Les Résistants du Périsert - E02

Personnages présents
Harald Simono Duretello Jean José Cynjack

General Summary

Acte 3 – Les gnons font la force

Kiba remercia chaleureusement nos braves héros qui avaient réduit en charpie la famille demi-ogre. Bien que leurs méthodes fussent, pour le moins, questionnables, leur aide avait été la bienvenue. Cependant, le traitement que Jean avait réservé à Pitchoune, la fille demi-ogresse, avait perturbé la moine et celle-ci décida de continuer sa route toute seule. Peut-être que leurs chemins se recroiseraient plus tard, s’ils vivaient encore… mais en cette période troublée rien n’était moins sûr.

Nos trois compères, malgré leur frénésie, finirent par s’épuiser à force de courir. Ils n’avaient rien bu, ni mangé depuis l’après-midi et il était déjà trois heures du matin. Mais soudain, Simono sentit une douce odeur venant d’un bosquet sur le bord de la route. Ils s’approchèrent et virent un homme en train de cuisiner, le fumet s’échappait de sa marmite dans laquelle mijotaient quelques pièces de gibier (faisandé). Il y avait là un grand gaillard, armé de deux épées à sa ceinture et d’une côte de maille sous son tablier.

- Allons, allons, venez ! Z-z’ai fait un peu trop à manger il y en a pour tout le monde. dit le cuisinier.
- Que fais-tu sur cette route ? C’est toi qui as tué Jasmine ?! s’enquit Harald.
- Zasmine ? Non, ze ne connais pas de Zasmine. Ze n’ai tué p-p-personne. Ze suis un grand guerrier, du moins c’est ce que ma mère m’a demandé de devenir avant de me mettre à la porte.
- Qu’est-ce qui me prouve que tu ne l’as pas tuée ?!! s’enragea Harald, prêt à en découdre contre le pauvre voyageur qui n’avait rien demandé.
- Mais non ! Ze n’ai rien fait ! Z’étais ici en train de cuisiner. Moi ze voulais être cuisinier, pas guerrier. Mais mon papa m’a dit que maintenant que z’avais dix-sept ans ze devais chercher la gloire. Mais si ze me fais tuer, ze pourrais plus cuisiner.
- Hum, intervint Simono, il a pas l’air d’être le responsable de ce qui est arrivé à Papoune et Mamoune… Et ça sent bon ce qu’il fait. Tu cuisines quoi ? Comment tu t’appelles ?

L’homme expliqua qu’il s’appelait José, de la famille Finlanj, né d'une mère naine et d'un père humain. Il avait récupéré des morceaux de viande dans un placard il y a quelques semaines et il avait tout mis dans la marmite. La marmite en question qui, alors qu’ils discutaient, avait attiré Jean la bête sauvage. Ce dernier s’était discrètement jeté sur le ragoût et était en train dévorer son contenu comme un animal.

La scène était suffisamment grotesque ainsi, mais c’était sans compter l’arrivée discrète d’un cinquième homme. Cynjack, que personne n’avait vu venir. Discret comme un insecte rampant, il s’était faufilé, servi une écuelle et s’était installé sur un tronc d'arbre près du feu pour la manger.

- Eh, mais tu es qui toi ? lui lança Simono lorsqu’il remarqua sa présence.
- Qu’est-ce que ca peut te faire ? répondit l'étranger indifféremment.

La réponse de l’homme encagoulé prit de court le reste du groupe. Effectivement, qu’est-ce que cela pouvait leur faire ? manifestement, cela ne leur faisait rien, et les cinq hommes finirent par se coucher tous ensemble près des braises après avoir mangé le repas d'un homme dont ils venaient de faire connaissance. Afin de rester parfaitement cohérent avec leur stratégie de survie qui consistait à faire confiance à l'univers, ils n'organisèrent pas de tour de garde.

Par un concours de circonstance absolument improbable, ils ne moururent pas cette nuit et se réveillèrent de bonne humeur le lendemain matin ! Sauf pour Simono qui avait été pris d'assaut par les morpions de Cynjack (il semblait que celui-ci et les bestioles entretenaient une relation privilégiée) et dont les aisselles le démangeaient cruellement. Quoi qu'il en soit, le soleil était déjà haut et nos héros étaient frais et dispo, prêts à en découdre contre quiconque les énerverait pour une quelconque raison (valable ou non) !

Mais alors qu’ils palabraient sur des sujets hautement importants, un chariot tiré par un cheval se fit voir à quelques centaines de mètres du bosquet où ils avaient dormi. Il venait dans leur direction. Le groupe l’observa jusqu’à ce qu’il arrive à leur hauteur. A ce moment précis, Harald se mit au milieu de la route et arrêta le convoi, prêt à tuer ses occupants s’ils avouaient le meurtre de Jasmine.

Malheureusement ils ne confessèrent pas le crime et il n’y avait pas de raison de les tuer. Pourtant le barbare avait très lourdement tenté de leur faire avouer ! Mais Harald était futé, en tout cas il l’était par rapport au reste du groupe, et il n'abandonnait pas aussi facilement. Il voulut en savoir plus sur qui étaient les deux personnes qui conduisaient ce chariot. Le premier, un homme à la barbe grise épaisse et aux traits francs, tenait les rênes. Il s’appelait Sefris et le chariot lui appartenait. Le second, un certain Mérik, était un homme au visage étroit qui portait un chapeau pointu noir. Il parlait d’une voix mielleuse et se présenta comme un simple passager de Sefris.

Mérik


Exaspéré par ces deux voyageurs qui prétendaient n’être en rien responsables de la mort de Jasmine, Harald tira le drap qui recouvrait la marchandise de Sefris. Il ne fut pas déçu par ce qu’il trouva, une vngtaine d’armes : épées, arc, lances… disposées en vrac dans la remorque. La plupart étaient en mauvais état, mal aiguisées ou présentant des traces de rouilles, mais pour sûr elles pouvaient toujours servir à tuer un Néruvien.

« Bien, dit Sefris sans attendre qu’on lui demande l’origine de sa cargaison, vous m’avez l’air d’être de bons gars. Vous cherchez à venger les habitants de Timanor. Je peux vous dire la vérité. Ces armes viennent d’Anthir et je les transporte pour armer ceux qui voudront se battre parmi les survivants de Timanor.
- Quelle est la situation à Anthir ? Les meurtriers de Jasmine sont-ils là-bas ?
- Il y a une vingtaine de cavaliers en armure qui ont pris le contrôle de la ville. Je n’en ai jamais vu des comme ça, ils ont les yeux plissés et ne parlent pas notre langue. Ils s’adressent à nous seulement à l’aide d’un sortilège de langage.
- Et ils vous ont laissé partir avec vos armes ? demanda Harald.
- Non, évidemment. Nous sommes partis en cachette au milieu de la nuit. Nous avons réuni des armes qui nous auraient été confisquées si elles avaient été découvertes, on les a mises dans ce chariot et je suis parti !
- Qui vous les aurait confisquées ? demanda Harald. Les cavaliers ?
- Non, eux ils sont beaucoup trop puissants pour être inquiétés par quelques épées émoussées. Non, c’est Burovick Lackman, le chef du village. Il savait qu’il allait perdre le pouvoir au profit de son frère Jandar, qui est bien plus populaire que lui. Alors il a profité du chaos causé par l’arrivée des cavaliers pour instaurer la loi martiale et emprisonner son frère.
- Le fourbe, il n’a aucun sens de la famille ! intervint Simono.
- Si vous allez à Anthir et que vous voulez causer du tort à ces brigands, vous devriez essayer de libérer Jandar, autrement, vous pouvez venir avec moi. J’aurais fort besoin d’une escorte pour livrer ces armes à bon port.
- Ou alors, continua Mérik de sa voix mielleuse, vous pouvez venir avec moi. Je cherche des aventuriers pour m’aider dans ma quête. Je ne vous promets pas d’or, mais des armes très puissantes. Cela ne vous intéresserait-il pas ? Des aaaaaarmes... Pour tueeeeeer...
- Une quête ? Vous vous battez pour une cause ? Vous cherchez à employer des combattants ? demanda Cynjack avidemment.
- Ouiiiii, tout à fait je cherche de braves gaillards tels que vous pour m’aider à nettoyer une vieille mine Duergar. Je pense qu’elle est infestée de bestioles qui ont pris le contrôle des lieux. Cette mine contient un filon très particulier. Si vous arrivez à la délivrer, vous aurez accès à toutes les armes forgées que vous trouverez. Il y en aura beaucoup.
- Mais qu-qu-quel est votre intérêt si nous prenons tout ? interrogea José.
- Oui, vous prenez absolument tout ce que vous trouverez là-bas, y compris les armes magiques… mais ! mais je me réserve l’entièreté des droits d’exploitation du minerai de la mine. Une fois la mine nettoyée vous disparaissez. C’est assez honnête n’est-ce pas ? »

Les cinq comparses prirent une minute pour discuter ensemble des options qui s’offraient à eux. Partir à Anthir pour venger Jasmine, Papoune, Mamoune et Maga la chienne, se battre pour une cause et devenir un héros de guerre ? ou prendre un peu de recul, se faire des alliés et mieux s’armer pour frapper avec plus de force ?

Après moult discussions —non retranscrites ici pour la santé mentale du lecteur— ils décidèrent d’escorter le chariot jusqu’à Timanor. Sur la route ils ne rencontrèrent pas de difficulté particulière et ils arrivèrent en fin de journée au village en ruine qu’ils avaient quitté la veille. Sefris, pour sa part, décida de suivre les traces des survivants et de laisser le groupe. Il se dirigea vers les collines des trolls, tandis que nos aventuriers et Merik restèrent dans le village pour passer la nuit. Le lendemain ils poursuivraient leur route vers la mine.

Mais quelque chose clochait dans le village, des murmures se faisaient entendre entre les murs, comme si les morts hantaient ce lieu. Pourtant les habitants, avant de partir, avaient allumés des brasiers pour offrir une crémation à ceux qui étaient tombés. Cynjack n’était pas à l’aise et il ne put s’empêcher de faire une ronde avant de monter le camp. Les murmures s’intensifiaient mais étaient impossibles à localiser. Le groupe décida tout de même de s’installer sur la place du village pour y manger et s’y coucher.

La nuit était déjà tombée depuis quelques heures et le groupe dormait quand Cynjack et Simono, qui montaient la garde, entendirent un bruit. Cela semblait être un simple bruissement du vent, mais ils savaient au fond d’eux que c’était bien plus que cela. Autour d’eux les couleurs devenaient fades et le froid s’emparait de leurs os. Soudain, la mâchoire de Simono se figea, comme prise dans un étau tandis que les membres de Cynjack se mirent à trembler. Ils eurent à peine le temps de voir un éclair vert se jeter sur Jean qui dormait. Celui-ci fut pris d’un spasme et il se leva, le regard vide et les yeux ensanglantés. Les deux veilleurs n’en purent plus, c’était comme si une force supérieure leur criait dans l’oreille de s’enfuir, et c’est ce qu’ils firent.

La scène qui s’ensuivit fut sanglante, Jean attaqua José dans son sommeil et de ses griffes il lui perça la peau. José eut tellement de mal à faire face, malgré ses efforts et sa tentative de combattre, que quelques secondes plus tard il retomba à terre dans une mare de sang. Quant à Harald, dès son réveil il avait aperçu deux morts-vivants s’approcher du camp et il les chargea. Il mania sa hache sur les cadavres puants, mais les deux corps étaient farouches. Heureusement pour le groupe, Mérik fit preuve de ressources insoupçonnées. Il finit par libérer de leur terreur Cynjack et Simono grâce à une prière divine et il utilisa sa magie pour soigner José. Quand enfin cela fut possible, il lança un sortilège pour révéler le spectre invisible qui avait semé le chaos dans le camp. C’était lui qui avait effrayé les deux veilleurs et qui possédait le corps de Jean.

Le combat fût extrêmement ardu, mais Simono réussit enfin à donner le coup de grâce au spectre et nos héros sortirent encore une fois victorieux de l’escarmouche. Le calme retomba enfin dans le village et nos compagnons reprirent leur souffle. Mérik semblait plus versé dans les arts occultes que ce qu’il avait précédemment laissé entendre. Il expliqua que le massacre des villageois avait donné naissance à des fantômes et des zombies, mais que village était à présent sûr car l’incarnation de l’esprit de vengeance avait été vaincue.

Le groupe n’était cependant pas encore au bout de ses peines. Harald, Jean et José regardèrent avec effrois leurs deux autres camarades. Leurs traits avaient changé et ils avaient devant eux deux vieillards. Bien que leur force ne semblât pas avoir changé, leur apparence était telle qu’on eut dit qu’ils avaient tous les deux vieilli d’une quarantaine d’années.

Le nouveau Simono Le nouveau Cynjack
« Ah ca ! s’exclama Mérik. C’est le risque quand on combat contre ce genre de spectres. De toutes façons les aventuriers ne vivent jamais très longtemps. Ca ne changera pas grand-chose pour vous ! »

Récompenses Accordées

1000xp chacun
Date du Rapport
13 Mar 2021

Entracte – Actes de guerre

Les habitants du Périsert l’ignoraient encore, mais la guerre était à leurs portes. L’Empire Boréal venait de débarquer et de prendre le contrôle de l’Archipel du Mirage. Luth, la générale boréale en charge de l’opération, avait déjà réuni plusieurs milliers de soldats sur l’archipel et ils se déverseraient bientôt sur toutes les côtes de la Baie d'Argent.

Un groupe de soldats Abrasien, fidèles au roi Irka Cyri'Andil, ont réussi à fuir l’Archipel du Mirage. Leur retraite fut permise par le baroud d’honneur de Parangon Sildden, un héros dont le sacrifice inspirerait des générations entières d’Abrasiens bien après sa mort.

Quoi qu’il en soit, ces soldats qui avaient réussi à fuir l’archipel se donnèrent pour mission d’informer le roi au plus vite de l’attaque imminente de l’Empire. Mais Luth savait que l’effet de surprise était déterminant pour sa victoire. Par conséquent, elle envoya un détachement, composé d’une de ses plumes, Fuong Zhe, pour anéantir les fugitifs. Ce détachement, composé de vingt cavaliers prit d’assaut Kalamtor. Le château fût réduit en cendres et la majorité des habitants furent massacrés. Quant aux soldats fugitifs, presque tous furent tués, mais trois réussirent encore une fois à fuir. Les cavaliers brûlèrent les villages de Madrak et Timanor en tuant encore deux fuyards. Mais le dernier soldat Abrasien était encore vivant et il disposait de nombreuses informations capitales sur l’armée boréale et son organisation.

Les impériaux, ne sachant pas où le chercher, décidèrent de prendre le contrôle de la ville d’Anthir. Celle-ci était la dernière avant le Désert de la Bordure et quiconque souhaiterait quitter le Périsert serait obligé d’y passer. Le chef du village Burovick Lackman, se plia immédiatement aux vingt impériaux (qui étaient légitimement bien plus puissants que toute les forces du village) et profita de la connivence qu’il instaura avec les cavaliers pour établir une loi martiale et faire prisonnier son propre frère. Ce dernier, nommé Jandar, bien plus populaire auprès des habitants d’Anthir, s’apprêtait à prendre le pouvoir. Il fût empêché par son emprisonnement et il croupit à présent dans le cachot au sous-sol de la demeure de Burovik. Certains sympathisants aimeraient le libérer pour qu’il puisse organiser une résistance à la fois aux impériaux et à son frère.

A l’heure où se déroulent ces évènements, personne ne prononce encore le nom de l’Empire Boréal. Ce dernier est inconnu des habitants du Périsert et tout le monde pense que la vingtaine de cavaliers sont des bandits de grand chemin, intéressés par l’argent et le pillage.


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