Araignées irisées
Dans les profondeurs des montagnes, peu de créatures survivent en dehors des plus adaptables, comme le sont les insectes et les arachnides. Parmi ces dernières se trouve une espèce rare et précieuse qui fascine autant qu'elle inquiète.
De taille minuscule, les araignées irisées ont physiquement beaucoup de points communs avec leurs cousines ordinaires. Un petit corps dodu, huit longues pattes fines et agiles, des chélicères acérées et des paires d'yeux innombrables. Leur abdomen a cependant la particularité de luire de mille reflets colorés quand il se trouve exposé à la lumière. Cette observation n'est en revanche toujours que de courte durée, car les araignées irisées ne supportent aucune forme de lumière et la fuient sans autre considération.
Leur dimension moindre les oblige à s'unir pour se nourrir d'autres proies souterraines. On dénombre ainsi des colonies allant d'une centaine d'individus à plusieurs dizaines de milliers. Ces dernières ne sont cependant pas durables car la nourriture vient généralement vite à manquer face à une progéniture aussi abondante. Le cannibalisme et la transhumance sont les seules solutions à même de pérenniser la colonie.
Les araignées irisées sont hermaphrodites et ne se reposent sur aucune reine pour donner naissance à de nouveaux individus. Chaque araignée peut pondre une dizaine d'oeufs par jour si la nourriture est abondante, lesquels mettent ensuite une semaine pour éclore, puis une autre pour atteindre un stade de maturité leur permettant de se reproduire à nouveau. La durée de vie d'une araignée adulte est mal connue, car les plus faibles sont inéluctablement dévorées par leurs congénères. De la même manière, si la nourriture vient à manquer, une partie des oeufs peut être consommée pour assurer la survie de la colonie en attendant de nouvelles proies, ou pour permettre d'être déplacée dans un autre lieu.
Chaque chapelet d'oeufs est entouré d'un cocon de soie extrêmement fine et résistante qui assure protection et chaleur jusqu'à l'éclosion. Un mince trou est réalisé dans le cocon afin de laisser passer une araignée adulte qui puisse extraire les nouveaux-nés puis pondre à nouveau avant de reboucher le cocon. Ainsi un cocon peut être renouvelé chaque semaine pour une nouvelle couvée. La plus grande particularité de la ponte est qu'elle ne s'opère qu'au creux de cadavres qui sont progressivement dévorés par les adultes comme les plus jeunes, ne laissant comme vestiges que les os et les cocons de soie abandonnés par les araignées qui n'en tirent aucune valeur nutritive. En outre, aucune araignée irisée ne se sert de sa soie pour tisser de toile. Les cadavres se trouvent toujours à l'endroit de leur mort, car les araignées sont incapables de les traîner sur une quelconque distance, trop frêles et chétives pour assurer un mouvement puissant coordonné.
La prédation est lâche, puisqu'elle n'est réalisée que sur des proies de taille bien moindre que la colonie réunie et uniquement lors d'une phase de sommeil des plus grandes bêtes. Les araignées peuvent néanmoins se rabattre sur les charognes de n'importe quelle sorte pour satisfaire leur appétit. Le cannibalisme est souvent privilégié à la prédation si aucune proie viable ne se présente et peut mener à l'extinction de la colonie par manque d'individus, car la capacité de prédation diminue à mesure.
Habitués à la vie en profondeur, les Nains ont réussi à domestiquer ponctuellement cette variété pour en récolter la soie après consommation intégrale des proies et éclosion des oeufs. Ces élevages sont pratiqués dans des lieux éloignés de la civilisation, à la fois pour éviter une invasion d'araignées comme cela s'est déjà produit, et pour se rapprocher des créatures invasives comme le sont les Kobolds qui servent alors de nourriture aux araignées. Celles-ci sont cloîtrées dans un antre d'élevage, caverne étanche et sans lumière où sont traînés les cadavres des ennemis des Nains. Les araignées peuvent alors s'en repaître et multiplier les cocons de soie. Elles finissent le plus souvent par être abandonnées à leur sort quand plus aucune proie ne peut leur être fournie, marquant la fin de la colonie et permettant la récolte de la soie des entrailles.
Comments