Le Royaume de l'obscurité
General Summary
Le Marteau de Kharas en leur possession, nos héros cherchent à échapper aux griffes de l'armée draconienne et de ses alliés nains. Face à face avec Verminaard, le grand sénéchal-dragon et ennemi personnel de Galadon, ils lui font rendre gorge.
Le poste de garde de l'Est
Galopant à bride abattue sur leurs montures féériques, les Chevaliers aventureux traversent la plaine de la Vallée des Barons pour arriver au poste de garde de l'Est, qui permet d'entrer dans la partie souterraine de la cité naine de Thorbardin.
Mais le poste de garde est déjà assailli par une avant-garde draconienne : une dizaine de draconiens-fantassins (ceux qui se changent en pierre), et deux draconiens-sorciers (ceux qui se liquéfient en acide RETCON ceux qui explosent), ainsi que deux lézards géants qui leur servent de montures. Nos héros les dépêchent promptement et trouvent, à l'intérieur du poste de garde, une dizaine de soldats nains. Après s'être dûment identifiés grâce à Arman Kharas, on peut enfin échanger des nouvelles... et elles ne sont pas si bonnes que ça.
- les soldats du poste de garde sont des Hylars et se mettent naturellement sous l'autorité d'Arman Kharas.
- l'alarme générale a été donnée il y a seulement une heure environ. Les gongs d'alarme ont retenti pendant une minute seulement avant de se taire.
- un coursier est arrivé il y a une trentaine de minutes pour signaler qu'une phalange de soldats Hylars (environ 500 Nains de différentes spécialités) était envoyée en renfort au poste de garde.
- cette phalange est stationnée au palais de justice du sud et c'est a priori la seule unité de Hylars qui soit disponible dans le secteur. Les autres troupes de Nains à proximité du poste de garde appartiennent à la tribu des Daergars, qui sont peu susceptibles de reconnaître l'autorité d'Arman Kharas.
- les soldats n'ont pas connaissance de chemins secrets qui permettraient de quitter la Neuvième Route pour contourner la cité Daergar et, par exemple, rejoindre la Huitième ou la Seizième Route. Le seul qui, éventuellement, aurait connu de tels chemins est le capitaine du poste de garde ; il a été parmi les premiers à mourir lors de l'attaque des draconiens. Dans ce secteur de Thorbardin, Arman n'en connaît pas.
- à mi-chemin de la Neuvième Route, un escalier permet d'accéder à une vigie extérieure nichée sur un des pics surplombant les montagnes de Thorbardin.
La petite troupe part le long de la Neuvième Route en direction du Palais de justice, en ayant saboté les piliers de soutènement du poste de garde. Ca retardera l'armée des draconiens d'une journée, plus ou moins : à ce stade, tout est bon à prendre ! Même traitement pour la cage d'escalier qui donne accès à la vigie extérieure : au cas où des draconiens l'auraient capturée, ils en seront pour leurs frais !
La bataille de l'Oasis
La phalange de soldats Hylars, venue du même poste de garde, rejoint le groupe à mi-parcours. Guère plus de nouvelles : ils ont laissé derrière eux la phalange de soldats Klars, qui était également de service au Palais de justice ; les Klars, n'ayant pas d'instructions particulières au cas où les gongs d'alarme retentiraient, n'ont pas voulu quitter leur garnison. Ils n'ont pas croisé non plus de soldats d'autres clans, et notamment pas de Daergars. Toute la troupe se remet en marche vers le Palais de justice, et c'est maintenant une troupe bien plus imposante : quatre cents fantassins, mais aussi une lance de trente cavaliers nains, 70 arbalétriers et un scorpion.
Et, alors que la petite armée traverse une forêt de champignons géants, les avant-gardes rapportent une information capitale : une troupe de Daergars est actuellement au repos, à quelques minutes de marche, au carrefour de l'Oasis, ainsi dénommé car la Neuvième route y est rejointe par un tunnel venant directement de la cité des Daergars, avec une grande caverne baignée d'un bassin d'eau fraîche, alimenté par une riière souterraine : l'endroit idéal pour faire une pause avant de reprendre la marche.
La discussion est animée : faut-il attaquer ? Les Hylars sont-ils vraiment en guerre contre les Daergars ? Faut-il prendre la responsabilité de déclencher une guerre ? Si les Daergars sont au repos, faut-il abandonner cet avantage tactique en allant parlementer avec eux d'abord ? Staros est pour la diplomatie. Clarion et Galadon préconisent l'attaque préventive. Gwegan regrette la désunion. Agorix reconnaît qu'il n'y a pas de bonne solution. Mais les tenants de la diplomatie sont en minorité : les chefs Hylars ne veulent prendre aucun risque avec le Marteau de Kharas. Les ordres sont donc donnés pour une attaque surprise, en tirant parti de la cavalerie disponible.
Galadon repère immédiatement les points saillants de la rencontre et manoeuvre habilement la cavalerie d'humains et de nains : les premières sentinelles ont à peine le temps de décocher une volée de carreaux, que la troupe qui charge "à dos de chevreuil" (dixit Clarion) est déjà au contact de l'échelon de commandement des adversaires Daergars, avec la ferme intention de décapiter toute leur hiérarchie - et de libérer la dizaine de prisonniers humains qu'ils gardent ! C'est un combat homérique, à moitié dans l'obscurité, avec des araignées géantes et des maléfices, à des lieues sous terre. Et, à la parfin, ce sont nos chevaliers aventureux qui remportent la Bataille de l'Oasis, avec des pertes somme toute limitées.Bataille gagnée !! Le temps de panser ses plaies, d'abreuver les montures, et de mettre sous bonne garde les nombreux prisonniers, et il faut repartir d'urgence : l'ennemi n'attend pas. Les captifs qui ont été libérés ont tous des choses à dire :
- deux adolescents joufflus et surexcités qui décrivent chaque pouce carré de leur cellule, chaque pas qu'ils ont dû marcher dans le convoi de prisonniers, chaque verrue sur le visage de leurs geôliers. Ils décrivent comme si c'était un jeu, avec détails inutiles et longs apartés. Mais, au milieu de leurs explications, on comprend qu'ils étaient emprisonnés "pour des babioles" alors qu'ils visitaient le pays de Gwynned (en Cambrie) et qu'ils ont bien vu que, lorsque leur convoi de prisonniers a quitté la cité Daergar, tous les soldats étaient à leur poste sur les murs d'enceinte et le pont-levis a été relevé derrière le convoi.
- six paysannes de Ceredigion (en Cambrie aussi), qui ont été enlevées par "ces démons nains" alors qu'elles étaient dans leurs champs. Elles ont été amenées sous terre, "dans cet enfer" depuis quelques jours seulement. Elles sont rassurées d'être protégées par des chevaliers du roi Arthur.
- et un prisonnier qui ne peut s'exprimer que par borborygmes et quelques mots assourdis. Il était déjà en cellule lors de l'incarcération des paysannes et des adolescents, qui n'ont jamais réussi à parler avec lui (et, on peut les croire, les adolescents ont essayé de parler avec lui. De très nombreuses fois.). On peut lui faire dire que son nom serait, probablement, "Berem". Il a des vêtements transformés en guenilles, une longue barbe blanche, des cheveux longs et sales. Derrière tout ceci se cache cependant un homme dans la force de l’âge. Et, merveille des merveilles, dissimulée par sa barbe, une pierre d’un gris terne, grosse comme le poing, est incrustée dans son torse.
A en croire les adolescents, la route directe vers la cité Daergar est bien gardée ; le convoi se dirigeait vers le Palais de justice du sud pour amener les prisonniers au "Grand Chef". Rien n'en faut, le seul chemin praticable est celui vers le Palais de justice, et après, on avisera. La troupe se remet donc en route, en laissant derrière elle les grands blessés et un piquet de surveillance des prisonniers Daergars.
En arrivant, sans encombre, dans les faubourgs du Palais de justice, les chevaliers aventureux voient que toute vie s'est arrêtée brutalement : comme si les occupants des maisons et des échoppes avaient fui précipitamment. Les jardins d'agrément, le quartier des marchands, les locaux des différents services du Palais de justice : tous vides... Des sentinelles Daergars sont repérées : elles n'engagent pas le combat... Pas tout de suite du moins...
La porte du désespoir
Pendant ce temps, nos chevaliers aventureux ont une impression : le chemin qui s’étire devant eux s’obscurcit, comme si la lumière de leurs torches et de leurs lanternes se trouvait aspirée par les sinistres couloirs creusés par les nains. Ils ont l’impression que tout ce qui les entoure prend la consistance d’un songe, qu'ils sont en pleine crise de somnambulisme. Un terrible sentiment de déjà vu s’immisce insidieusement dans leur âme... car ils sont venus ici auparavant, dans un rêve. Des souvenirs de leurs cauchemars dans l’Esprit du Mal reviennent au grand galop, pour une bonne et simple raison : le corridor qui s’avance vers le prochain bloc urbain est le même que celui de leur rêve !
Et ce corridor les amène dans le grand temple de Reorx, où leur troupe est chaudement accueillie : trois rangs de fantassins Daergars, qui couvrent une grande porte d'or qui, d'après Kharas, donne accès au sanctuaire. Tout à coup, les battants de la porte s’ouvrent à la volée : « Enfin ! Vous voilà à moi » s'exclame la voix de Verminaard, déformée et amplifiée dans le grand temple. «Vous savez désormais ce qu’il y a de l’autre côté de la porte des songes, ricane le seigneur-dragon. Rien ne peut vous sauver désormais ! »
Un cor sonne derrière la double porte d’or et entrent des officiers de l'armée du sénéchal-dragon, qui s’écartent pour laisser le passage à Verminaard, vêtu d’une armure noire. Avançant sur le balcon qui surplombe le puits central, il éclate d’un rire sinistre.« Bienvenue dans le désespoir ! » s’exclame-t-il.
Nos héros sont clairement en sous-nombre : leur troupe a été grandement diminuée par les différentes embuscades pour parvenir jusqu'ici, et des centaines de Daergars, en rangs serrés, bloquent le passage vers Verminaard. Ce qui n'empêche pas un échange bien appuyé d'insultes réciproques.
« J’ai ouï dire que Braise avait été tuée ! Vous paierez pour cette forfaiture. Vous pensiez pouvoir l’emporter en entrant en possession du Marteau de Kharas, mais c’est moi qui tirais les ficelles depuis les premiers instants. Je vous ai autorisé à prendre ce que je ne pouvais point attraper. À présent, vous êtes à ma merci et je possède le Marteau, grâce auquel je pourrai diriger le royaume des nains. Afin de mieux vous prouver la futilité de vos efforts, l’un de vous va venir m’apporter le Marteau... »
Evidemment, tous refusent, malgré la pression, malgré la tension. C'est comme une force mystérieuse les poussait à amener le Marteau mythique au chef des draconiens. Et un des capitaines des Hylars cède ! Arrachant le Marteau des mains d'Arman Kharas, il tente de s'approcher de Verminaard : «Quels sots de tenir ainsi tête à mon maître ! Il me récompensera grassement ; force vous sera de constater votre folie lorsque j’aurai été nommé gouverneur de cette région ! - Retiens ta langue, laquais ! gronde Verminaard. Tu n’es qu’un pion au service de tes supérieurs ! Apporte-moi le Marteau !»
Bataille royale
Evidemment, nos héros ne laissent pas faire et, au cours d'un combat pour empêcher ce traître (ou cette victime possédée, selon les points de vue) de remettre le Marteau à Verminaard, le Marteau s’illumine soudainement. Intimidés, les Daergars tombent à genoux. Rendu livide par cette désobéissance, Verminaard exige pour la seconde fois que le traître lui apporte l’arme. Mais, se trouvant sous la totale domination du Marteau, celui-ci déclare : « Par ce marteau, c’est moi qui dirige les royaumes des nains, pas toi ! ». Il lance le Marteau sur Verminaard, le touchant sans coup férir et lui arrachant un cri de douleur !!
Alors que le Marteau a rebondi et atterri au bord du gouffre, et que les Daergars commencent à scander "Kha-ras... Kha-ras...", Verminaard arrache de son cou un collier orné d’une tête de dragon et le jette dans le vide, hurlant : « Viens, ô puissante Reine ! Envoie-moi ton serviteur afin que ton enfant puisse être vengé ! » D’interminables secondes de silence s’égrènent avant que ne jaillisse hors du gouffre une terrible vision. Une ombre de feu, ressemblant à une âme de dragon en peine nimbée de flammes vert pâle. Elle attaque immédiatement Arman Kharas, couvert par Agorix et Staros.
Pendant ce temps, Galadon, Clarion et Gwegan ont profité de l'attitude des Daergars pour charger Verminaard, son état-major et ses gardes du corps ! Face à deux trolls, deux sorciers draconiens, deux hobgobelins et deux chevaliers, la partie n'est pas aisée. Mais mûs par une féroce envie d'en découdre, et par l'énergie du désespoir, tous peuvent défaire leurs ennemis et s'approcher enfin de Verminaard. Celui-ci essayait de faire obéir les Daergars, puis a voulu ramasser le marteau de Kharas : échec dans les deux cas, avec en plus un hurlement de douleur et des flammèches quand il a voulu ramasser le Marteau... Galadon et Verminaard s'affrontent enfin, avec force moqueries d'un côté, froide détermination de l'autre. Mais le chevalier félon a une dernière fourberie dans son sac : lorsqu'il frappe Galadon de sa grande étoile du matin, il hurle "Minuit !!" et Galadon se retrouve aveuglé !
Mais le bon droit triomphe toujours et une dernière estocade de la lame d'Amour fait se déséquilibrer Verminaard, grièvement blessé. Il s’exclame alors : « Vous n’aurez pas la satisfaction de me capturer vivant ! » Se drapant dans sa cape, sans trahir la plus petite hésitation, il avance dans le vide et disparaît dans les profondeurs du gouffre sans proférer le moindre cri.
Mort d'un héros
Arman Kharas est mortellement blessé au cours de l’échauffourée contre l'ombre de feu. Tandis que les derniers ennemis prennent la fuite ou sont passés par le fil de l’épée, un râle assourdi s’échappe de la silhouette prostrée du nain. Il semble avoir été empoisonné ; lorsqu'on essaie de lui porter assistance, il secoue la tête et déclare : « Inutile, je suis perdu. Rien ne peut me sauver. Donnez le marteau à mon père ; il unifiera le royaume. Dites-lui de ne pas pleurer ma mort, j’ai bien servi la Roue. Je sais que je ne suis point Kharas mais j’ai repoussé les ténèbres. » Sur ces paroles, il rend son dernier soupir.
Du coin de l'oeil, on repère également Berem qui était effondré au sol, un énorme coup de hache lui ayant balafré profondément le torse. Il se redresse, l’air déconcerté, avant de détaler dans une autre direction.
Les Daergars, apeurés, ont vu la puissance du marteau de Kharas et la mort du "Grand Chef" à qui leurs capitaines avaient rendu hommage. Ils font immédiatement soumission au nain Hylar le plus gradé.