« …et, pire encore, la ciguë pousse souvent à côté du cresson, plante utile et savoureuse. Veillez à ce que les garçons et les filles envoyés ramasser du cresson ne se trompent pas.
La graine de carris est une substance dangereuse, et il n’y a aucune raison de s’en servir ; l’habitude d’en saupoudrer les gâteaux lors des fêtes est une abomination. Celui qui en ingère éprouve une sensation d’euphorie et de bien-être ; il sent son cœur battre plus vite, ses joues et son entrejambe s’échauffer ; il ressent un besoin irrésistible de danser, de courir, de chanter tout haut ou de forniquer sans égard pour les conséquences. Les effets de la graine s’estompent brusquement, et le sujet peut alors s’effondrer, épuisé, et dormir tout un jour. Au cours des jours suivants, il se sentira fatigué, mécontent, avec parfois des douleurs dans le dos.
Parmi les plantes dangereuses, l’écorce elfique est le coupable suivant. Comme son nom l’indique, il s’agit d’écorce prélevée sur le delfier. La plus forte se trouve à l’extrémité des pousses les plus récentes ; les delfiers qui grandissent dans des vallées tempérées donnent l’écorce la plus douce, tandis que ceux qui connaissent des conditions plus rigoureuses, comme sur les falaises de bord de mer ou les montagne battues par les vents produisent une écorce plus dangereuse. La façon la plus classique d’employer l’écorce elfique est d’en faire une puissante infusion. Cela procure au sujet une bouffée d’énergie et peut permettre au voyageur ou au fermier las de persévérer malgré les plus grands obstacles. Mais l’énergie n’équivaut pas à l’entrain ; si l’écorce elfique est capable de masquer la douleur d’une blessure ou les courbatures des muscles, elle s’accompagne d’un sentiment d’accablement et de découragement. Ceux qui l’emploient pour accroître leur nombre d’heures de travail doivent posséder une volonté de fer pour poursuivre leur tâche, ou bien quelqu’un qui les surveille et ne leur passe rien. »
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