War Games Plot in Doctor Who Alternate Universe | World Anvil
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War Games

Plot points/Scenes

CHAPITRE 1 :



Dans une tente en lambeaux marquée d’une croix rouge, un Sontaran se tenait seul surveillant un faitout bouillonnant. De la pointe d’une épée brisée, il tisonnait régulièrement les braises. Le dernier assaut Sycorax avait laissé une bonne partie de l’infirmerie en ruines. Les stérilisateurs automatiques avaient été particulièrement touchés, l’obligeant à pasteuriser traditionnellement ses instruments. Ironie du sort, le Rectifieur de tissu était intact… mais ces stupides patates refusaient de se faire soigner avec. La machine était si performante qu’elle ne laissait aucune cicatrice. Pas une infime marque prouvant leur courage et leur valeur au combat. Une vie en bonne santé et sans douleur était bien moins importante à leurs yeux que le nombre de plaies et de hauts faits sur le champ de bataille. Leur religion étant la guerre, ils comptaient parmi les plus féroces guerriers du cosmos.

La majorité des Sontarans ne vivaient pas plus de deux semaines. Leur soif de gloire et d’héroïsme les menaient vers un trépas quasi certain. Cette espérance de vie terrifiante n’était pas un problème pour l’espèce, des milliers de clones pouvaient sortir des nurseries chaque jour, déjà adulte, frais et prêt à tuer. En revanche, c’était un gros obstacle pour Skellig, la majorité des combattants n’ayant aucune idée des origines du conflit, alors d’évènements datant de 4 mois...

Elle avait été envoyée dans cette zone pour enquêter sur un TARDIS. Tout ce que savait la CIA était qu’une tentative de mise en route avait été effectuée. Il était difficile de savoir si elle avait réussi ou non. La balise ayant récupéré les données était éloignée, et de toute évidence « cela » avait été détourné pour en faire une arme. D’ailleurs, la CIA supposait que c’était un TARDIS mais ce fait n’était pas certain. C’était puissant, c’était destructeur, c’était très évolué … ce devait donc être d’origine Time Lord. Ils détestaient l’idée qu’ils puisse exister une race technologiquement plus avancée qu’eux.

Le Sontaran vérifia que les alentours étaient déserts avant de mobiliser ses doigts engourdis. Des vaguelettes irisées parcoururent sa peau et, un instant, le filtre céda, révélant des mains fines à cinq doigts à la place des appendices calleux et tridigitaux. C’était le plus gros point faible du Chamelon Circuit. Il avait beau être beaucoup plus performant que le simple Reflet dont elle se servait pour les missions de routine, il n’arrivait pas à gérer la complexité des mouvements de ses mains à cause du gouffre anatomique entre les deux ethnies. D'autant plus que le Chamelon Circuit lui donnait du volume et de la texture, contrairement à la technologie « Reflet », ce qui était un tour de force technologique.

Autre bug à déplorer, mais beaucoup moins handicapant, il n’arrivait pas à retranscrire les expressions de son visage en Sontaran. Elle avait essayé de s'entraîner, mais même en exagérant ses mimiques, elle aboutissait toujours à la même expression : une grande face lunaire avec des yeux strabiques écarquillés et une langue œdématiée qui sortait d’une bouche lippeuse. Dès qu’elle se voyait dans une glace, elle avait l’impression de gagner des chromosomes. Même pour un Sontaran elle n’était pas gâtée. Loin de s’en offusquer elle avait tiré parti de cet air crétin qui lui permettait de reposer à l’infini les mêmes questions : Où est-ce qu’on va ? Quand est-ce qu’on mange ? Est-ce qu’on a une arme secrète ? Quand est-ce qu’on mange ? On se bat toujours contre les Daleks ? C’est où les toilettes ? Qui est commandant ? Sinon elle est où la cantine ?

Combien de fois elle avait eu peur de se faire démasquer. Elle n’était ni familière de la culture des Sontarans ni formée à l’espionnage. Toutefois elle avait vite compris pourquoi la mission lui avait incombé. Les Sontarans n’avaient aucun respect pour le personnel médical, c’était le rang le plus bas. Les rangs infirmiers ne comptaient que déchus, idiots, maladifs, vieux et quelques soldats qui avaient commis des fautes suffisamment graves. Ses questions, ses bourdes et son ignorance étaient normales et la protégeaient. Considérée comme trop stupide, on ne lui avait remis aucune arme et on la maintenait éloignée du front, lui laissant plus de temps pour fureter et tenter de grappiller des informations.

Malheureusement, les évènements sur lesquels elle devait récolter des renseignements commençaient sérieusement à dater. Elle savait que la CIA avait tenté d’envoyer plusieurs agents avant elle, mais tous avaient échoué. Les plus chanceux avaient été démasqués, les autres étaient morts. La légende de Varium le feu de l’Aube lui laissait même supposer qu’on avait tenté de changer un Time Lord en Sontaran avec un Chameleon Arc - il avait dû s’oublier et la rage sanguinaire avait pris le dessus sur son intellect. La légende le considérait comme un des plus braves et féroces guerriers du conflit, un être que les dieux avaient choisi pour les rejoindre dans leurs guerres éternelles. Transpercé de part en part d’une épée Sycorax, malgré son corps brillant d’une lumière surnaturelle, il avait eu le temps d’arracher la tête de son adversaire avant de rendre son dernier souffle, et tel un phénix il s’était enflammé. Cela faisait déjà cinq générations que le héros était mort… Légende ou sale petite expérience de la CIA, Skellig n’était plus à même de trancher.

Elle avait hâte que la mission se termine, elle avait l’impression d’usurper son métier. Certes elle ne manquait jamais de travail, mais on ne l’avait pas envoyé ici pour ses compétences médicales. Oh, elle n’était pas dupe ; elle savait que sous couvert de certaines missions on se servait de son corps de métier comme opportunité d’espionnage, mais c’était la première fois qu’on masquait aussi peu le fait. Et vu la tournure des évènements, cela allait être son premier échec sur le terrain. Son rang l’empêchait d'accéder au vaisseau-mère qui contenait l’historique du conflit, et les Sontarans avec qui elle était en contact ne savaient que le strict nécessaire : ils devaient gagner la guerre contre les Sycorax. Ils ne savaient même pas qu’au commencement, c’étaient les Daleks qu’ils combattaient. Daleks qui leurs avaient fondu dessus en détectant l’arme temporelle, et collé une raclée éclair à faire pâlir celle de la ligne Maginot. Le conflit s’était transformé en une défaite brutale et cuisante. Les Sycorax, en bon charognards, avaient profité de cette faiblesse pour essayer de terrasser l'armée vaincue et récupérer leurs technologies. Le clonage les fascinait, l’idée de pouvoir refaire naître un guerrier à partir d’une goutte de son sang leur mettait l’eau à la bouche. Chez les Sycorax, le sang était sacré, et nombre de leurs techniques d’esclavage se basaient sur ce fluide.

Ces derniers, cependant, avaient mal évalué la vigueur des Sontarans qui s’étaient remis prestement de leur défaite. Les deux ennemis étant de force et d’obstination égale, le conflit s’éternisait… Mais ce n’est pas en ressassant les faits qu’on les fait avancer. Elle se concentra donc de nouveau sur sa tâche. Enfin satisfaite, elle retira les instruments du feu et les disposa dans un conditionneur sous vide, une des rares machines serviables qui avait survécu. Des patients n’allaient pas tarder à arriver. Elle savait que des escarmouches avaient commencé dès les premières lueurs de l’aube non loin de son campement.


Les journées passaient et se ressemblaient toutes. Elle essayait autant que possible de fureter pour accumuler des informations, mais son niveau d’accréditation était si faible que c’était peine perdue. Ce n’était pas dans le placard à balais de la zone 17B 12 du front 20 qu’elle allait trouver une information palpitante. Elle avait déjà reçu deux blâmes pour insubordination à cause de ses errances et elle savait qu’au troisième, ce serait le conseil de guerre. Son enquête bourbitait, et ce n’était pas en se faisant fusiller que la situation allait se débloquer. Il fallait changer de stratégie, se rapprocher du conflit pour multiplier les occasions : soigner des commandants, manger avec les généraux, servir d’écuyer à un héros … n’importe quoi, mais il lui fallait une situation qui la rapprocherait des hauts gradés. C’était souvent des vétérans, peut-être certains étaient-ils déjà présents lors du premier conflit.

Avec deux blâmes et son air idiot, cela allait être ardu d’être transférée à un poste du front. Etre au Front, c’était la promotion la plus glorieuse pour un Sontaran. Peut-être était-il plus facile de faire venir le conflit à elle. Un leurre sanglant pour attirer les Sycorax… introduire quelques lignes de plus sur l’inventaire de l’infirmerie ne devrait pas être un souci. Son poste reculé n’était pas le plus surveillé, et si elle se faisait pincer, elle ferait comme d’habitude : son air idiot et un « huuu... bah je sais pas » pâteux. Malheureusement, ce brillant stratagème marcha trop bien.


CHAPITRE 2 :



Elle voulait voir la guerre de près, elle avait été servie. Les lignes de front avaient été enfoncées jusqu’à sa zone. La bataille d’une rare violence faisait rage tout autour d’elle. On avait arrêté de compter les pertes depuis que le compteur avait dépassé les six zéros. Et elle savait via les crachotements de l’interface de communication que la majorité des commandants avait été décimée.

Le peu d’équipements médicaux qui lui restait avait fini d’être mis en pièces et dispersé aux quatre vents. Les soldats Sontarans avaient enfin abandonné leur orgueil et avaient accepté d’être remis en état à coup de rectifieur de tissu. Mais même ce dernier avait fini par lâcher. N’ayant pas pu respecter les temps de refroidissement, elle avait fini par faire griller le réacteur. Malgré sa connaissance des dispositifs de soins, la panne était trop grave pour être réparée par un simple bidouillage. Elle avait donc troqué sa cape de soignant pour celle de guerrier. C’était rare, très rare qu’elle doive en arriver à ce point mais quand le conflit venait à atteindre les médecins, il n’y avait souvent plus rien à faire … hormis prendre une arme et essayer de survivre. Elle n’espérait aucune aide de Gallifrey, elle avait envoyé un message de détresse pour le principe, histoire que ces fouines de protocolaires n’aient aucun reproche à lui faire sur sa mission. Elle avait vu trop de têtes sauter pour des règles administratives aberrantes inapplicables sur le terrain … surtout en situation d’urgence. Il y avait plusieurs causes à cet épluchage minutieux en quête d’erreur même la plus minuscule : soit la politique interne voulait évincer son agent, soit elle voulait régler un conflit à l’amiable en offrant sa tête, soit les administratifs avaient envie de mettre un peu de piment dans leurs vies. Ils prenaient un malin plaisir à torturer les agents avec des protocoles alambiqués absolument irréalistes. Les nouveaux étaient leur cible de choix. Dans leur grande clémence, les bureaucrates acceptaient de fermer les yeux contre de menus services … rien de bien compliqué, pour reprendre leurs termes.

Les Sycorax avaient déchaîné toutes leurs forces dans cet assaut. Ils ne s’étaient pas questionnés une seule seconde sur la réalité du transfert de deux machines de clonages dans un poste si reculé. Si les Sontarans avaient eu vent des manœuvres de Skellig, ils auraient pu prendre les devants et prévoir une contre-attaque qui aurait brisé définitivement l'armée adverse. Elle tirait une certaine satisfaction d'avoir réussi à semer la confusion entre les deux armées... même si ceci ne lui avait été absolument d'aucune aide.


Le chaos régnait autour d'elle. Elle avait perdu la notion du temps. Elle tirait machinalement sur tout ce qui bougeait drapé de rouge, et loupant quasiment toutes ses cibles, n’étant pas formée au tir. Heureusement que les deux camps avaient des couleurs bien définies, sinon elle aurait tué plus d'un allié. Son corps endolori avait de plus en plus de mal à le lever le canon de son arme. Son Chameleon n'était qu'une apparence et ne lui donnait ni l’endurance, ni la force musculaire d'un homme patate. Bientôt elle devraits e séparer de son armure si elle ne voulait pas devenir une cible fixe. Elle courait, tirait, courait, tirait … encore et encore.

Heureusement pour elle, les Sycorax avaient eux-mêmes leurs névroses ; leurs armes de prédilection étant l'épée longue et le fouet à énergie, l'arme à feu lui permettait de maintenir une distance de sécurité. Mais elle ne se faisait pas d'illusion, Si un sycorax arrivait à l’approcher de suffisamment près, c’en était fini.

Ils pouvaient sembler démunis technologiquement avec leurs armes médiévales, mais dans leur arsenal se trouvait une technologie bien plus vicieuse que n’importe quelle bombe ou pistolet blaster. S’ils réussissaient à attraper un Sontaran, ils pouvaient utiliser son sang dans une matrice de contrôle et transformer toute une division en esclaves. Le clonage avait ses avantages, mais pas celui du brassage génétique. Les soldats sur le point de se faire capturer avaient ordre de s'autolyser par tout moyen. Au début des escarmouches, les Sycorax avaient infligé de vilaines défaites à leurs opposants, et quasiment sans aucune perte dans leur camp.

Skellig essayait de garder un œil sur ses alliés, ne sachant pas à quel moment ils allaient se retourner contre elle. Elle avait hésité, au début, à tuer un camp comme l’autre, à vue. Mais elle était vite revenue sur cette option. Seule, elle n’avait aucune chance.


Un éclair sur sa gauche. Trop tard ! Une fulgurante douleur traversa son poignet. L'impact l’aurait sûrement brisé si le caméléon n’avait pas servi d'amortisseur. Mais malgré cela, la souffrance et la surprise lui firent lâcher son arme. Camouflé parmi les rochers, un Sycorax se tenait là. Il était visiblement de haut rang vu les nombreux crânes qui ornaient sa tenue. Il tenait son fouet crépitant dans une de ses mains, dans l'autre son épée qui reposait, nonchalante, la pointe sur le sol. Il armait son bras, préparant déjà son prochain coup. C'était la dernière chose qui inquiétait Skellig. Le Chameleon à son poignet n'avait pas apprécié la surcharge; des étincelles et de la fumée sortaient, menaçantes, du bracelet. Elle s'était déjà occupée de quelques patients ayant subi l'explosion de ce genre de dispositif … le plus souvent, c’était pour des levées de corps. Elle prit la fuite, n'essayant même pas de récupérer l'arme tombée à ses pieds, trop occupée à se débarrasser de la bombe qui tictocquait, agrippée à son bras. Elle sentit sa peau se hérisser quand un courant électrique passa dans son dos. Le fouet l'avait frôlé de peu. Le bracelet céda enfin ! Elle le projeta sans se retourner et courut de plus belle, se débarrassant en même temps du maximum de pièces d'armures. Elle était bien trop lourde pour sa morphologie et inadaptée, la gênant dans ses mouvements ; maintenant que son Chameleon avait lâché, les apparences ne comptaient plus. Diplomatiquement, il serait d'autant plus grave qu'on découvre sa dépouille dans une armure Sontaran. Elles étaient toutes numérotées, les patates auraient pu retracer toutes ses activités et découvrir le pot aux roses.

Une violente détonation la projeta au sol, suivie d'un cri guttural. Une des jambes du Sycorax passa au-dessus de sa tête. Elle se retourna sur le dos et vit le guerrier encore vivant tentant de se saisir de son fouet, décidé à continuer le combat. Le fait que toute la partie inférieure de son corps soit en charpie ne semblait pas entamer sa conviction.

Skellig se redressa d’un bond et saisit l’épée qui avait volé à côté d'elle. Elle se rua sur l’ennemi, envoyant le fouet voler d’un coup de botte, et lui transperça la gorge. La lame était tellement affûtée qu’elle perça les tissus avec une facilité déconcertante. Skellig avait à peine senti la différence lorsque l’acier avait traversé la colonne vertébrale.

Ce geste impulsif avait été guidé par la peur ; elle avait frôlé la mort de trop près. Elle n’avait pas envie de revivre ça. Pas une troisième fois.

Elle se laissa glisser à genou, nauséeuse. Elle détestait quand elle devait en venir aux mains. C’était la loi de la Jungle, « tuer ou être tuée ». La CIA n’enverrait une équipe qu’une fois le conflit refroidi. Elle passa la main sur son visage poisseux de sang. Cela lui faisait du bien de ne plus toucher cette stupide face ronde et rugueuse.

Pas le temps pour s’attendrir, il fallait survivre. Trouver un camouflage, des armes. Son regard revint sur la dépouille du Sycorax … pourquoi ne pas changer de camp ? Ses recherches parmi les Sontarans avaient été infructueuses; pourquoi ne pas essayer de glaner des informations chez l'adversaire... Elle sortit un scalpel d’une de ses poches. Cela ne l’enchantait pas, mais elle allait avoir besoin d’un masque. Elle avait vu des traités sur des espèces primitives se livrant à ce genre de pratique, et cela ne devrait pas être compliqué. Avec délicatesse, elle dépeça le visage du vaincu et s’en revêtit, puis se coiffa de son crâne. Elle dépouilla le cadavre de ses vêtements, de ses ornements puis de ses armes.

Enfin elle ramassa son imprimeur de molécule. Elle l’avait programmé avant de se lancer dans son travail minutieux. Elle avait toujours sa fidèle machine avec elle. Elle lui avait sauvé la vie plus d’une fois. Gallifrey n’avait pas voulu qu’elle l’emporte mais elle avait réussi à la dissimuler dans son armure trop ample pour elle. Elle était débrouillarde mais ce n’était pas avec un chewing-gum et 3 cailloux qu’elle allait réussir une mission. Ce n’était pas de l’insubordination mais du bon sens.

L’instrument avait préparé des doses de Rifampicine, ainsi que du formaldéhyde. Elle avait un plan. De toute évidence, elle portait le cadavre d’un chef spirituel, voire d’un magicien. S’ils voulaient de la magie, elle allait leur en montrer à sa sauce.

Elle se mit en route vers ses nouveaux alliés.


CHAPITRE 3 :



Deux gardes étaient postés â l'entrée du vaisseau ; les Sycorax, à la différence des Sontarans, n'installaient pas de camp sur la planète occupée. Ils posaient leur vaisseau et s’en servaient de quartier général. Si le vent tournait, cette stratégie leur permettait de mettre les voiles immédiatement. Ils avaient beau être de bons guerriers, c'était avant tout un peuple de charognards.

Dans sa situation, aucun retour en arrière n’était possible, il fallait jouer son rôle, être sûr de soi. Être grand ! Être puissant ! Être un sorcier ! Être un guerrier !

Elle bomba le torse et avança d’une démarche aussi confiante qu’elle le pouvait, allant droit sur la porte. La sueur perlait entre son masque et sa peau. Elle fixait la porte, ne voulant pas croiser le regard des gardes, ayant peur de se trahir. Non ! Elle était chef, elle était puissante, ces larbins ne méritaient pas son attention. Plus rien d’autre n’existait, seulement la porte. Elle fut ramenée à la dure réalité quand les deux épées ne se décroisèrent pas. Elle était tellement près que son masque d'os touchait quasiment l'acier.

C'était la fin du voyage, son plan était un échec. Lentement elle tourna la tête vers un des deux Sycorax, au moins elle contemplerait la mort en face… Il était terrorisé. Son regard fuyait celui de Skellig, essayant de trouver une vision autre que ce visage ravagé, corrompu, mais l'horizon ne lui offrait que la trace sanglante laissée par cette âme revenue des enfers.

Bien! Très bien ! La peur était un très bon début.
"Ouvre !!" Cracha-t-elle entre ses dents dans un Sycorax râpeux. Elle devait connaître environs 3 mots de Sycorax.

Les deux gardes sursautèrent et s'empressèrent de libérer le passage. Skellig leur offrit un rictus mauvais pour les remercier.

Maintenant, il fallait qu'elle trouve le temple - une fois là bas elle pourrait réfléchir, faisant semblant de se recueillir. Heureusement pour elle, les Sycorax étaient assez stables dans leur architecture, construisant leur « chapelle d’os et de sang » au centre. Elle réussit à faire le chemin sans se tromper, et surtout sans se départir de sa démarche de roi. Les occupants du vaisseau-cité s’écartaient d'elle. Elle n'avait pas pu trouver de miroir pour parachever son déguisement, elle devait ressembler à un cadavre vivant. Elle se souvenait des légendes de ce peuple parlant de combattants revenus à la vie, marionnettes de leur dieu cruel et sanglant. Eh bien, soit ! Elle serait un Messie de Sang, une goule revenue de leur Enfer.

Elle arriva enfin devant l’autel. C'était une imposante construction d'os entrelacés de différentes victimes des Sycorax. Elle identifia au premier coup d’œil plus d’une cinquantaine d'espèces différentes. La majorité appartenait à des races douée de sapience mais il existait aussi des crânes de bêtes choisies pour leur superbe. Les ossements étaient recouverts de coulées rougeâtres, les sacrifices étaient fréquents, surtout en temps de guerre.

Skellig fit glisser l’épée de son fourreau et la planta devant l’autel tout en posant un genou à terre. Elle connaissait quelques coutumes de ce peuple. Dans ces moments, elle était vraiment contente d'avoir assisté à quelques cours de mœurs et légendes du cosmos.

"Ailleurs..." L’ordre n’avait été qu'un murmure au travers ses lèvres, mais toutes les personnes s'empressèrent d'obéir. La chance était en sa faveur, la dépouille qu'elle avait récupérée était une personne d'importance. Elle allait enfin réussir à faire avancer sa mission.

Enfin seule, elle ôta son masque de chair et le mit à tremper dans du formol. Le contact des muscles à vif était déjà suffisamment répugnant et mettait sa volonté à rude épreuve. Le sentir pourrir sur son visage aurait été au-delà de sa résistance psychique. Elle profita du temps de séchage pour recalibrer son imprimante moléculaire afin d’optimiser la production, et la dissimula parmi les ossements. Son plan était simple : petit à petit, à force de punitions Pavloviennes et sous couvert de son déguisement, elle arriverait à gagner de l'influence.

Elle avait plusieurs moyens de pression. Son principal : la rifampicine. Déversée dans l'eau potable du vaisseau, cet antibiotique avait la particularité de colorer les larmes en orange. Il donnait à un profane l’impression de pleurer du sang. Une fois que les Sycorax seraient bien imprégnés, elle répandrait un gaz lacrymogène au moment choisi afin de déclencher « un châtiment divin ». Elle se présenterait comme la solution, le Messie. Si les Sycorax écoutaient ses conseils le sang arrêterait de couler, sinon elle sévirait en utilisant sa deuxième molécule : l’Eboline. Crée lors d’une des sombres périodes de la terre, elle reproduisait les effets d’un virus local. Les personnes à qui elle injecterait la substance trépasseraient de fièvres hémorragiques, leurs organes se liquéfiant. Cette dernière lui servirait aussi en cas d’opposition directe afin de se débarrasser d’adversaires trop belliqueux.

Son dernier atout était la promesse d’une récompense. Si ces dernières se comportaient gentiment avec le « Prophète », le Dieu Sang pourrait se montrer généreux et leur offrir ce qu’ils désiraient … comme du sang Sontaran. Au début de sa mission, elle avait prélevé un tube sur l’un de ses patients. Une assurance-vie était toujours la bienvenue. C’était une vieille souche, il ne devait pas rester beaucoup de Sontarans de ce modèle. Mais un seul suffirait afin d’en attirer des plus frais dans un piège. Mais chaque chose en son temps ; elle devait déjà se créer un cercle de fanatiques en jouant sur leurs légendes et sur ses connaissances médicales. Elle avait besoin de gros bras pour la protéger. Elle connaissait ses limites. Eux, par contre, ne connaissaient pas celle de sa magie sanglante.


CHAPITRE 4 :



Des Sycorax commençaient à revenir dans le temple, curieux de constater ce qu’était devenu leur prêtre. Skellig les jaugea du regard à mesure de leurs allées et venues, recherchant des signes de leur bravoure et de leur piété. Son regard finit par croiser celui d'un jeune guerrier. Ce n'était pas le plus ornementé, mais il avait suffisamment de trophées pour prouver sa valeur. Ce qui plût surtout à Skellig, c'était l’ambition dans son regard. Elle se redressa et s’approcha de lui. Il ne broncha pas. Elle allait lui ordonner de lui donner son épée mais s’aperçut qu’elle ne connaissait pas les mots à employer. Elle pointa du doigt l’épée et émit un borborygme. Visiblement, il comprit, et lui tendit son arme. Elle l’emporta devant l’autel et, théâtralement, la planta dans un crâne. Tout en proférant des sortilèges dans un langage incompréhensible, elle se coupa la main et enduit l’épée de son sang. Elle se recueillit quelques instants et la rendit au guerrier en lui apposant sa main toujours sanglante sur le front.
« Va ! ».

Le Sycorax s’inclina et partit, suivi par ses acolytes. Le crâne dans lequel elle avait planté la lame était rempli d’Eboline. La blessure infligée par l’épée allait être spectaculaire.


Elle allait devoir faire quelque chose pour dissimuler son manque de mots. Elle y avait beaucoup réfléchi et un stratagème lui était venu. Trouver un morceau de viande n’allait pas être compliqué sur ce vaisseau, et c’était son jour de chance - du sureau poussait à proximité. Elle allait faire semblant de sacrifier sa langue sur l’autel. Les racines de sureau coloreraient sa salive en rouge pendant qu’elle se trancherait la viande dans la bouche. Comme un sacrifice ne doit pas être vain, elle se servirait d’une partie du sang Sontaran pour déclencher un petit chaos parmi les troupes adversaires au même moment. Elle avait repéré où était leur arme secrète. Elle ne comprenait pas toutes les commandes mais elle n’avait pas besoin de quelques chose de précis : au mieux, les Sontarans possédés s’attaqueraient à leurs alliés, au pire, ils s’effondreraient en convulsant.

Sa petite pièce de théâtre fonctionna à merveille. Malgré l’ancienneté du sang, la souche de Sontarans qui lui était rattachée était encore bien représentée. L’armée Sontaran avait été méchamment désorganisée, surprise par cette soudaine prise de contrôle. Aucune prise d’otage récente n’avait été signalée dans leur rang, et ils n’arrivaient pas à identifier d’où venait la fuite. Il était d’ailleurs trop tard pour qu’ils s’en inquiètent, des dizaines de soldats avaient été capturés. Un groupe de Sycorax particulièrement virulent en récoltait le mérite. Mené par un jeune guerrier dont l’épée transformait la chair en sang, ils avaient fait des ravages.


Ce fut la fête au vaisseau. Les réjouissances étaient au programme. Le temple croulait sous les offrandes et Skellig croulait sous les présents. Elle était traitée comme une reine. Même les chefs étaient venus lui rendre hommage. Elle en avait profité pour s’entretenir avec eux. Durant le calme de l’après-midi, elle avait eu le temps de potasser un vieux traducteur et d’apprendre de nombreuses runes. Elle communiquait en traçant avec du sang des symboles sur le sol. Elle put ainsi fournir de précieuses informations aux Sycorax sur l’adversaire. Elle les aida à peaufiner les plans de la grande attaque du lendemain visant à prendre le contrôle d’un des avant-postes majeurs. Tout se mettait en place ; elle n’avait même pas eu besoin d’utiliser la rifampicine.


CHAPITRE 5 :



Les préparatifs commençaient, une nouvelle bataille allait faire rage. Elle avait synthétisé toutes les molécules les plus désastreuses qui lui été passé par la tête et en avait enduit les armes de ses disciples. Une fois le combat engagé, les dés étaient jetés. Elle ne pourrait plus influencer l’issue du carnage. Toutefois elle participerai au conflit d’une certaine façon. Elle allait faire partie de la division protégeant et contrôlant la « Blood Bending Machine ». Elle prendrait possession de Sontarans et se serviraient d’eux pour en détruire d’autres. Même si elle ne savait pas utiliser correctement une arme et que son avatar se faisait tuer en un clin d’œil, cela en ferait toujours un en moins. Accompagnée d’autres prêtres, elle s’installa sur un des sièges à proximité du Blood Bender. Le sang des Sontarans capturés avait été disposé dans de grands réservoirs autour de la machine. Ces derniers étaient ornementés des os de leurs anciens propriétaires. Les Sycorax avaient vraiment une passion pour les ossements.


Cette bataille fut beaucoup plus relaxante pour Skellig que la dernière. Même si elle se trouvait aux premières loges en voyant le monde par les yeux de son enveloppe, elle était bien en sécurité au milieu de l’armée Sycorax. Contrôler les Sontarans était beaucoup plus facile que de se faire passer pour l’un d’entre eux. Elle n’était pas gênée par l’armure trop lourde pour sa morphologie. Les bras puissants n’avaient aucune difficulté à soulever le canon du fusil pour viser. Et dès qu’une enveloppe commençait à fatiguer, il suffisait de la quitter et d’en prendre une nouvelle. Tout était tellement plus facile dans le vrai corps d’un Sontaran. C’en était presque amusant. Skellig tentait de cibler de préférence les élites adverses, parlant plutôt bien cette langue, elle semait plus de discorde avec des ordres qu’avec une arme.

Petit à petit les Sycorax progressaient, balayant les Sontarans. Ces derniers n’arrivaient plus à reprendre pied, ne sachant plus à qui faire confiance.

A la tombée du soir enfin un son grave et mélancolique retendit. Il sonnait la retraite des Sontarans sous les vivats des Sycorax. L’avant-poste étaient leurs.


CHAPITRE 6 :



Skellig était assise aux pieds du feu avec les chefs. Des crânes étaient étalés tout autour d’elle en guise d’offrande. Plusieurs Sycorax de moindre rang veillaient à ce que sa coupe et son assiette soit toujours remplies. Elle aurait déjà dû être partie mais elle avait envie de savourer la victoire. Ce n’était pas à Gallifrey que les bureaucrates allaient lui organiser une fête. Le mieux qu’elle pouvait espérer était un hochement de tête silencieux ou un « vous avez pris votre temps » les dents serrées. Les Sycorax avaient beau avoir une culture très particulière, elle appréciait leur spontanéité et leur courage. Elle les trouvait presque plus redoutables que les Sontarans, car ils pouvaient être fourbes et vicieux. Leurs technologies étaient fascinantes, hybrides de toutes leurs conquêtes. Hybride Magie-Science. Hybride Mécanique-Organique. Elle aimait bien ce peuple finalement.

Quand la soirée fut bien avancée, elle se retira du cercle de fêtards, traçant au sol les glyphes signifiant « prière ». Les chefs hochèrent la tête et la laissèrent partir.

Elle s’enfonça dans l’avant-poste jusqu’à l’ordinateur central. Plusieurs Sycorax gardaient la salle. Sur un écran elle traça la rune « Seul ». Ils sortirent en silence en lui adressant une révérence.
Skellig posa son épée contre le mur et s’installa aux commandes du terminal. Elle vérifia que les données dont elle avait besoin étaient bien présentes. Satisfaite, elle inséra un dispositif de sauvegarde et débuta le téléchargement de l’intégralité du système. Gallifrey trierait les informations.

Pendant que la barre de chargement progressait. Elle s’installa en tailleur sur le sol. Elle programma son Molecular Printer sur « Hydrocarbure» en dessinant la molécule à la craie sur l’interface. Avec le sang qui lui restait elle traça des cercles compliqués et intriqués au sol, les ornementant de glyphes et de runes guerrières. Elle recommença le procédé mais avec des motifs différents pour l’essence. Du coin de l’œil elle surveillait la progression du chargement.

Une fois satisfaite, elle retira les cranes et les os qui ornementaient ses frusques et les disposât de façon symétrique. Puis elle ôta ses vêtements en charpies, puis son masque d’os et enfin celui de chair et les déposa délicatement au centre du pentagramme. La pièce s’illuminât d’une couleur plus douce, la barre venait de passer au vert. Elle se redressa et récupéra la clé contenant désormais la réussite de sa mission. Elle passa la sangle de son imprimante en bandoulière, tout en vérifiant que personne ne l’épiait. Elle reprit l’épée posée le long du mur, et revient au-dessus de son œuvre macabre. Elle porta la lame, parallèle au sol, à hauteur de ses yeux. Elle contempla l’arme puis la lâcha. L’acier heurta l’acier dans un grand « Clang » et une gerbe d’étincelle jaillit. Et la magie prit vie ! Elle n’allait quand même pas s’en aller sans un adieu. Elle partit à l’ opposé des pas qui accouraient ; telle une ombre qui n’avait jamais existé.

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