Quinn
Quinn
À travers l’histoire, il y a eu certains choix et évènements qu’on peut associer au début d’une mauvaise ère. Pour moi, je n’ai pas eu ce choix, ma descente dans la noirceur a commencé dès ma naissance. Mes parents faisaient partie d’un culte voué à Nartyl. Dès la petite enfance, les enfants des cultistes étaient arrachés à leur parents pour êtres éduqués, afin de devenir d’autres membres parfaits de ce culte. Notre leader était une force de l’ombre. On ne le voyait jamais et ses ordres étaient toujours transmis par ses subordonnés. Il croyait en une grande apocalypse amenée par Nartyl, qui causerait la mort de tous sur le continent. Notre devoir était de joindre des gens à notre cause pour que le dieu de la mort nous épargne et amène nos âmes vers la salvation. Pour ceux qui refusaient, leur mort immédiate était la seule chance qu’ils avaient d’être sauvés. Nous étions donc entrainés pour être de bons émissaires, mais surtout de bons meurtriers, car la plupart des gens sensés refusaient de se joindre à nous.
Dans les débuts de mon entrainement, là où les autres jeunes brillaient par leur force ou leur éloquence, les hauts placés du culte ont rapidement vu que c’était surtout mon intelligence qui brillait. À travers mon adolescence, j’ai été formé pour devenir un prêtre (warlock) de Nartyl. À mes 18 ans, lorsque j’ai été jugé prêt, ils m’ont envoyé tuer ma première personne : un maire d’un petit village près de nous qui nous avait interdit de venir prêcher notre « bonne » parole. C’est ce jour qui marque le premier meurtre d’innocent que j’ai sur la conscience.
Dès ma première victime, une marque s’est mise à apparaitre sur mon visage. Une espèce de grand tatouage d’une cicatrice noire passant de ma joue gauche jusqu’à mon front. Les hauts placés ont vu cela comme un signe que j’étais spécial et m’ont poussé à parfaire mes pouvoirs et mon expertise. À travers quelques années, j’ai tuée plusieurs personnes au nom de mon culte, dont la plupart étaient probablement innocents.
Mon histoire change quand j’ai réalisé la conséquence de mes actes. Lors d’une de mes missions, j’étais passé par une petite maison d’ermite dans les bois proche d’un chemin. J’étais rentré pour convaincre la femme qui y résidait de venir avec moi pour atteindre la salvation, mais devant son refus catégorique, j’ai été obligé de la tuer pour lui épargner l’apocalypse. Je croyais qu’elle était seule, mais le bruit de son corps tombant au sol a alerté un jeune enfant. Le pauvre s’est jeté sur son corps inerte en pleurant, prêtant à peine attention à moi. C’est là que la réalité m’a rattrapé. Je n’avais jamais tué d’enfant encore et je n’avais jamais considéré comment mes meurtres pouvaient impacter la vie des autres. Combien de familles avais-je détruites? Combien d’orphelins avais-je créé? Combien de gens devaient me détester pour ce que j’avais fait à leurs proches? S’en était trop pour moi. J’ai lancé ce que j’avais comme argent aux pieds du gamin qui pleurait toujours et j’ai tout abandonné comme un lâche. Je savais que s’ils me retrouvaient ils me tueraient pour avoir perdu foi alors j’ai couru le plus loin possible en espérant jamais revoir ceux qui étaient précédemment ma famille.
J’ai passé des mois à voyager à travers le continent, en mendiant pour survivre tout en essayant de cacher la marque que je portais avant avec fierté, mais qui est maintenant un rappel permanent des horreurs que j’ai commises. Au fil de ces jours, j’ai vu des vraies personnes vivre leur vie. J’ai vu des familles heureuses et des gens de toutes sortes de religions. J’ai rapidement réalisé que tout ce que j’avais vécu depuis mon enfance n’était que subterfuge et endoctrinassions. Ma vraie salvation arriva quand je suis tombé sur les prêtres de Raxea. J’ai vu qu’ils menaient une vie plus ou moins anonyme avec comme but d’aider les autres. Le masque de leur uniforme pouvait cacher mon horrible marque et leurs valeurs me promettaient un chemin vers la rédemption pour tout ce que j’avais fait. Je suis rentré dans leur ordre en leur disant que j’avais tout perdu par ma faute et que je cherchais la rédemption. C’était assez pour les convaincre et j’ai passé plusieurs années à apprendre leurs voies de soigneurs et à me cultiver dans leur bibliothèque non teintée par le biais de mon culte. Après quelques années de service, ma dévotion a été jugée assez forte que Raxea m’accorda sa bénédiction et me permit de puiser dans son pouvoir comme les autres prêtres accomplis de mon temple. Je ne me considère pas comme le plus fervent croyant de Raxea, mais j’imagine que les actions que je prenais dans le but de me repentir étaient assez pour recevoir cette bénédiction.
Maintenant, je travaille chez les Aeresius comme médecin et érudit. Un médecin de Raxea est assez prisé chez les grandes familles, je pourrais probablement m’en tirer une bonne paye mais je n’accepte qu’une paye de subsistance, à la grande déroute de mes employeurs et de ceux ayant des postes similaires au mien. J’espère que ce service me permettra de me racheter pour tout ce que j’ai fait. Même si le pouvoir de Nartyl a grandement baissé en moi, je porte toujours cette marque sur mon visage et je sens toujours sa présence. Même si sans cette puissance je suis beaucoup plus faible que je l’étais auparavant, j’essaie de ne jamais y faire appel, mais elle sort parfois d’elle-même dans des moments de stress. J’espère fort que ce pouvoir n’attirera plus jamais l’attention de Nartyl ou du culte, mais pour le moment, je vis dans la peur de cette éventualité.
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