Nerveux, crispé, effrayé; le soldat sert entre ses mains son mousquet comme s'il s'agissait de sa planche de salue. De chaque côté de lui, les traits tirés, le teint blanc comme un drap de ses camarades lui indique qu'ils font dans leur froque, comme lui. En contrebas, à chaque longue seconde qui s'effrite aussi lentement que l'hiver de ce satané pays, une foule immense gonfle sans cesse. Une mer hostile de colère prête à se changer en marrée qui pourrait bien les emporter ad patres. Devant cette masse immonde et informe, ils sont la seule digue protectrice, un mince cordon de tuniques rouges perchés en haut des murs verrouillant le passage entre la basse et la Haute-ville, interdisant à cette immonde reflus d'éclabousser sa rage sur les pavés des beaux quartiers.
Pendant ce temps, dans un bureau de la Haute-Ville
Il observe sur le balcon des panaches de fumées qui s'élèvent comme autant de témoignage à l'inconscience ingrate de ces fourmis osant contester l'ordre établie d'une machine bien huilée. Un grain de sable dans l'engrenage, une décimale de pertes qui s'accumule, colmater la craque avant que la fuite ne fasse flaque. Deux officiers en uniforme rouge apparaissent derrière lui: '' Gore is not sure about the course of event. '' dit le premier
'' He hesitates. '' dit le second
Sans se détourner du spectacle en contrebas, voyant des colonnes de soldats formant comme des serpents rouges se mouvant dans les rues de la belle ville vers les murs qui la sépare des immondices tout autour, il déclare sans équivoque:
'' Tell Commander Gore that he needs to quell the swarm, NOW ''
'' Just so you know, these are unarmed people. '' dit le second sur un ton neutre et factuel
'' The rabbles bit the hand that feeds them, what choice do we have left? Show the Might of the Empire: Shoot '' ajouta l'homme, sans laisser place à la contestation.
La porte de la Potence
Lorsque son sergent passe derrière lui, le soldat se risque à une question: '' What will happen now? '' dit-il inquiet
Ce à quoi l'imperturbable sous-officier répondit: '' What always happens when unarmed men face armed men. ''
L'ordre tombe, comme une chape de plomb. Le soldat épaule son fusil; il a à peine le temps de réaliser ce qui se passe, une forêt de mousquets s'est dressée sur les remparts. Les ordres des officiers et sous-officiers déferlent en cadence: '' AT MY ORDER! FIRE! ''
L'enfer se déchaîne, le tonnerre fend la ciel, aussitôt les cris de colère se changent en un mélange d'indignation, de terreur et de douleur. Les soldats rechargent frénétiquement leurs armes, le nuage de fumée provoquée par la précédente salve se dissipe lentement, révélant des marres de sang, des corps étendus au sol, des blessés appelant à l'aide, d'autres transportés par leurs camarades d'infortune. Le soldat agi, sans réfléchir aux ordres, ses mains se meuvent, il épaule à nouveau son arme et le tonnerre tonitruant frappe à nouveau, fauchant la foule au pied des murs. Cette fois, la foule se disloque. Moise a fendu les eaux. Alors qu'il recharge son arme, ses yeux ne peuvent s'empêcher de voir le spectacle horrible résultant de l'action mécanique de ses mains et il est envahi par un mélange d'émotions contradictoires: horreur, tristesse... soulagement.