Gnomes de Nadarah - La légende de Barakor
Le décor était posé, Jean en était plutôt fier, une caverne bien mystique est un des pilliers d’un bon histoirien, et il y avait passé un certain temps.
D’abord il y avait l’espace en lui même, encerclé par des murs taillés dans du marbre écru directement importé de la féérie. Un magnifique dôme de deux mètres de diamètre légèrement luisant de magie et dans lequel le moindre murmure semble ne jamais vraiment mourir. On y avait laissé pourrir, depuis des millénaires , les dépouilles d’une noble famille elfique. Surement des gens très importants à leur époque, mais leur nom est aujourd’hui perdu dans le temps (la plaque qui scellait l’entrée ayant été ouverte au bélier gnome*).
Ces ossements ont aujourd’hui trouvé un bien meilleur usage, et servent de mobilier à la grande salle des histoires.
C’est là le deuxième élément de notre décor, dans une savante semi-obscurité et les mouvements hypnotiques des ombres dansantes projetées par les torches, le long des murs, s'élèvent des étagères en os, couvertes de livres de toutes tailles. Chacun de ces livres est l’oeuvre d’un histoirien, les originaux du clan et les copies des ouvrages de référence. Certains de ses livres contiennent le secret du tissage, d’autres les meilleures recettes de ragoût de belette. Mais le plus important de tous, est le livre des héros, celui qui est actuellement ouvert devant Jean-qui-fait-parler-les-livres-et-connais-les-mots-longs, trônant au centre de la salle, sur un autel sculpté dans le crâne d’un des anciens résidents, tout autour, des bancs en fémurs accueillent une dizaines de jeunes gnomes.
Le barde, un sourire énigmatique aux lèvres, mela la magie à sa voix.
-“Il est l’heure des histoires mes jeunes gnomes, mais d’abord, qui peut me rappeler le nom du dernier héro dont je vous ai parlé ?”
Un des gnomes leva timidement la main, Jean tendit la sienne vers lui dans un signe d’encouragement.
-”Oui histoirien, on a causé de Sigvard, le héro de Patience ” proposa le gamin optimiste
-”Tout à fait Tom-plus-petit-que-jack, et pourquoi Sigvard est-il un héro ?”
-”Pour ses sacrées fesses à la bagarre ?” tenta un des gnomes les plus âgés
Jean temporisa:
-”oui, presque, le vrai mot c’est “sacrifices”, c’est un mot long, un des plus important, mais tu as raison, l'héroïsme c’est parfois de donner sa vie pour sauver son clan et ses amis”
L’auditoire venait de se concentrer, les mots longs ça ne rigole pas. Sur le bord de leur chaise et le front plissé, la jeunesse se préparait pour la leçon.
-“On peut sa-cri-fier sa vie à la bagarre, c’est ce que fit Sigvard, mais il existe d’autres formes de sacrifice, comme le montre l’histoire du mur de Behem, Barakor le puissant bouclier.”
D’un mouvement de la main, Jean baissa l’intensité des torches, puis continua :
-”Ce héro était un nain, une sorte de géant, mais moins géant que les pointus et les humains, d'ailleur ils sont souvent plus géants en largeur plus qu’en hauteur. Bref, quand il eu 10ans son père l’emmena avec lui travailler sur le front avec les armées de Mec.”
pour ponctuer son discour, et laisser le temps à son auditoire de digérer ses mots, Jean fit une courte pause et jeta des herbes à l’odeur suaves dans le feu, puis poursuivit :
-“Depuis l’âge de 10 ans, il panse … “,
anticipant la confusion qui était sur le point de créer, Jean prit les devants et renonça à une longue explication sur le double sens de penser/panser, le jeune gnome a une attention limitée, autant l’économiser :
-“Je veux dire soigner pardon, depuis l’âge de 10ans il soigne les soldats, il en a vu de nombreux rejoindre la vie** et en a veillé des centaines pour leur dernière nuit en ce monde. Par la simple force de son écoute, du respect des anciens et de son em-pa-thie...
ca veut dire comprendre et s’occuper des problèmes des autres...
Le jeune Barakor développa un jour la capacité de manipuler les âmes et de les fixer sur sa peau.
Ainsi il saluait et accompagnait ceux qui voulaient rejoindre les prochains mondes et recueillait ceux qui n'avaient nul part où aller sous la forme de magnifiques tatouages.”
Un léger brouhaha s’était levé parmi les jeunes gnomes, beaucoup de mots longs, Jean laissa le brouhaha monter quelques secondes pendant que les jeunes s’expliquaient tant bien que mal certains mots les uns aux autres.
D’un raclement de gorge, il mit fin au débats et reprit:
-”Quand il fut vieux, et son corp couvert de tatouages de grands guerriers, Barakor combattit pour la survie des dieux eux même, il fit partie des héros qui sauvèrent un fragment d’Illmater lorsque les théocides tentaient de le détruire définitivement.
Et alors que son groupe était encerclé par les démons dans une forêt du nord, et que tout espoir semblait perdu, il souffla dans le cor de Behem, et les anciens qu’il hébergeait depuis des années sortirent de ses tatouages. Ainsi Barakor repoussa l’ennemi aux commandes d’une armée fantomatique, laissant derrière lui une montagne de cadavre de morts-vivant, Ultroloth, diable à chaine, meute infernale etc…,la légende dit même qu’il écrasa la tête d’un des ses ennemis à coup de marteau contre son propre bouclier.“
L’annonce d’une montagne de cadavre et de têtes écrassés ne laissant jamais un groupe de gnomes indifférent, de nombreux cris de joies s'élevèrent de l’audience.
-“Alors qui peut me dire, pourquoi Barakor était un héro ?”
Le silence retomba rapidement, on pouvait entendre l’auditoire réflèchir…
-”Il a tué des démons ?”
-”Il a tué des morts-vivant?”
-"Il a un marteau ?"
-”Il avait la tête solide ?”
-”il est plus fort que les dieux !?“
Souriant à son audience, Jean attendait son heure pendant que les propositions fusaient. Puis il referma d’un coup sec le livre des héros, et répondit d’une voix grave:
-”Oui, toutes ses raisons, mais aussi, et surtout, Barakor était un héro car son pouvoir venait de son altruisme, un mot long qui veut dire ‘aider sans intérêt personnel ou faire passer le bonheur des autres avant le sien’.
Il n’a pas recueilli les âmes des guerriers par recherche du pouvoir, mais bien par bienveillance, quand Illmater fut en danger, il n’a pas râlé sur sa condition de mortel et l'indifférence des dieux, il n’a pas hésité et a pris son bouclier et son marteau prêt à mourir en glorifiant le nom des anciens. Voila une autre façon d’être un héro, respecter les anciens, et aider son prochain quoi qu'il en coute !”.
Jean savait que cette partie n’était pas la favorite des jeunes gnomes, on abordait des concepts compliqués, ainsi il n'insista pas, et au bout de quelques secondes de silence méditatif, il augmenta la lumière du feu et proposa donc :
“Que diriez-vous de recréer historiquement la grand bagarre de Barakor ? La moitié droite de la salle vous serez les démons, la gauche, Barakor et les anciens. Ca vous dit ?”
La salle vibrait maintenant d’énergie, certains des jeunes gnomes avaient déjà commencé à chercher des yeux une potentielle arme dans la salle, et le barde du employer tout sa magie pour passer au-dessus de la clameur qui montait.
-”Pas ici la jeunesse, allez faire ça dehors !” Dit-il d’une voix enjouée ! “Amusez-vous bien, et faites honneur à Barakor !”
Sans se faire prier, les jeunes gnomes sortirent en courant de la salle et la symphonie tout en cris de guerre et coups sourds de leur ‘reconstitution historique’ ne tarda pas à résonner dans tout le terrier.
*Le plus souvent un bélier gnome est avant tout constitué d’un gnome au crâne solide vigoureusement assisté par 4 camarades dans la noble tâche de détruire un obstacle à coup de tête en prenant un élan considérable.
** Le lecteur non averti pourrait être surpris, mais les gnomes considèrent en effet qu’ils sont actuellement morts et que leur décès dans ce monde marquera en fait le retour à la vie. Ce monde ne peut-etre qu'un paradis sinon comment expliquer le goût de la bière, la grandeur des batailles etla générosité de la nature en Abrasia? C’est aussi pourquoi la mort ne les effraie pas autant que les autres néruviens, ils sont persuadés qu'ils finiront bien par revenir sur le plan matériel qu’ils considèrent presque comme le Valhalla.
D’abord il y avait l’espace en lui même, encerclé par des murs taillés dans du marbre écru directement importé de la féérie. Un magnifique dôme de deux mètres de diamètre légèrement luisant de magie et dans lequel le moindre murmure semble ne jamais vraiment mourir. On y avait laissé pourrir, depuis des millénaires , les dépouilles d’une noble famille elfique. Surement des gens très importants à leur époque, mais leur nom est aujourd’hui perdu dans le temps (la plaque qui scellait l’entrée ayant été ouverte au bélier gnome*).
Ces ossements ont aujourd’hui trouvé un bien meilleur usage, et servent de mobilier à la grande salle des histoires.
C’est là le deuxième élément de notre décor, dans une savante semi-obscurité et les mouvements hypnotiques des ombres dansantes projetées par les torches, le long des murs, s'élèvent des étagères en os, couvertes de livres de toutes tailles. Chacun de ces livres est l’oeuvre d’un histoirien, les originaux du clan et les copies des ouvrages de référence. Certains de ses livres contiennent le secret du tissage, d’autres les meilleures recettes de ragoût de belette. Mais le plus important de tous, est le livre des héros, celui qui est actuellement ouvert devant Jean-qui-fait-parler-les-livres-et-connais-les-mots-longs, trônant au centre de la salle, sur un autel sculpté dans le crâne d’un des anciens résidents, tout autour, des bancs en fémurs accueillent une dizaines de jeunes gnomes.
Le barde, un sourire énigmatique aux lèvres, mela la magie à sa voix.
-“Il est l’heure des histoires mes jeunes gnomes, mais d’abord, qui peut me rappeler le nom du dernier héro dont je vous ai parlé ?”
Un des gnomes leva timidement la main, Jean tendit la sienne vers lui dans un signe d’encouragement.
-”Oui histoirien, on a causé de Sigvard, le héro de Patience ” proposa le gamin optimiste
-”Tout à fait Tom-plus-petit-que-jack, et pourquoi Sigvard est-il un héro ?”
-”Pour ses sacrées fesses à la bagarre ?” tenta un des gnomes les plus âgés
Jean temporisa:
-”oui, presque, le vrai mot c’est “sacrifices”, c’est un mot long, un des plus important, mais tu as raison, l'héroïsme c’est parfois de donner sa vie pour sauver son clan et ses amis”
L’auditoire venait de se concentrer, les mots longs ça ne rigole pas. Sur le bord de leur chaise et le front plissé, la jeunesse se préparait pour la leçon.
-“On peut sa-cri-fier sa vie à la bagarre, c’est ce que fit Sigvard, mais il existe d’autres formes de sacrifice, comme le montre l’histoire du mur de Behem, Barakor le puissant bouclier.”
D’un mouvement de la main, Jean baissa l’intensité des torches, puis continua :
-”Ce héro était un nain, une sorte de géant, mais moins géant que les pointus et les humains, d'ailleur ils sont souvent plus géants en largeur plus qu’en hauteur. Bref, quand il eu 10ans son père l’emmena avec lui travailler sur le front avec les armées de Mec.”
pour ponctuer son discour, et laisser le temps à son auditoire de digérer ses mots, Jean fit une courte pause et jeta des herbes à l’odeur suaves dans le feu, puis poursuivit :
-“Depuis l’âge de 10 ans, il panse … “,
anticipant la confusion qui était sur le point de créer, Jean prit les devants et renonça à une longue explication sur le double sens de penser/panser, le jeune gnome a une attention limitée, autant l’économiser :
-“Je veux dire soigner pardon, depuis l’âge de 10ans il soigne les soldats, il en a vu de nombreux rejoindre la vie** et en a veillé des centaines pour leur dernière nuit en ce monde. Par la simple force de son écoute, du respect des anciens et de son em-pa-thie...
ca veut dire comprendre et s’occuper des problèmes des autres...
Le jeune Barakor développa un jour la capacité de manipuler les âmes et de les fixer sur sa peau.
Ainsi il saluait et accompagnait ceux qui voulaient rejoindre les prochains mondes et recueillait ceux qui n'avaient nul part où aller sous la forme de magnifiques tatouages.”
Un léger brouhaha s’était levé parmi les jeunes gnomes, beaucoup de mots longs, Jean laissa le brouhaha monter quelques secondes pendant que les jeunes s’expliquaient tant bien que mal certains mots les uns aux autres.
D’un raclement de gorge, il mit fin au débats et reprit:
-”Quand il fut vieux, et son corp couvert de tatouages de grands guerriers, Barakor combattit pour la survie des dieux eux même, il fit partie des héros qui sauvèrent un fragment d’Illmater lorsque les théocides tentaient de le détruire définitivement.
Et alors que son groupe était encerclé par les démons dans une forêt du nord, et que tout espoir semblait perdu, il souffla dans le cor de Behem, et les anciens qu’il hébergeait depuis des années sortirent de ses tatouages. Ainsi Barakor repoussa l’ennemi aux commandes d’une armée fantomatique, laissant derrière lui une montagne de cadavre de morts-vivant, Ultroloth, diable à chaine, meute infernale etc…,la légende dit même qu’il écrasa la tête d’un des ses ennemis à coup de marteau contre son propre bouclier.“
L’annonce d’une montagne de cadavre et de têtes écrassés ne laissant jamais un groupe de gnomes indifférent, de nombreux cris de joies s'élevèrent de l’audience.
-“Alors qui peut me dire, pourquoi Barakor était un héro ?”
Le silence retomba rapidement, on pouvait entendre l’auditoire réflèchir…
-”Il a tué des démons ?”
-”Il a tué des morts-vivant?”
-"Il a un marteau ?"
-”Il avait la tête solide ?”
-”il est plus fort que les dieux !?“
Souriant à son audience, Jean attendait son heure pendant que les propositions fusaient. Puis il referma d’un coup sec le livre des héros, et répondit d’une voix grave:
-”Oui, toutes ses raisons, mais aussi, et surtout, Barakor était un héro car son pouvoir venait de son altruisme, un mot long qui veut dire ‘aider sans intérêt personnel ou faire passer le bonheur des autres avant le sien’.
Il n’a pas recueilli les âmes des guerriers par recherche du pouvoir, mais bien par bienveillance, quand Illmater fut en danger, il n’a pas râlé sur sa condition de mortel et l'indifférence des dieux, il n’a pas hésité et a pris son bouclier et son marteau prêt à mourir en glorifiant le nom des anciens. Voila une autre façon d’être un héro, respecter les anciens, et aider son prochain quoi qu'il en coute !”.
Jean savait que cette partie n’était pas la favorite des jeunes gnomes, on abordait des concepts compliqués, ainsi il n'insista pas, et au bout de quelques secondes de silence méditatif, il augmenta la lumière du feu et proposa donc :
“Que diriez-vous de recréer historiquement la grand bagarre de Barakor ? La moitié droite de la salle vous serez les démons, la gauche, Barakor et les anciens. Ca vous dit ?”
La salle vibrait maintenant d’énergie, certains des jeunes gnomes avaient déjà commencé à chercher des yeux une potentielle arme dans la salle, et le barde du employer tout sa magie pour passer au-dessus de la clameur qui montait.
-”Pas ici la jeunesse, allez faire ça dehors !” Dit-il d’une voix enjouée ! “Amusez-vous bien, et faites honneur à Barakor !”
Sans se faire prier, les jeunes gnomes sortirent en courant de la salle et la symphonie tout en cris de guerre et coups sourds de leur ‘reconstitution historique’ ne tarda pas à résonner dans tout le terrier.
*Le plus souvent un bélier gnome est avant tout constitué d’un gnome au crâne solide vigoureusement assisté par 4 camarades dans la noble tâche de détruire un obstacle à coup de tête en prenant un élan considérable.
** Le lecteur non averti pourrait être surpris, mais les gnomes considèrent en effet qu’ils sont actuellement morts et que leur décès dans ce monde marquera en fait le retour à la vie. Ce monde ne peut-etre qu'un paradis sinon comment expliquer le goût de la bière, la grandeur des batailles etla générosité de la nature en Abrasia? C’est aussi pourquoi la mort ne les effraie pas autant que les autres néruviens, ils sont persuadés qu'ils finiront bien par revenir sur le plan matériel qu’ils considèrent presque comme le Valhalla.
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