La chevalerie et ses lois
Les origines de la chevalerie
Au commencement, tous les hommes étaient égaux, mais les péchés originels d'Adam et d'Eve condamnèrent l'humanité à vivre dans le monde. La jalousie et l'égoïsme vinrent à exister, et la force l'emporta sur le droit. La chevalerie fut instituée pour faire peur aux mauvais et défendre les faibles. Un homme parmi mille autres (ex mille electus), le plus fort, le plus courageux, le plus loyal, était alors choisi pour devenir chevalier (miles). On lui donnait alors un cheval, le plus noble animal, des armes, des armures. On lui adjoignait un écuyer qui devait s'occuper de lui, et il était placé au-dessus des communes gens, qui devaient le nourrir. Depuis, il a été du devoir de chaque chevalier d'entraîner son fils à suivre ses nobles pas, et ainsi continua l'institution. Des héros bibliques étaient chevaliers : Judas Maccabée et le roi David, par exemple. Des païens célèbres le furent aussi, comme Alexandre et Jules César.
Les grades de la chevalerie
Tous les chevaliers possèdent certains devoirs et caractères, comme le devoir d'allégeance, le droit de rendre justice, le droit d'être appelés « nobles ». Pourtant, tous les chevaliers ne sont pas égaux entre eux en fait. Les chevaliers sont plus ou moins attachés à leur cause, et cela les différencie beaucoup (comme la Renommée). Il existe également plusieurs grades de chevalerie, basées sur le statut et sur les revenus propres.
La justice des chevaliers
Dès qu’un chevalier a droit de justice, il est à la fois procureur, juge et juré. Si un chevalier possède des terres, c'est de sa responsabilité d'y faire appliquer la loi. De même, des chevaliers bacheliers doivent agir au nom de leur maître sur ses terres, soit en rendant une sentence immédiate, soit en amenant le malandrin devant leur seigneur.
Les lois formelles, écrites, sont quasi-inexistantes. La loi en usage est formée des interdits de l'Eglise, des coutumes locales, des ordres du seigneur, ou des nécessités militaires. C'est à chaque chevalier d'énoncer et de faire appliquer sa conception du bien et du mal, du permis et de l'interdit. Nul ne peut la contester, si ce n'est par combat judiciaire ou par ordre du seigneur.
La Basse Justice est accessible à tous les chevaliers. Ils peuvent juger toutes les affaires moins importantes que le meurtre, le viol, ou un autre crime capital. Ils peuvent juger des manants, et délivrer des peines de prison ou de mutilation, mais pas une sentence de mort. Ils ne peuvent pas non plus juger des nobles ou des membres du clergé.
La Haute Justice n'est permise qu'aux grands nobles (rois, barons...). Elle ne connaît pas de limites, tant dans les crimes jugés que dans les peines appliquées.
Les chevaliers qui enfreignent la loi seront jugés devant la cour de l'offensé. S'il s'agit de leur propre seigneur, alors celui-ci réunit ses autres vassaux et leur demande conseil. Il est possible d'en appeler à une cour supérieure, mais son seigneur peut librement refuser d’autoriser cet appel.
Il est également possible d'en appeler, à tout moment, au combat judiciaire en présence du seigneur, pour toutes les affaires. Chacun estime en effet que Dieu aidera celui qui est a raison, et que la force soutiendra le droit. Un seigneur peut, et une femme doit faire appel à un champion pour combattre à sa place. Le combat peut être pour l'amour de la guerre, pour la conquête, ou jusqu'à la mort. La sentence, ainsi délivrée par le dieu des batailles, ne peut être contestée et est sans appel.
Les nobles prisonniers
Des chevaliers sont parfois capturés, et tenus en différents états d'arrestation. Souvent, ils sont honteusement enfermés dans de sales oubliettes aveugles, où ils sont sous-nourris et maltraités. Quelquefois, ils sont hébergés conformément à leur position, partageant la table de leur vainqueur, et ne tentant aucune évasion, puisqu'ils ont donné leur parole de reddition.
D'une façon surprenante, même les pires ennemis ne tuent pas leurs prisonniers. Des meurtriers haïs languissent en geôle, plutôt que d'être pendus ou décapités. En effet, la plupart des chevaliers et seigneurs n'ont pas le droit de vie et de mort sur leurs prisonniers. Cela est déterminé par la division entre Haute et Basse Justice. Ceux qui encourent des peines capitales ne devraient être jugés que par le roi. Exécuter même un criminel notoire sans procès, ou avec un jugement illégal, attirerait l'attention du seigneur, et pourrait entraîner une perte de statut pour le chevalier trop expéditif. La plupart des nobles respectent cette loi, comme ils ont juré de le faire. Ainsi, au lieu de tuer un ennemi, il est moins risqué de le mettre en prison : c'est dans les compétences judiciaires du chevalier, et on pourrait éventuellement le rançonner.
Les punitions
Les chevaliers peuvent être punis pour avoir désobéi à leur seigneur ou à ses lois, ou aux coutumes de la contrée. Souvent, il s'agira d'une amende. Une sanction plus sévère sera le bannissement : le chevalier doit quitter les terres du seigneur pendant la durée de l'exil, souvent un an et un jour pour une première offense. Le banni est considéré comme un ennemi de son seigneur, et cela pourrait même supprimer les droits de son entourage à la vengeance. Ses terres sont contrôlées par le suzerain, qui en touche tous les revenus.
Des offenses plus graves peuvent être punies par la mise hors-la-loi, ce qui est un bannissement permanent, et qui dépouille de plus le chevalier de toutes ses terres et de tous ses titres, sans que la famille puisse réclamer quoi que ce soit.
Enfin, la peine suprême sera la dégradation : le coupable perd son titre de chevalier et les droits dus à son rang. La cérémonie est une humiliation publique, et est définitive : un autre seigneur ne peut pas adouber le coupable à nouveau.
La loyauté
On reconnaît la loyauté comme la base de la société pour tout ce qui dépasse la famille. Tous les membres de la société, sauf les fous, sont loyaux à quelqu'un d'autre. Pour tous les guerriers, la loyauté fournit de plus le maillage de l'organisation des armées, et la base de la survie en mêlée.
La logique et l'intérêt personnel fournissent tous deux des raisons pour la loyauté. Personne ne considère juste ou acceptable d'accomplir des actes hostiles contre la personne qui vous soutient en nourriture et en protection physique. La loyauté à un chef étend l'influence du vassal à l'extérieur de sa famille, et lui donne accès au monde.
La loyauté est matérialisée par des serments rituels, qui établissent une relation entre deux personnes. La loyauté féodale est un contrat entre deux parties : le chef, qui fournit protection physique et soutien matériel, et le suivant, qui fournit assistance militaire et conseil.
Ceux qui rompent leur serment de loyauté se mettent en-dehors de la société, et ne seront jamais plus dans la confiance de ceux qui pensent juste. Les pouvoirs supérieurs qui veillent sur ces relations de fidélité, quels qu'ils soient, interviendront sûrement, tôt ou tard, pour punir le coupable par un destin horrible et exemplaire.