Pascha DXIV - cour de Carlion
Elle se tient à Carlion. Le Roi reçoit un invité-surprise : durant les tempêtes de l'hiver, un voilier de Byzance s'est présenté à Durnovaria. Il transportait la suite du jeune neveu de l'empereur d'Orient, nommé Sagremor. Il est venu en Bretagne, pour voir si la splendeur d'Arthur, dont il a entendu parler à Byzance, est si grande.
Pellinore est fait chevalier de la Table Ronde. Cette nomination est la première du genre : Pellinore n'est pas vassal d'Arthur, mais son allié, et surtout, il est très renommé.
Arthur a décidé de s'installer dans la paix et la durée, et de montrer sa puissance et son pouvoir d'attraction, en faisant ordonner un grand tournoi, dans la lignée de celui de son mariage, l'an passé. A nouveau, les combats seront limités dans leur intensité (peu d'effusion de sang) et dans leurs enjeux (pas de rançon). En même temps, ce grand tournoi, auquel répondent de nombreux autres tournois locaux, permet aux chevaliers de s'entraîner et de patienter : le front du sud est encore ouvert, mais le temps n'est pas encore venu.
Commérages
Le Roi Pellinore est le plus grand chevalier de cette terre ! C'est vraiment le plus fort, le plus endurant, et le plus acharné : qui d'autre pourrait poursuivre cette fameuse Quête à la Bête ? Et c'est aussi un très grand combattant : il a battu Arthur en combat, il a tué Lot en champ de mêlée, et personne ne l'a encore battu. C'est vraiment lui qui mérite le mieux cette place près d'Arthur, à la Table Ronde.
Tor promet, lui aussi, pas vrai ? Ses grandes qualités le montrent facilement, c'est le sang de son père qui le rend si bon.
Et Gauvain ! Il a appris une dure leçon sur les femmes, l'an dernier. Depuis, quel changement ! On dirait un nouvel homme, maintenant qu'il a appris de bonnes manières.
J'ai entendu dire que le Chevalier Brun aux Terres Sauvages a été reconnu par plusieurs chevaliers. Il les a aidés lorsqu'ils étaient dans le besoin en pleine forêt. Mais aucun n'est sûr de son nom.
Par contre, il y en a un qui aurait intérêt à faire oublier son nom ! Vous savez ce qu'a fait ce maudit sire Bertelot ? Avec des manants de sa suite, il a tendu un piège à sire Harnast, neveu du baron de Lambor, et il l'a tué, pour rien ! Je vous le dis, il n'est que temps qu'on le rattrape, lui et son frère !
Voilà du travail pour nos bons chevaliers, ou pour les femmes de Kénilworth ! D'après elles, elles ont tenu parole, et renversé bien des chevaliers. Ils vont peut-être mieux les considérer, maintenant...
Citations
Guenièvre, Haute Reine de Bretagne
Nous en voyons trop, des chevaliers qui prétendent aimer leur femme, et qui s'en détournent ! Le vrai amoureux doit, bien sûr, être un chevalier ardent, prêt à défendre de toutes ses forces toutes les dames dans le besoin. Mais c'est aussi un homme vertueux, à part et au-dessus des gens ordinaires. Il doit se montrer généreux, honnête, juste, miséricordieux, confiant, indulgent, pas seulement vis-à-vis de sa bien-aimée, mais aussi de toute l'humanité.
Brastias, Gardien des Marches du Nord
La rébellion est réellement finie. J'ai compté les seigneurs du Nord : la plupart des grands sont ici. Dans quelques années, nos forts seront achevés, et toutes les vieilles routes seront sûres de nouveau. Tant mieux : nous aurons besoin de tous ! Les Saxons font de plus en plus de raids. Il faudra leur donner une bonne correction.
Cador, roi de Jagent, Gardien des Marches de l'Ouest
C'est finalement Marcus de Totnes qui hérite des domaines d'Idres : cela fait de lui un voisin puissant. En plus de la Dumnonie, il a de grandes terres en Armorique. Et cela ne lui suffit pas : on me dit qu'il louche sur le pays de Tintagel. Normalement, c'est la soeur du roi qui devrait le diriger. J'ai voulu lui en parler, mais elle a quitté la Cour.
Le tournoi et ses suites
Le tournoi commence le vendredi. Il promet d'être magnifique : attirés par les récits épiques du Tournoi de la Reine, les seigneurs ont amenés avec eux toute leur maisonnée. Les défis fleurissent, et de grandes tractations se font pour les alliances durant la mêlée. Le vendredi soir, la joute n'est toujours pas achevée : seul un tiers des concurrents a pu être éliminé.
Le samedi, la joute continue, et finalement, c'est Pellinore qui l'emporte sur Gauvain, au cours d'un échange sous les yeux attentifs de toute la Cour. Mais alors que le Roi va accorder à Pellinore le prix de sa victoire, de nouveaux arrivants vont brusquement changer le programme.
Un coup de tonnerre fait brusquement se retourner tous les spectateurs. Et, sortant d'un brouillard soudainement levé, une dame et sa suite, un nain et un chevalier, avancent vers la tribune royale, et la dame proclame : « Arthur Pendragon, tueur d'enfants, je t'accuse au nom de tous ces innocents que tu as assassinés ! » Elle explique alors qu'Arthur est, selon elle, coupable de l'enlèvement des Enfants de Mai, il y a deux ans dans le Lothian, et que son champion (le chevalier casqué à l'armure grise) défendra ce point de vue dans un combat judiciaire. C'est Gauvain, neveu d'Arthur, originaire du Lothian, champion de la Cour de Bretagne, qui relève le défi. Et, après que le Chevalier Gris ait tranché deux mâts d'un coup d'épée, la dame annonce qu'elle reviendra à la fête de Pentecôte, puis s'en va, comme absorbée par la brume.
Aussitôt, Arthur et ses proches quittent la tribune royale, alors que les hérauts annoncent l'annulation des épreuves du lendemain. La fête de la soirée se tient quand même, mais présidée par Alain d'Escavalon : le Conseil du Roi est en réunion. Le coeur n'y est plus.
La proclamation d'Arthur
Le lendemain, il est clair que la nuit a été difficile pour tous : même la messe pascale est sombre. Puis, tous les chevaliers doivent se rassembler aux lices : Arthur y lit une proclamation dans laquelle il ordonne à tous ses vassaux de partir sur l'instant et de chercher partout les Treize Trésors de Bretagne. En effet, est-il expliqué, Merlin a prédit que seul l'un d'entre eux pourrait sauver Gauvain de la mort, et Arthur du déshonneur. Et, en deux heures, Carlion se retrouve vide.