Les Sekekers
Dans les plaines du centre ou sur les routes du désert, un danger fait trembler les paysans et les voyageurs aussi bien que les soldats. C’est une chose d’être dépouillé par des brigands en maraude, mais ce que réservent les Sekekers à leurs victimes est largement pire. Surnommées « les furies » par les familles Bathras, ces amazones sont une incarnation de la sauvagerie primaire qui marque encore le continent.
Quelques femmes séduites par la liberté qu’offrent les Sekekers les rejoignent aussi de leur plein gré. Elles sont accueillies avec méfiance, les tribus craignant toujours que des traîtresses souillées par l’homme n’essaient de les infiltrer. De toute façon, celles qui supportent le changement de vie sont rares. Celles-là font de redoutables recrues, qui aident énormément la cause. En amenant des informations, des techniques ou des idées nouvelles, elles évitent aux tribus de se scléroser.
Lors de son adolescence, chaque Sekeker participe à un rite de passage qui laisse de nombreuses traces visibles. Les rites varient, mais les filles subissent le plus souvent l’ablation des seins et l’infibulation. L’excision est moins fréquente, mais loin d’être rare. Entre autres mutilations, on peut trouver le retrait du scalp, les piercings, le marquage au fer, le nez ou les oreilles tranchées. Tout ce qui peut réduire la féminité et l’attrait d’un corps féminin est acceptable aux yeux des furies.
Seules les chrysalides échappent à ces horreurs. Ces filles à la beauté exceptionnelle utilisent leur féminité comme une arme contre l’ennemi de la cause : le mâle. Bien qu’assez rare, elles sont une image marquante de la culture sekeker. Pour beaucoup de civilisés qui n’ont jamais vu de furies, elles sont même l’essentiel du fantasme sekeker. Imaginez leur déception face à la réalité…
Au fil des siècles, les Sekekers évoluèrent et manquèrent plusieurs fois de disparaître. Leur extermination est un des plus vieux rêves des familles Bathras. Lors de l’âge d’or dérigion, elles ne furent plus guère qu’une vague menace aux frontières, et finalement une simple légende. Une fête annuelle de la « fin du fléau » fut même instituée à Sharcot à cette époque.
Pourtant, plus d’un millénaire plus tard, les tribus sont bien réelles et plus vivaces que jamais. Ce sont à présent de petites bandes de combattantes, vivant de pillage et de brigandage.
Elles se sont éparpillées sur de vastes territoires, du nord de la Nation jusqu’aux jungles gadhares. Elles hantent ces terres, perpétuellement en maraude, lançant des raids réguliers vers les zones civilisées et les routes commerciales.
L’idéologie prônée par les Sekekers est très simple. Selon elles, les femmes souffrent d’un véritable esclavage de la part des mâles, partout sur Tanæphis. Les Batranobans sont bien entendu leurs cibles favorites, mais elles ne supportent aucune des civilisations en place. Partout, elles décèlent des complots ou des manigances contre les femmes. Elles sont en guerre contre les mâles, quels qu’ils soient, et se considèrent comme une arme destinée à venger les tortures, les humiliations et l’esclavage supportés par leur sexe depuis l’aube du monde.
La haine, la colère et la vengeance sont les moteurs de ce « peuple ». Les Sekekers sont conscientes qu’elles n’ont pas d’avenir et entendent bien emporter le plus de mâles possible avec elles dans le Néant. Quelques-unes croient profondément au combat féministe. Des rêves de nation sekeker réapparaissent même parfois. Mais le nihilisme et la fureur restent les motivations essentielles de la cause des furies.
La chef d’une tribu est appelée « première » et commande ses sœurs au combat et au quotidien. Chaque première entretient un conseil tribal réunissant ses lieutenants et les doyennes du camp, ou du moins celles qui sont assez saines d’esprit pour aider à la gestion de la tribu. C’est le conseil qui prépare les assauts, décide du chemin à suivre et des cibles à privilégier. Il n’y a pas la moindre trace de démocratie dans ce processus. Le conseil tribal décide seul et ne prend que les avis qui l’intéressent. À la moindre tension dans le conseil, c’est la première qui tranche. Si le conseil ne lui convient plus, elle le change.
Lorsqu’une première est tuée, c’est en général la seconde – son assistante au quotidien – qui prend sa place. Les choses ne se passent pas toujours aussi tranquillement et les combats sont fréquents lors des passations de pouvoir.
Les Sekekers sont avant tout des nomades, généralement montées, et chaque tribu a son propre style, ses petites manies et ses excentricités. Selon les estimations les plus optimistes des gardiens de la route, il existerait plus d’une centaine de tribus sekekers. Les guildes voroziones sont beaucoup moins légères dans leurs comptes, mais gardent leurs chiffres secrets, de peur de terroriser les populations des frontières.
Le style de chaque tribu peut être très différent, comme c’est le cas pour les Gadhars. Cela se ressent dans les apparences, certaines favorisant les armures alors que d’autres apprécient de combattre presque nues. Les montures varient aussi. Tout ce qui se monte et se dresse – même à peu près – est utilisé à un endroit ou à un autre ; les chevaux et les camélidés bien sûr, mais aussi les zèbres, les autruches, les buffles et quelques dinosaures extirpés des jungles. Les armes, les méthodes militaires ou les rites quotidiens varient aussi beaucoup.
Des constantes existent toutefois dans les tribus, notamment sur la manière de trouver de quoi subsister. Pour l’essentiel, les Sekekers vivent de pillage et ont acquis au fil du temps un certain talent pour la chose. Elles savent naviguer dans leurs territoires de maraude, choisissant les villages en fonction de leur état. Elles frappent brutalement, traitant toute résistance sans la moindre pitié. Elles les laissent ensuite se remettre, évitant de provoquer un abandon du village ou une réaction violente de leurs proies. L’équilibre est précaire, mais la plupart des villages alwegs sur lesquels se nourrissent les tribus sont habituées à la situation. Les habitants sont nés avec cette menace, ont perdu des parents au combat ou une petite sœur lors des récoltes.
Lorsqu’elles font une « récolte » de nouvelles recrues, les filles deviennent plus directes, agressives. La survie des Sekekers reposant sur ces opérations, elles sont menées avec soin et sont parfois l’occasion d’une union entre plusieurs tribus. La plupart du temps, les récoltes se font dans des zones connues, où la population est déjà matée. En période difficile ou lorsque des représailles s’imposent, ces assauts peuvent se faire assez loin des terres de chasse habituelles et laissent rarement de témoins. Cela évite qu’une vendetta ne naisse ou que des parents éplorés aillent enquiquiner les autorités. Cela évite surtout que lesdites autorités se fassent une idée précise des effectifs des tribus. Hors de ces récoltes, les filles ne ratent jamais une occasion d’enlever une enfant, que ce soit dans les maraudes, sur les frontières ou dans une caravane.
Quelques érudits à Durville ou à Pôle s’inquiètent en examinant les chiffres de ces enlèvements. Selon eux, il est impossible que cette méthode seule assure le renouvellement de la population des tribus. Des rumeurs courent sur d’autres méthodes de recrutement, des camps de reproduction secrets ou de conditionnement. Parfois, un activiste politique d’un bord ou d’un autre évoque la possibilité qu’une nation adverse puisse aider les furies pour servir ses intérêts. Après un incident diplomatique léger, une engueulade et un assassinat discret, la rumeur s’éteint aussi vite qu’elle est née.
Les Sekekers sont tout sauf des commerçantes. Même entre tribus, elles n’échangent presque pas. Quand une tribu a des besoins, elle s’empare de ce qui lui manque, en utilisant les moyens adéquats. Le vol, la menace et l’attaque directe sont les outils premiers de la survie des furies.
Les assauts sur les caravanes commerçantes permettent aux Sekekers de voler des vivres, des armes et des épices. Ce sont certainement – avec les attaques de plantations – les actions les plus risquées pour les Sekekers, et elles visent donc toujours des proies faciles – trop peu défendues – ou des cibles particulièrement intéressantes. En conséquence, voyager seul pendant une saison de chasse est presque suicidaire. C’est pourquoi beaucoup de caravanes acceptent d’accueillirent des passagers, des aides ou des gardes le temps d’un trajet. La survie passe alors par l’entraide, à moins qu’il ne s’agisse d’augmenter les chances qu’un autre que soi finisse sous le couteau des castratrices.
Il y a peu d’érudites ou de gestionnaires dans les tribus, mais elles disposent en revanche des meilleurs médecins de terrain du continent. Il faut dire qu’avec leurs conditions de vie, elles ne manquent pas d’occasion de s’amocher, le plus souvent gravement. Les Sekekers montrant une disposition pour la chose médicale sont prises en main par une aînée qui leur apprend les ficelles et les gestes du métier. Souvent confrontées aux pires blessures, les filles ont tout le temps de parfaire cet entraînement.
De plus, elles ont une technique assez originale pour compenser leur manque de documentation. Une débutante travaille presque toujours avec un « pose-lame ». Il s’agit simplement d’avoir d’un côté la véritable patiente, et de l’autre un prisonnier ligoté. Au moindre doute sur un point d’anatomie ou la manière dont un organe peut réagir, elle jette un œil à son pense-bête et teste ses gestes sur lui plutôt que de prendre des risques avec sa sœur. Ce n’est pas beau à voir, mais c’est diablement efficace.
Les Sekekers les plus fréquentes sont les maraudeuses, dont nous venons de parler en long et en large. Elles sont l’immense majorité des Sekekers. Elles passent leur vie dans les plaines, alternant les attaques de villages et de voyageurs et la fuite devant les soldats d’un peuple ou d’un autre. Elles ne possèdent que leurs armes, leur tenue de combat et quelques outils simples ; rien de plus, en tout cas, que ce qu’une monture peut transporter, mettant la plupart de leurs biens en commun pour la tribu.
C’est une vie simple, où on n’apprend presque rien de futile. On « naît » sekeker le jour où on est enlevée. On grandit parmi les élèves. On se bat pour la survie de la tribu. On meurt au combat ou de ses blessures. Il n’existe presque aucune bonne raison de quitter ses sœurs, et même en trouvant une Arme, bien peu de filles choisissent de rejoindre le monde « normal ».
Les chrysalides sont des Sekekers choisies dès leur plus jeune âge pour leur beauté et leur grâce naturelles. Confiées à des formatrices, elles grandissent en apprenant à utiliser leur corps pour troubler et influencer n’importe quel adversaire. Elles ne subissent aucune des mutilations les plus visibles, et même l’infibulation est pratiquée le plus discrètement possible. Les chrysalides forment une élite guerrière, capable des missions les plus difficiles. Assaut commando, infiltration et reconnaissance, enlèvement ou meurtre en zone ennemie, elles héritent de nombreuses tâches inaccessibles au commun de leurs sœurs.
Les cavées vivent dans les rares camps sédentaires que les Sekekers ont installés. Ces « caves » se trouvent dans les grandes forêts du continent et sont l’un des plus grands secrets des Sekekers. C’est ici que se réfugient les tribus décimées ou celles qui ont joué de malchance durant leurs derniers raids. C’est aussi dans les caves que les chrysalides commencent leur formation et qu’on échange renseignements, nouvelles et compétences.
Population
Les Sekekers ne sont pas un peuple à proprement parler. Ce sont des guerrières misandres qui pratiquent le vol d’enfant et l’enlèvement pour grossir leurs rangs. De nouvelles filles rejoignent donc les tribus en provenance de toutes les terres qu’elles menacent. Le gros de la population est actuellement de type alweg, batranoban ou vorozion. Les Sekekers d’origine gadhare sont un peu plus rares, fruit de rapts d’esclaves ou de combats contre des tribus de l’orée.Quelques femmes séduites par la liberté qu’offrent les Sekekers les rejoignent aussi de leur plein gré. Elles sont accueillies avec méfiance, les tribus craignant toujours que des traîtresses souillées par l’homme n’essaient de les infiltrer. De toute façon, celles qui supportent le changement de vie sont rares. Celles-là font de redoutables recrues, qui aident énormément la cause. En amenant des informations, des techniques ou des idées nouvelles, elles évitent aux tribus de se scléroser.
Lors de son adolescence, chaque Sekeker participe à un rite de passage qui laisse de nombreuses traces visibles. Les rites varient, mais les filles subissent le plus souvent l’ablation des seins et l’infibulation. L’excision est moins fréquente, mais loin d’être rare. Entre autres mutilations, on peut trouver le retrait du scalp, les piercings, le marquage au fer, le nez ou les oreilles tranchées. Tout ce qui peut réduire la féminité et l’attrait d’un corps féminin est acceptable aux yeux des furies.
Seules les chrysalides échappent à ces horreurs. Ces filles à la beauté exceptionnelle utilisent leur féminité comme une arme contre l’ennemi de la cause : le mâle. Bien qu’assez rare, elles sont une image marquante de la culture sekeker. Pour beaucoup de civilisés qui n’ont jamais vu de furies, elles sont même l’essentiel du fantasme sekeker. Imaginez leur déception face à la réalité…
Politique
Selon la légende, les Sekekers sont nées d’une révolte en terres batranobanes. Lors de la guerre des cendres, des prostituées et des filles d’esclaves profitèrent d’une attaque sur Sharcot pour se révolter contre leurs bourreaux. Menées par une catin nommée Adélie, elles soulevèrent une bonne partie de la population féminine et parvinrent à prendre la citadelle, massacrant plusieurs grandes familles. Lorsqu’elles quittèrent la ville, six d’entre elles étaient devenues porteuses d’Arme. Elles se séparèrent en autant de troupes, formant les premières tribus de maraudeuses sekekers.Au fil des siècles, les Sekekers évoluèrent et manquèrent plusieurs fois de disparaître. Leur extermination est un des plus vieux rêves des familles Bathras. Lors de l’âge d’or dérigion, elles ne furent plus guère qu’une vague menace aux frontières, et finalement une simple légende. Une fête annuelle de la « fin du fléau » fut même instituée à Sharcot à cette époque.
Pourtant, plus d’un millénaire plus tard, les tribus sont bien réelles et plus vivaces que jamais. Ce sont à présent de petites bandes de combattantes, vivant de pillage et de brigandage.
Elles se sont éparpillées sur de vastes territoires, du nord de la Nation jusqu’aux jungles gadhares. Elles hantent ces terres, perpétuellement en maraude, lançant des raids réguliers vers les zones civilisées et les routes commerciales.
L’idéologie prônée par les Sekekers est très simple. Selon elles, les femmes souffrent d’un véritable esclavage de la part des mâles, partout sur Tanæphis. Les Batranobans sont bien entendu leurs cibles favorites, mais elles ne supportent aucune des civilisations en place. Partout, elles décèlent des complots ou des manigances contre les femmes. Elles sont en guerre contre les mâles, quels qu’ils soient, et se considèrent comme une arme destinée à venger les tortures, les humiliations et l’esclavage supportés par leur sexe depuis l’aube du monde.
La haine, la colère et la vengeance sont les moteurs de ce « peuple ». Les Sekekers sont conscientes qu’elles n’ont pas d’avenir et entendent bien emporter le plus de mâles possible avec elles dans le Néant. Quelques-unes croient profondément au combat féministe. Des rêves de nation sekeker réapparaissent même parfois. Mais le nihilisme et la fureur restent les motivations essentielles de la cause des furies.
La chef d’une tribu est appelée « première » et commande ses sœurs au combat et au quotidien. Chaque première entretient un conseil tribal réunissant ses lieutenants et les doyennes du camp, ou du moins celles qui sont assez saines d’esprit pour aider à la gestion de la tribu. C’est le conseil qui prépare les assauts, décide du chemin à suivre et des cibles à privilégier. Il n’y a pas la moindre trace de démocratie dans ce processus. Le conseil tribal décide seul et ne prend que les avis qui l’intéressent. À la moindre tension dans le conseil, c’est la première qui tranche. Si le conseil ne lui convient plus, elle le change.
Lorsqu’une première est tuée, c’est en général la seconde – son assistante au quotidien – qui prend sa place. Les choses ne se passent pas toujours aussi tranquillement et les combats sont fréquents lors des passations de pouvoir.
Mode de vie
Les tribus comptent généralement entre cent et trois cents filles, souvent accompagnées d’un troupeau de mâles castrés et lobotomisés. Ces « baveux » ont une foule d’utilités, et présentent l’avantage qu’on ne risque pas de s’y attacher.Les Sekekers sont avant tout des nomades, généralement montées, et chaque tribu a son propre style, ses petites manies et ses excentricités. Selon les estimations les plus optimistes des gardiens de la route, il existerait plus d’une centaine de tribus sekekers. Les guildes voroziones sont beaucoup moins légères dans leurs comptes, mais gardent leurs chiffres secrets, de peur de terroriser les populations des frontières.
Le style de chaque tribu peut être très différent, comme c’est le cas pour les Gadhars. Cela se ressent dans les apparences, certaines favorisant les armures alors que d’autres apprécient de combattre presque nues. Les montures varient aussi. Tout ce qui se monte et se dresse – même à peu près – est utilisé à un endroit ou à un autre ; les chevaux et les camélidés bien sûr, mais aussi les zèbres, les autruches, les buffles et quelques dinosaures extirpés des jungles. Les armes, les méthodes militaires ou les rites quotidiens varient aussi beaucoup.
Des constantes existent toutefois dans les tribus, notamment sur la manière de trouver de quoi subsister. Pour l’essentiel, les Sekekers vivent de pillage et ont acquis au fil du temps un certain talent pour la chose. Elles savent naviguer dans leurs territoires de maraude, choisissant les villages en fonction de leur état. Elles frappent brutalement, traitant toute résistance sans la moindre pitié. Elles les laissent ensuite se remettre, évitant de provoquer un abandon du village ou une réaction violente de leurs proies. L’équilibre est précaire, mais la plupart des villages alwegs sur lesquels se nourrissent les tribus sont habituées à la situation. Les habitants sont nés avec cette menace, ont perdu des parents au combat ou une petite sœur lors des récoltes.
Lorsqu’elles font une « récolte » de nouvelles recrues, les filles deviennent plus directes, agressives. La survie des Sekekers reposant sur ces opérations, elles sont menées avec soin et sont parfois l’occasion d’une union entre plusieurs tribus. La plupart du temps, les récoltes se font dans des zones connues, où la population est déjà matée. En période difficile ou lorsque des représailles s’imposent, ces assauts peuvent se faire assez loin des terres de chasse habituelles et laissent rarement de témoins. Cela évite qu’une vendetta ne naisse ou que des parents éplorés aillent enquiquiner les autorités. Cela évite surtout que lesdites autorités se fassent une idée précise des effectifs des tribus. Hors de ces récoltes, les filles ne ratent jamais une occasion d’enlever une enfant, que ce soit dans les maraudes, sur les frontières ou dans une caravane.
Quelques érudits à Durville ou à Pôle s’inquiètent en examinant les chiffres de ces enlèvements. Selon eux, il est impossible que cette méthode seule assure le renouvellement de la population des tribus. Des rumeurs courent sur d’autres méthodes de recrutement, des camps de reproduction secrets ou de conditionnement. Parfois, un activiste politique d’un bord ou d’un autre évoque la possibilité qu’une nation adverse puisse aider les furies pour servir ses intérêts. Après un incident diplomatique léger, une engueulade et un assassinat discret, la rumeur s’éteint aussi vite qu’elle est née.
Les Sekekers sont tout sauf des commerçantes. Même entre tribus, elles n’échangent presque pas. Quand une tribu a des besoins, elle s’empare de ce qui lui manque, en utilisant les moyens adéquats. Le vol, la menace et l’attaque directe sont les outils premiers de la survie des furies.
Les assauts sur les caravanes commerçantes permettent aux Sekekers de voler des vivres, des armes et des épices. Ce sont certainement – avec les attaques de plantations – les actions les plus risquées pour les Sekekers, et elles visent donc toujours des proies faciles – trop peu défendues – ou des cibles particulièrement intéressantes. En conséquence, voyager seul pendant une saison de chasse est presque suicidaire. C’est pourquoi beaucoup de caravanes acceptent d’accueillirent des passagers, des aides ou des gardes le temps d’un trajet. La survie passe alors par l’entraide, à moins qu’il ne s’agisse d’augmenter les chances qu’un autre que soi finisse sous le couteau des castratrices.
Il y a peu d’érudites ou de gestionnaires dans les tribus, mais elles disposent en revanche des meilleurs médecins de terrain du continent. Il faut dire qu’avec leurs conditions de vie, elles ne manquent pas d’occasion de s’amocher, le plus souvent gravement. Les Sekekers montrant une disposition pour la chose médicale sont prises en main par une aînée qui leur apprend les ficelles et les gestes du métier. Souvent confrontées aux pires blessures, les filles ont tout le temps de parfaire cet entraînement.
De plus, elles ont une technique assez originale pour compenser leur manque de documentation. Une débutante travaille presque toujours avec un « pose-lame ». Il s’agit simplement d’avoir d’un côté la véritable patiente, et de l’autre un prisonnier ligoté. Au moindre doute sur un point d’anatomie ou la manière dont un organe peut réagir, elle jette un œil à son pense-bête et teste ses gestes sur lui plutôt que de prendre des risques avec sa sœur. Ce n’est pas beau à voir, mais c’est diablement efficace.
Cultures
Malgré des styles chamarrés, il n’y a pas beaucoup de cultures différentes chez les Sekekers. La vie parmi les furies est un peu trop complexe et dangereuse pour qu’on prenne le temps de développer de véritables cultures. En réalité, les filles se différencient surtout en fonction de leurs origines et de leurs rôles au sein de la tribu. Quelques exceptions existent, surtout à cause de rôles particuliers nécessitant un entraînement ou une vie en marge des tribus.Les Sekekers les plus fréquentes sont les maraudeuses, dont nous venons de parler en long et en large. Elles sont l’immense majorité des Sekekers. Elles passent leur vie dans les plaines, alternant les attaques de villages et de voyageurs et la fuite devant les soldats d’un peuple ou d’un autre. Elles ne possèdent que leurs armes, leur tenue de combat et quelques outils simples ; rien de plus, en tout cas, que ce qu’une monture peut transporter, mettant la plupart de leurs biens en commun pour la tribu.
C’est une vie simple, où on n’apprend presque rien de futile. On « naît » sekeker le jour où on est enlevée. On grandit parmi les élèves. On se bat pour la survie de la tribu. On meurt au combat ou de ses blessures. Il n’existe presque aucune bonne raison de quitter ses sœurs, et même en trouvant une Arme, bien peu de filles choisissent de rejoindre le monde « normal ».
Les chrysalides sont des Sekekers choisies dès leur plus jeune âge pour leur beauté et leur grâce naturelles. Confiées à des formatrices, elles grandissent en apprenant à utiliser leur corps pour troubler et influencer n’importe quel adversaire. Elles ne subissent aucune des mutilations les plus visibles, et même l’infibulation est pratiquée le plus discrètement possible. Les chrysalides forment une élite guerrière, capable des missions les plus difficiles. Assaut commando, infiltration et reconnaissance, enlèvement ou meurtre en zone ennemie, elles héritent de nombreuses tâches inaccessibles au commun de leurs sœurs.
Les cavées vivent dans les rares camps sédentaires que les Sekekers ont installés. Ces « caves » se trouvent dans les grandes forêts du continent et sont l’un des plus grands secrets des Sekekers. C’est ici que se réfugient les tribus décimées ou celles qui ont joué de malchance durant leurs derniers raids. C’est aussi dans les caves que les chrysalides commencent leur formation et qu’on échange renseignements, nouvelles et compétences.
Naming Traditions
Noms féminins
Assaya, Dene, Girza, Kara, Maevis, Shaar, Valia, Zarga
Noms masculins
Charogne, Gros porc, Raclure, Tu vas crever, Bouc vérolé
Noms de famille
Les Sekekers ont un prénom, fréquemment un surnom, mais pas de nom de famille. Leur tribu leur tient lieu de famille. Au fil de leurs histoires, les furies ont adopté des prénoms marquants en fonction d’héroïnes ou de premières importantes, qui sont devenus des prénoms culturels courants. Elles continuent néanmoins à utiliser des prénoms de toutes origines et de toutes natures.
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