Political event
Au bout de la Grand Terre à Jobin après la Côte d'Audy au lieudit de Charlesbourg sur une estrade; un certain Chevalier de Lorimier terminait sa tournée des paroisses de notre contrée. Les habitants répondront-ils à l'appel? Les tuniques rouges descendront-elles de leur perchoir pour venir l'arrêter? Ce sont ces questions que l'enflammé orateur se posait en faisant les cents pas.
Heureux fut-il lorsqu'à l'heure-dit, il vit apparaître arrivant de tout les chemins des alentours des groupes portant bien haut les bannières aux couleurs des patriotes. La foule s'agglutinait par grappe qui forma bientôt une grand mer de monde. Là, les miliciens de Beauport dont plusieurs eurent sortis pour l'occasion des pièces d'uniformes de leurs ancêtres des Compagnies Franches qu'ils arboraient avec grand fierté. Plus loin, les bons catholiques de la Neuve-Châtel se massaient par famille des Jobin de Charlesbourg aux Barbeau de Saint-Émile en passant par les Lavallée de la Lorette. Tout autour, on reconnu aussi les paysans des Méandres arrivés par leurs charrettes à bœufs qui couronnaient la foule d'un solide convoie.
Cependant, la surprise fut générale lorsque sortirent de l'orée des bois des centaines de guerriers Wendates menés par le Grand Chef Sioui et s'étant couverts de peintures de guerre d'une couleur bleue afin de marquer leur soutiens à la rébellion soulevant les clameurs de la foule des volontaires réunis alors que venaient se mêler à eux les braves guerriers qui renouvelaient par ce geste la vieille alliance entre leurs deux peuples. S'échangeant accolades à foison comme une famille heureuse de se retrouver dans le hall d'entrée au temps des fêtes!
'' Fils du pays! Je suis fier de voir que nous sommes nombreux à reprendre entre nos mains les rennes de notre destinée! Et ceux de Québec ne sont pas seuls! De la Gatineau aux Deux-Montagnes et de la Vallée du Richelieu aux campagnes de la Beauce, j'ai eu le privilège de discourir devant des foules tout aussi prêtes que vous à en découdre! '' clama le Chevalier de Lorimier qui poursuivit son discours enflammé alors que, un peu à l'écart du spectacle, quelques hommes qui n'avaient pas entendu claquer aux vents les bannières des français régiments depuis la crève coeur défaite de la guerre de 7ans purent enfin savourer le retour d'une fierté retrouvée devant tant d'enfants du pays prêts à se serrer les coudes. Touché, soulevé et ému; le plus grand de ce groupe donna une bonne tape fraternelle derrière l'épaule de son voisin qui avait, plusieurs générations par le passé, servi dans les Compagnies Franches:
'' Sa y'est Gaspard, on est d'retour! '' s'exclama-t-il avec enthousiasme, alors que ce dernier hochait la tête ne pouvant détacher les yeux du spectacle départagé entre la fierté de voir les siens se lever en masse et la dur réalité que, bientôt; plusieurs d'entre eux allaient certainement perdre un frère, un père, un cousin, un voisin.