une superstition passéiste, associée aux dieux des autres peuples.   Le peuple nain respecte toutefois une croyance animiste. Chaque chose a son âme, est habitée d’une « Voix » qu’elle ne peut pas toujours exprimer elle-même. Les objets particulièrement grands, telles les montagnes, les fleuves, les arches d’étoile ou les cités, ont par exemple des esprits tout aussi remarquables que l’on peut qualifier de « genius loci ». Si les nains ne les prient pas officiellement, ils remercient souvent l’esprit de leur montagne d’avoir donné naissance à un nouveau « serpent », comme ils appellent les filons et veines de métaux.   Principes éthiques   L’action, comme l’artisanat par exemple mais aussi la construction, sont des éléments cruciaux de la « Nanité » et ont donc une place importante dans la spiritualité naine. On a déjà mentionné la supériorité perçue de ceux qui travaillent la pierre. L’ultime hommage fait à un ancêtre est de lui consacrer une statue, surtout monumentale, afin que le peuple ne l’oublie pas et continue d’invoquer sa Voix : l’âme de celui-ci est supposée rester aux alentours de son effigie, qu’il s’agisse d’un sarcophage, de son corps, ou bien sûr de sa statue. S’il n’existe pas d’art religieux à proprement parler, tout ce que font les nains peut être considéré comme « spirituel », dans la mesure ou s’appliquer est une vertu et ou l’artisanat a cette dimension de « révélation » de l’âme des objets.   Les vertus naines, dont les ancêtres révérés sont les exemples, sont la diligence et le travail bien fait, la piété filiale, l’honnêteté (honneur et respect de la parole donnée), ainsi que la « vertu de la pierre » : la solidité, la résilience.     Pratiques Contemporaines   Le Livre des Voix   Le livre des voix est ce que les nains ont de plus proche d’un texte sacré. Il ne s’agit pas d’un seul livre, mais d’un corpus de textes immenses qui rassemble les chroniques de tout un peuple. Chaque clan, presque chaque famille, possède son propre Livre des Voix, qui rassemble les actions importantes de ses propres ancêtres, et y consigne sans cesse de nouveaux hauts faits. Poèmes, sagesse, proverbes, sentences, avertissements, problèmes philosophiques, récits d’expériences, chroniques de guerre ou biographies, ces compositions sont uniques et se veulent inspirantes pour les générations futures.   Chaque cité possède son Livre ou sont consignées les hauts faits des ancêtres qui ont affecté la ville : ce sont les juristes et les fonctionnaires civils qui s’en occupent. Une fois par siècle, les érudits nains les plus éminents se réunissent et amendent, si cela est jugé nécessaire, le Grand Livre des Voix, recueil devenu presque cryptique des récits les plus anciens et les plus universels, des hauts faits et des grandes hontes qui ont fait du peuple nain dans son ensemble ce qu’il est aujourd’hui.   Certains de ces passages sont si anciens que peu savent encore ce qu’ils veulent dire et qu’ils sont ouverts à l’interprétation. D’autres sont très clairs, notamment ceux concernant les Vetalas et Turrau. Les maximes et proverbes sont les passages avec lesquels tous les enfants nains apprennent à lire et écrire, et les aventures des héros de jadis les passages préférés des enfants… même si beaucoup préfèrent les romans et les ouvrages profanes, de nos jours.   Des passages du Livre sont appris par cœur et récités, car l’apprentissage oral est le moyen de transmission idéal pour les savoir-faire chers aux nains : les nains estiment beaucoup la Voix, et donc la transmission par cœur grâce à des chants rythmiques, des rimes et des routines mnémotechniques. C’est principalement ainsi que sont formés les célébrants, le « clergé nain ». Il est considéré comme étrange de lire le Livre des Voix silencieusement, car il est fait pour résonner : il est le dernier écho de la Voix des ancêtres de tous les nains.   Avoir un ancêtre cité dans le Grand Livre des Voix est un honneur immense, s’y trouver soi-même de son vivant n’est arrivé que deux fois dans toute l’histoire des nains. Être rayé du Livre est, de la même manière, un affront terrible : cela signifie que ce nain ne fera plus écho, ne sera plus dit, que son âme même s’éteindra !   Le temple, l’assemblée et la crypte   Les lieux de cultes les plus importants sont construits avec à l’esprit les conseils de ceux parmi les nains qui sont capables de percevoir les lignes ley qui courent au fnd des montagnes, tels des filons de magie. Néanmoins, la plupart des temples courants sont construits là où l’on a besoin d’eux pour les assemblées et les cérémonies.   Les premiers temples nains étaient des cavernes naturelles oblongues ou le regard pouvait se perdre dans les ténèbres et laisser « écouter l’intangible », imaginer l’invisible. Chaque temple depuis possède une acoustique idéale pour laisser le chant de la congrégation et des célébrants se développer. Dans les temps anciens, les temples étaient enténébrés en permanence, mais cela n’est plus vrai depuis bien longtemps.   Le Temple Nain typique est aujourd’hui un bâtiment en longueur ou en coin, construit comme une halle, assez vaste pour que l’écho s’y propage, et dont le fond reste dissimulé derrière un angle, ou se trouve à plus de 20m des premiers bancs. Cela est nécessaire pour que le célébrant qui figure les ancêtres ou la Voix de l’intangible soit « dans les ténèbres », symboliquement, lors des quelques cérémonies annuelles se déroulant entièrement dans l’obscurité (Fête des ancêtres, cérémonies funéraires ou autres). Les piliers y sont une nécessité, de même qu’un Diapason d’Huis.   Il s’agit d’un ou plusieurs piliers spéciaux (n’ayant pas forcément une forme particulière), de statues, ou stalagmites dans les temples aménagés dans des lieux naturels, que les nains qui entrent en dehors des cérémonies frappent d’un outil quelconque (qu’ils ont toujours sur eux, puisque tous les nains qui se respectent sont des artisans) ou, à défaut, de leur phalange. Le son émis se réverbère dans le temple et fait vibrer d’autres diapasons qui entrent en résonance, fait « chanter la pierre » et annonce l’intention du nain de prier. On peut mettre fin aux vibrations volontairement, mais il est courant que les réverbérations de la pierre ne cessent jamais dans les temples, créant une ambiance qui incite au mysticisme et à la concentration. On y donne parfois des concerts « à ténèbres », ou les bougies sont éteintes progressivement pour laisser la musique envahir l’espace, et s’écouter dans le noir.   L’Assemblée est un bâtiment nain considéré comme un Grand Temple, possédant lui aussi un Diapason, mais conçu pour les prêches « visibles » et les réunions civiques. Il est en forme d’amphithéâtre ou de cirque, octogonal. Les cinq faces « avant » de l’octogone, dans le cas d’un amphithéâtre, ou les huit faces dans le cas d’un cirque, possèdent toutes un premier rang ou les participants sont assis à une table. Un pupitre surélevé est ménagé de sorte que tous puissent voir celui qui discours ou fait office de président de séance. L’acoustique est évidemment parfaite.   Lorsque les nains protestent ou souhaitent mettre fin à un discours, ils se lèvent et vont frapper de leurs outils (ou de leurs armes) les Diapasons d’Huis afin de couvrir les voix des orateurs. C’est dans de tels lieux, à différentes échelles, que se déroulent les réunions de quartier, de syndicats, les conseils de clans (le chef de clan est assis à la table centrale, et son clan est assis derrière lui), les conseils du Roi sous la Montagne, et la célèbre Assemblée de Grimbuldur.   Les cryptes naines, formant parfois de véritables nécropoles, sont de longues salles bordées de gisants, tombeaux ou alcôves. Chaque clan possède sa propre crypte, voire plusieurs (une dans chaque ville), et il existe des cryptes publiques ou les familles ont des concessions. Les morts y sont entreposés, et on peut « venir chercher leurs conseils ». Pour cela, on frappe le Diapason d’Huis ou même le sarcophage de l’ancêtre en question, et (si l’artisan a bien fait son travail), le miracle se produit : la pierre du sarcophage chante, et les sarcophages autour de lui entrent en résonance, créant l’illusion que les ancêtres « fredonnent ».   Dans les grandes demeures naines, les clans font construire une « chambre d’écho » isolée du reste de la maison. Lorsqu’on y ferme la porte, on n’entend plus les bruits de la maisonnée et on est dans l’obscurité, avec les statuettes de ses ancêtres ou des objets qui les représentent. Souvent, de l’eau y coule, ou la pièce possède son propre Diapason et ses propres relais de résonance. Les ancêtres ne sont pas physiquement présents, mais il n’importe : le lien du cœur suffit. C’est dans cette pièce que l’on peut méditer au calme et quérir les Voix.   Les célébrants, le clergé nain   Peu de cités naines ont encore un clergé attitré, reliquat de l’époque Impériale. Les célébrants publics sont choisis parmi les notables de chaque clan, quartier ou communauté, cooptés par les anciens célébrants à qui ils confèrent leur titre. La plupart sont des gens à la retraite ou en deuxième carrière. De plus, c’est presque toujours le chef d’un clan, le chef de famille, le chef d’une mine ou quelqu’un de « concerné » qui célèbre au premier chef (y compris avec chants, récitations et lecture du Livre des Voix) les cérémonies des naissances, mariages, majorité, enterrements, consécrations... Même lorsqu’il est préparé ou guidé par un célébrant plus « professionnalisé », il a un rôle prépondérant, et la société naine estime que n’importe quel nain suffisamment haut placé dans son clan doit savoir faire ce genre de chose.   Selon les cités, une caste particulière peut avoir la responsabilité des offices et des homélies, de même que les cérémonies. Il s’agit généralement des juristes ou des archivistes, mais il arrive que cela soient les maîtres des runes (magiciens ou équivalents). Dans la cité de Xarkul, il s’agit des militaires, et dans la cité de Mundun, il s’agit des mineurs. La cité de Grimbuldur forme des célébrants de toutes les familles, sans considération de clan, mais, quelle que soit la cité, personne ne peut devenir célébrant sans avoir reçu une formation poussée de la part des maîtres de cette discipline.   Cette caste, ou ces clans, ont de fait l’obligation légale et sociale de fournir des célébrants relativement experts, des gens pour s’occuper de l’entretien des temples, et des érudits pour discuter le Livre des Voix. Pour le présent article, on les appelle par le nom générique de « célébrant », mais ils possèdent les titres les plus divers : Chantre, Arbitre, Enseignant, Juriste, Archiviste, Lecteur, Bedeau… ceux qui se consacrent au métier de célébrant sont les conseillers, les philosophes éthiques, les juges respectés de leurs clans. C’est une activité souvent féminine, particulièrement pour ce qui est des naissances, des conseils de vie et des décès : les femmes, quelle que soit l’espèce, sont toujours celles qui accouchent les âmes.   Il existe aussi des familles naines spécialisées dans les rites funéraires et l’entretien des tombes : on appelle ces fossoyeurs « parleurs aux ancêtres ». Ils n’interviennent que lors des cérémonies funéraires et se tiennent traditionnellement en silence lors des offices.   Cérémonies et rites   Le rite le plus courant est la lecture mensuelle d’un passage du Livre des Voix, choisi pour l’homélie du jour. Elle n’est pas toujours récitée par le même célébrant, et c’est souvent cette homélie précède une réunion de quartier, d’atelier, de syndicat… pour laquelle l’homélie fait office d’ordre du jour, de rappel de l’actualité, de conseils de sagesse et d’exhortation. Nombreux sont les nains qui, de nos jours, abandonnent ces réunions lorsqu’il n’y a pas d’urgence particulière.   Les nains célèbrent en revanche volontiers toute naissance, engagement, accession à la majorité civique, mariage, fin d’apprentissage, victoire ou autre haut fait qui doit s’accompagner obligatoirement d’une inscription dans les registres de la communauté par les gens de loi (qui, par bonheur, sont justement très souvent la « caste cléricale » parmi les nains) et que le chef de famille officialise. Ces cérémonies sont accompagnées de récitations par le concerné (lorsqu’il est en âge), et l’occasion d’ajouter de nouvelles tresses à sa barbe.   Il en va de même pour les enterrements. La toilette du mort se déroule, elle, en silence : on lave le défunt et on lui peigne la barbe, la tressant de manière à illustrer sa vie. On y place des bijoux capillaires de pierre ou de bois, reproductions symboliques très ouvragées des perles de barbes précieuses qui seront léguées aux descendants en souvenir. Le mort est ensuite recouvert d’un linceul, tête comprise, car seuls les esprits de l’après-vie ont désormais le droit de « lire sa barbe ». Cette coiffure du mort, souvent la plus élaborée que portera jamais le nain alors qu’elle n’est vue que de ceux qui la font, est agencée par les plus proches parents, voire simplement l’héritier ou le conjoint.   On enterre le défunt après une courte veillée, ou un de ses ancêtres défunts est supposé venir sous la forme d’un écho escorter sa Voix et la guider dans les galeries mystérieuses du « monde intangible », que les nains appellent « le labyrinthe ». Ce qui se passe après, les nains disent qu’il ne leur appartient pas de le savoir.
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