« L’écorce elfique, appelée avec plus d’exactitude écorce de delfier, est un stimulant puissant, mais qui possède un effet secondaire malheureux, celui d’engendrer chez l’usager des sentiments d’abattement et d’inquiétude. Pour cette raison, les propriétaires d’esclaves de Chalcède s’en servent pour accroître le nombre d’heures de travail de leur main-d’œuvre tout en étouffant chez elle toute velléité de rébellion. Sa prise régulière sur une longue période de temps provoque une dépendance, et certains assurent que son ingestion même ponctuelle peut changer de façon définitive le tempérament, rendre méfiant jusqu’envers ses proches et saper sa propre confiance en soi. Pourtant, malgré tous ces inconvénients, ce produit peut conférer en cas de nécessité une énergie qui vaut de courir ces risques, et ses résultats sont moins imprévisibles que ceux de la graine de carris ou de la cindine, en ceci que ces dernières drogues peuvent induire de violents sursauts émotionnels et une euphorie artificielle qui risquent de déboucher sur des actes irréfléchis et dangereux.
On trouve la meilleure qualité d’écorce elfique à l’extrémité des nouvelles branches des très vieux arbres. On pratique une incision le long de la tige, puis une autre sur son pourtour à chaque bout de l’entaille ; on insère alors l’ongle ou la pointe d’un couteau sous l’écorce qu’on décolle soigneusement du bois. Une fois détachée, elle se roule aussitôt en cylindre ; on la range ainsi dans un sachet que l’on place dans un endroit sec et frais jusqu’à ce que sa dessication permette de la réduire en une poudre qu’on fera infuser comme une tisane.
En cas de besoin immédiat, on peut préparer une décoction d’écorce fraîchement récoltée, mais il est beaucoup plus difficile de préjuger l’efficacité du breuvage à partir de sa couleur. »
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