Les douze vertus d'une bonne maîtresse

Le Père Henri Pottier est un auteur quelque peu prolifique : la Bibliothèque de la Compagnie de Jésus lui attribue soixante-seize publications. Il en est une cependant qui a dépassé les autres en renommée, c'est Les Douze Vertus d'une bonne maîtresse, avec ses douze éditions et sa traduction en anglais. En 1889, la onzième édition, soit-disant revue et augmentée (en réalité similaire à l'édition de 1871), s'accompagne d'une publicité pour le Manuel de l'institutrice chrétienne de l'abbé de Chaumont, ainsi que d'un Avertissement qui présente le livre comme le pendant féminin des Douze vertus d'un bon maître de La Salle.
Les douze vertus sont les suivantes : gravité, silence, humilité, prudence, sagesse, patience, retenue, douceur, zèle, vigilance, piété et générosité. A la lecture de chacun des chapitres, il apparaît que la femme idéale du Père Pottier est une femme qui se tait, ne sait pas grand chose, et ne se met jamais en avant. Bien qu'il insiste sur le fait qu'une femme ne doit pas avoir d'elle-même une opinion trop piètre, il parle bien davantage de la façon dont elle doit s'effacer, se souvenir qu'aucune de ses qualités ne peut lui valoir le moindre compliment, qu'elle est déshonorée si elle n'aide pas son prochain sans rien demander en retour quelque soit le sujet, et propose même qu'elle se glorifie dans un martyre volontaire si une de ses élèves la traite non seulement avec impertinence, mais même avec mépris ou méchanceté, encore qu'il considère qu'une "bonne" institutrice doit être capable d'inspirer le respect. Le chapitre sur le silence est particulièrement troublant pour des professeures.
Qui est cette professeure silencieuse ? C'est une religieuse, en réalité ; les maîtresses laïques existent, mais il fait semblant de croire qu'elles sont toutes épouses de Dieu et ont des mères supérieures. Elles enseignent, selon lui, à lire, à écrire, à compter, et c'est là tout ; pas de travaux d'aiguille, pas de science, pas d'histoire. Il s'agit surtout d'apprendre à faire bonne figure, la destinée de ces petites filles est d'apprendre la politesse et le savoir-vivre à leur entrée dans le monde, pas de faire carrière, c'est l'objet du chapitre sur la douceur. Le catéchisme est de très loin le sujet le plus travaillé, et paraît un thème récurrent. Si la petite fille lit mal, au fond ce n'est pas grave, tant qu'elle sort de l'école avec une foi sûre et inébranlable.

Titre complet Les douze vertus d'une bonne maîtresse, ouvrage très utile aux mères de famille, aux institutrices et à toutes les personnes chargées de l'éducation des jeunes filles
Auteur Père Henri Pottier (1819-1890)
Description 1 vol. (126 p.), in-16.

Type

Manual, Professional Skills

Medium

Paper

Authoring Date

1889

Location

Nostalgia