Quête aux Trésors Bretons
Pendant les 42 jours qui séparent Pâques et Pentecôte, la Bretagne est pleine de chevaliers qui explorent, questionnent, défient. De nombreuses aventures sont résolues, des hommes meurent, des seigneurs se soumettent, mais, alors que la date fatidique s'approche, il semble qu'aucun trésor n'ait été trouvé. Peu à peu, des chevaliers abandonnent la quête, et rejoignent Carlion, pour les grands nobles, ou les forts, pour les troupes. En effet, l'annonce d'une éventuelle chute d'Arthur a agité les Pictes, les Gaëls et les Saxons, et les seigneurs veulent se prémunir contre les effets d'un retour à l'anarchie politique. Les ordres sont clairs : se préparer à une attaque, d'où qu'elle vienne. Pendant ce temps, les seigneurs et une suite réduite et vigilante arrivent à Carlion, comme du temps du Collège Suprême.
Le matin de Pentecôte, la Cour s'installe autour du champ, alors que Gauvain se prépare. Pas de miracle à espérer : alors que la brume se lève, nul ne se présente pour apporter le Trésor salvateur. La dame, son nain et le Chevalier Gris émergent bientôt de la brume, et, après les défis d'usage, le combat commence. Rapidement, il est clair que même Gauvain a le dessous face au Chevalier Gris : ses coups, quoique les plus violents que l'on ait vu depuis longtemps, ont bien du mal à percer l'épaisse carapace du Chevalier Gris qui, de son côté, réussit à blesser Gauvain à de nombreuses reprises. En près d'une heure de combat, Gauvain ne peut placer qu'un seul horion conséquent : il arrache la visière du casque à la tête de mort, et apparaît derrière un visage ravagé : celui d'un homme mort et enterré depuis deux ans, Ryons, le roi de Norgales, l'ennemi d'Arthur et de Léodegrance ! Mais c'est alors qu'arrive en toute hâte un chevalier aux armes de Salesbières, qui tend son épée à l'écuyer de Gauvain, lequel s'en saisit et frappe : avec une expression de stupéfaction, le Chevalier Gris s'effondre, mort. Et, alors que sa carcasse disparaît, ne laissant qu'une armure fumante, la dame se précipite, hurlant de douleur. Epuisé, Gauvain s'effondre, alors que la foule éclate de joie et de soulagement.
Cadwallon, le sauveur de Gauvain est, le soir, invité d'honneur de la haute table. Il conte comment ses compagnons, qui arrivent plus tard en litière, se sont rendus dans les Gastes Landes, au Nord, pour y rencontrer la Reine de ces lieux ; cette sainte femme, vivant recluse, leur a conseillé de chercher la pierre à aiguiser de Tudwall Tudcludd, qui pourrait sauver Gauvain : si elle aiguise l'épée d'un brave, l'adversaire de celui-ci mourra à coup sûr de ses blessures. Puis, ces chevaliers, tous vassaux de Salesbières, se rendirent dans des pays étranges, et durent soumettre le terrible chat de Paulag, dans les Iles de Môn, pour gagner la Pierre. Et, s'ils ne purent arriver plus tôt à Carlion, c'est parce que, par sorcellerie, ils furent retardés sur le chemin.