Histoire : Le Jeune Prêtre
Enfance
Aïkavra est né d'
Armondol Sherrar, un ouvrier dans le bâtiment, et
Tsurana Noctrum, une ancienne mage exilée. Il est né à
Balrona, une ville royale où vivait le Roi
Ezeriel Valerio, du Royaume de
Gaiyara. Jadis, sa mère était une noble bien considérée, et la famille vivait confortablement.
Mais Aïkavra développa une magie étrange et sombre de façon précoce. Alors qu'il n'avait que quatre ans, il maudit involontairement un des domestiques et l'accabla d'une
Terreur qui traumatisa la victime, et le rendit dément à vie. Tsurana tenta de dissimuler le drame en revendiquant le fait que son château était maudit, et qu'elle exigeait alors que des prêtres d'
Isanâa viennent l'explorer pour faire fuir cette malédiction.
Ces derniers ne trouvèrent évidemment rien, mais s'assurèrent tout de même que la Comtesse vivait dans un environnement sain. Durant ce temps, Tsurana protégea Aïkavra en dissimulant son pouvoir, et en le forçant à porter des gants en cuir ainsi qu'un chapeau enchanté qui permettaient d'étouffer la magie de son fils.
Mais un des prêtres,
Valenrio Aguayo, eut quelques soupçons quant à Aïkavra. Il enquêta alors longuement sur lui, envoyant quelques espions pour le surveiller, et découvrit alors le secret qui pesait sur la famille
Noctrum.
Le Prêtre mesquin
Lors des huits ans d'Aïkavra, Tsurana voulut organiser une grande fête pour célébrer son anniversaire. Valenrio organisa une stratégie pour dévoiler le sombre pouvoir d'Aïkavra : il allait isoler l'enfant, tout en faisant en sorte qu'il soit visible de tous, et déployer une
Lumière à son égard, qui ferait vriller sa magie si celle-ci n'était pas encore maîtrisée. Pour cela, il devait tout de même assurer ses arrières, et engagea quelques gardes et autres prêtres pour tenter d'endiguer l'obscur pouvoir si ce dernier devenait totalement instable.
Au moment où Tsurana servit le généreux gâteau, Valenrio profita que la mère soit occupée à servir les autres enfants pour tirer violemment Aïkavra par le bras et le traîner à quelques pas des tables. Tsurana répliqua en hurlant et en fonçant vers le prêtre, qui s'empressa de submerger le petit garçon d'une vague de Lumière. Aïkavra souffrit de cette attaque et hurla de douleur tandis que son pouvoir se dévoila au travers d'une aura chaotique autour de lui. Tsurana bouscula le prêtre et fut attaquée par l'aura chaotique de son fils : elle s'écroula sur le sol et convulsa. Son mari, Armondol, paniqué, se rua sur sa femme et tenta de la réveiller, en vain. Durant ce temps, les prêtres continrent la magie d'Aïkavra et força cette aura chaotique à se dissiper.
Après quoi, Valenrio voulut prendre Aïkavra avec lui, mais Armondol s'interposa. Il fut alors pris en otage avec son fils et tous les deux, ainsi que Tsurana, furent guidés vers la prison de la cité.
L'exil
Tsurana et Armondol, ainsi que leur fils Aïkavra, passèrent devant le tribunal du
Palais d'Agiades, face au grand juge
Moriasto Saénza. Ce dernier, avec ses confrères, jugèrent le jeune Aïkavra dangereux, et imposèrent à Tsurana de faire un choix : soit Aïkavra devait subir la sentence de la Lumière, soit la famille était condamnée à l'exil. Ne souhaitant pas que son fils souffre et risque de mourir de la sentence, elle choisit l'exil. Armondol soutint le choix de sa femme sans hésiter.
La famille fut alors exilée du Royaume de Gaiyara, et fut envoyée à la frontière, tout près des déserts du
Royaume de Khabora. Tsurana se servit de ses pouvoirs pour chasser et permettre à sa famille de survivre dans le désert, mais plus le temps passait, plus elle-même s'affaiblissait et ne parvenait plus à trouver la force de contenir les forces obscures qui envahissaient son fils.
Après près d'un mois de marche et de survie dans le
Désert de Khabora, ils firent la rencontre d'
Yuvrani Gahyan, un prêtre de
Lunayia d'une quarantaine d'années, qui les accueillirent au sein de la cité d'
Ahnkehia. Là-bas, Yuvrani s'arrangea pour trouver un petit habitat de fortune à la famille, qui le remercia plus tard en lui offrant plusieurs fruits que Tsurana avait trouvé dans la savane.
La dévotion
Yuvrani comprit rapidement qu'une force obscure tiraillait le jeune garçon, et l'aida alors à la contenir, notamment par la prière à l'égard de Lunayia, Déesse de la Lune. Cette dernière était souvent décrite comme étant douce et généreuse à l'égard de ses disciples, et Yuvrani espérait qu'Aïkavra trouve refuge dans les bras de la Déesse, ainsi qu'un moyen d'être soigné.
Les années passant, Aïkavra parvint à contenir son sombre pouvoir et éprouva un amour sans faille à l'égard de la Déesse. Alors qu'il n'avait que douze ans, il fit voeu de dévotion totale envers Lunayia, et s'adonna au long rituel, nommé "
Lunara Akhaeira", qui fit de lui un prêtre.
Avec le temps, les prêtres éprouvèrent une certaine fascination à l'égard du jeune garçon, car ce dernier montrait un tempérament doux et vertueux, chaste et généreux, malgré son très jeune âge. Lorsque la cité accueillit un elfe exilé,
Loneron Ayana, Aïkavra fut le premier à lui offrir de l'attention ainsi que de la tendresse. Tous les deux se lièrent rapidement d'amitié, et Aïkavra guida Loneron vers la voie de la prêtrise, aux côtés de Yuvrani.
La tentation
A ses dix-sept ans, Aïkavra fut nommé
Grand Prêtre de Lunayia : il intégra ainsi le cercle fermé de la haute-prêtrise de Khabora, et fut couronné chef du temple de la cité d'Ahnkehia. Mais lorsqu'il fit la rencontre de
Zahana Ossara, une jeune fille de seize ans, son coeur bascula et son amour à l'égard de la Déesse fut compromis.
Il étouffa l'attirance qu'il éprouvait à l'égard de Zahana pour se concentrer sur son devoir en tant que Grand Prêtre, jusqu'à même l'ignorer. Mais lorsque celle-ci vint vers lui avec les larmes aux yeux, il ne put résister à l'envie de l'aider. Son petit-frère,
Erdenk Ossara, avait une plaie qui s'était gangrenée, et qui avait formé une nécrose considérable au niveau de sa cuisse. Aïkavra l'aida comme il le put en faisant appel à un grand médecin de la cité,
Akozan Bayart, mais Erdenk succomba à sa blessure.
Aïkavra prit alors le temps de consoler Zahana et de lui offrir de la tendresse, et tous les deux se rapprochèrent. Le Grand Prêtre ne put échapper une dure réalité qui l'avait très vite accablé : il était tombé amoureux de Zahana. Il fit en sorte de taire cet amour, mais chaque fois qu'il voyait la jeune femme, chaque fois qu'il lui parlait, était une véritable torture pour le jeune homme, qui désirait ardemment goûter à la passion avec elle.
Zahana, quant à elle, se montrait de plus en plus tactile à l'égard d'Aïkavra, jusqu'au jour où elle osa lui offrir un doux baiser sur sa joue. Le jeune homme craqua, et invita la jeune femme à le rejoindre à la sortie de la ville, pour s'isoler dans la savane, à quelques pas de la cité d'Ahnkehia. Là-bas, tous les deux s'avouèrent leur amour mutuel, et s'adonnèrent à quelques étreintes et baisers amoureux. Mais alors que la température grimpait, Aïkavra fut tiraillé entre son voeu de chasteté et le désir de savourer aux plaisirs de la chair avec la femme qu'il aimait. Celle-ci le rassura alors, et trouva les bons mots pour que ce dernier se détende et finisse par céder à ses désirs de chair.
Les jours qui suivirent, le couple dissimula leur amour et se revoyait en secret. Mais quelques mois plus tard, un bébé émergea dans le ventre de Zahana. Cette dernière, oppressée par sa famille qui désirait savoir qui était le père, se tut et subit l'asservissement de ses parents, qui la menaçaient de l'enfermer dans un pensionnat si elle ne disait pas la vérité. Malgré les menaces, elle garda le silence.
Cependant, lorsque son père,
Yuksel Ossara, la menaça de la torturer pour extraire le bébé de son ventre, Aïkavra réagit et avoua tout. Yuksel l'observa d'un air ébahi et s'empressa de le dénoncer auprès des autorités de la ville.
Le procès
Accusé d'avoir trahi son voeu de chasteté, Aïkavra fut jugé devant la justice d'Ahnkehia. Le grand juge,
Caliskan Sankara, était responsable du sort qui allait être jeté au jeune homme. Tsurana, effrayée à l'idée de perdre de son fils, tenta de le défendre comme elle le pouvait lors du jugement. Elle fut soutenue par Loneron, qui était au courant quant à la liaison entre Aïkavra et Zahana, et qui était certain que la pureté et la foi d'Aïkavra à l'égard de la Déesse Lunayia ne seraient pas entâchées par l'amour envers une femme.
Mais alors que Caliskan prononça la sentence de peine de mort, Loneron le gronda et se révolta contre lui, abasourdi par une peine aussi sévère alors que, selon lui, Aïkavra n'était coupable de rien. Loneron fut ejecté de la salle d'audience et Tsurana, qui était folle de rage, fut maîtrisée de force par les gardes.
La décision fut prise : Aïkavra fut condamné à mort.
La peine de mort
Pour sa peine de mort, Caliskan enferma Aïkavra dans un cachot, dans le noir complet. La pièce était très petite et humide, envahie par des rats qui venaient dévorer les restes de cadavres. Le jeune homme fut jeté le lendemain de son procès, ne lui laissant pas le temps de faire ses adieux à ses parents, ni à Zahana ainsi qu'à Yuvrani.
Une fois seul dans le noir complet, Aïkavra sanglota, allongé sur le sol, tiraillé par un chagrin immense. Les heures qui suivirent, une rage immense bouillonnait dans ses veines : il frappa les murs et la porte du cachot avec une telle frénésie que les gardes dus rapidement renforcer la sortie de la pièce.
Le lendemain, la rage d'Aïkavra reprit le dessus. Une rage étrange, comme si celle-ci n'était pas la sienne, ou qu'elle était amplifiée par une magie singulière.
Troisième jour, le jeune homme commença à s'affaiblir. Sa bouche était sèche, ses lèvres étaient parcheminées, et son ventre réclamait de la nourriture. Quatrième jour, la folie commença déjà à envahir Aïkavra, qui se mit à rire de façon sombre et jura en boucle qu'un jour il se vengerait. Huitième jour, la soif devint importante, à tel point qu'il se rongea l'avant-bras pour saigner et récupérer un peu de son sang pour boire. Mais cela n'était pas suffisant pour étancher sa soif : il lui en fallait plus. Il se mutila alors davantage, jusqu'à provoquer une hémorragie importante. Il s'effondra sur le sol, affaibli, aux portes de la mort. Les rats, attiré par la chair du jeune homme, vinrent alors grignoter sa plaie ouverte. La douleur, bien que très intense, ne suffisait pas à faire trembler Aïkavra : il se sentait déjà partir.
Il ferma les yeux. Lentement. Le souffle de plus en plus lent. De plus en plus douloureux. Avec, en tête, l'envie de revenir.
Le Sang et la Vie
La vision du jeune homme devint subitement rouge sang. Un murmure presque diabolique et féminin retentit dans son âme. Il perçut ensuite sa silhouette, à la fois attirante et terrifiante, dessinée par un flux de sang parmi un étendu noir et infini. L'étrange femme, aux cornes immenses et importantes, lui tendit sa main.
A travers elle, il avait l'impression de voir un nouvel avenir. Un dessein bien plus grandiose et féroce, un dessein suffisamment satisfaisant pour le jeune homme qui voyait par-là un retour à la
Vie, et la possibilité de se venger. Son sombre pouvoir revint alors en lui, comme si cette magie noire et mystérieuse avait patiemment attendu pour ressurgir, et forger un nouvel Aïkavra.
Ce dernier, après avoir pris la main de la femme, se révailla en sursaut. Malgré le noir complet, Aïkavra avait quand même l'impression de pouvoir percevoir quelques silhouettes. Il remarqua alors les rats, tous broyés, comme si quelqu'un avait tenté de les manger à vif. Il se sentait puissant. Invincible. Redoutable.
Il se releva et sentit que son corps avait lui aussi changé : il était plus fort, plus agile et plus rapide. Il perçut des mouvements se faire derrière la porte, comme des sortes corps dont il voyait les moindres veines. Il grogna et utilisa sa force brute pour enfoncer la porte. Celle-ci se brisa rapidement sous les coups sauvages d'Aïkavra, qui avait terriblement soif, soif de sang. Il courrut vers une première proie et déchiqueta son cou en tirant sur sa chair. Il poursuivit sa chasse en tuant les soldats un à un, déployant sa force et sa puissance redoutable que nul ne parvint à arrêter.
Il fuit la prison et se réfugia dans une ferme à quelques pas de celle-ci. Là-bas, il découvrit son reflet dans l'eau de la rivière, et découvrit un visage blafard, cadavérique, ainsi que des yeux luisants et rouges. Il fut d'abord effrayé par sa nouvelle apparence avant de petit à petit l'accepter puis de la contempler avec une certaines fascination. Il appréciait davantage ses crocs aiguisés, ses dents pointues qui pouvaient aisément se planter dans la chair.
Histoire : Le Premier Vampire
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