Les Shansus

La société aqonti s’est construite depuis l'Eveil autour de son don très particulier, le fameux Lien qui connecte émotionnellement tous les individus de ce peuple. Cela est possible grâce à leur appendice crânien, le shan.
Dans plusieurs cas, il arrive que certains Aqonti se voient amputés de cette partie de leur corps, et de ce fait de leur capacité à maîtriser le don du Lien. Cet état, généralement traumatisant, fait d’eux ce que l’on appelle des Shansus - les sans-shan, en aqontil. D’êtres extrêmement sociaux et noués les uns aux autres, les shansus deviennent ainsi des entités indépendantes de leur propre société, mises à l’écart car incapables désormais de communiquer pleinement. Coupés des émotions de leurs semblables, ils sont notamment immunisés aux épidémies de colère. C’est la raison pour laquelle un certain nombre d’entre eux demeurent sur le Llahe, car ils sont les plus à même de veiller à éradiquer les foyers d’infection avant que la haine ne se propage.

Origine

Il existe plusieurs façons d’être ou de devenir un shansu.
La voie naturelle tout d’abord : il arrive parfois que des enfants naissent sans shan, ou avec un shan dysfonctionnel. Cet handicap peut aussi se révéler plus tard, à cause de certaines maladies - expliquées ou pas - qui provoquent la perte de l’appendice.
Les accidents sont la seconde cause de perte de shan. Le Refuge regorge de dangers divers et variés et il n’est pas rare que les Aqonti - surtout parmi les guerriers - soient blessé à cet endroit pendant un combat. Il s’agit d’un organe très fragile, aussi beaucoup de blessures shaniques se terminent malheureusement en amputation.
Il y a ensuite les Aqonti malheureux qui prennent volontairement la décision de se couper du Lien, car celui-ci ne leur convient pas. Il sont peu nombreux mais ils existent, dans la plus totale incompréhension générale.
Enfin, et même si ce cas est plutôt rare, il arrive que les autorités aqonti décident de forcer une amputation sur un individu récalcitrant qui exprime trop de colère. Beaucoup de choses sont tentées auparavant pour le faire entrer dans les rangs, mais parfois rien n’y fait et l’Unisson se retrouve alors dans une impasse. Dans cette situation, le concerné a le choix entre la vie de shansu ou le bannissement dans les brumes - ce qui équivaut à la mort. La plupart choisissent bien entendu la première option.

Place dans la société

Les shansus ne sont pas réellement des parias. Ils ont certes perdu l’usage du Lien, qui est la fondation des échanges sociaux aqonti, mais ils conservent de leurs semblables un certain respect dû à leur condition. Beaucoup éprouvent de la peine à leur encontre, fidèles à leur profonde empathie, et pourront parfois les traiter comme des infirmes. Cela n’est pas particulièrement du goût de la plupart des shansus, qui mettent généralement un point d’honneur à porter leur indépendance comme une fierté et un atout.
Assez logiquement, et afin de retrouver un semblant de cercle social, les shansus ont eu tendance à se regrouper et à se fréquenter en cercle hermétique. C’est notamment le cas de l’unité spéciale shansu, que l’on appelle les Occultés, une branche des Vigilants, dédiée à la prévention des épidémies de colère. Les membres de cette unité disposent d’un statut spécial et d’un uniforme facilement reconnaissable. Leur arrivée dans un foyer ou dans un dam est la plupart du temps anxiogène pour les Aqonti alentours - et à raison - c’est pourquoi ils demeurent la plupart du temps à l’écart. Leur quartier général est situé à l’Ouest dans les montagnes au dessus de la route des flaques.
Tous les shansus ne rejoignent pas les Vigilants cependant. Certains préfèrent la voie nomade solitaire, et la plupart de ceux-ci deviennent en général explorateurs ou marchands. D’autres, enfin, choisissent de s’exiler loin du Llahe pour rejoindre d’autres cultures. La majeure partie d’entre eux ira à Nepo, où leur différence passera beaucoup plus facilement inaperçue.

Noms

Lorsqu’un Aqonti devient shansu, il ajoute le signe ° à la fin de son prénom - ce qui se traduit à l’oral par un bruit de lèvres, différent de celui de l’apostrophe. Même si l’usage a vocation à être plus informatif que stigmatisant, la plupart des shansus ont préféré s’affubler d’un surnom - leur permettant d’éviter le rappel constant de leur condition. Avec le temps, cette coutume est entrée dans les moeurs, et désormais quasiment tous les shansus disposent d’un surnom. Par opposition, les individus disposant d’un shan fonctionnel ont cessé de le faire. De ce fait, un Aqonti se présentant sous un pseudonyme est plus que probablement un shansu. Assez paradoxalement, cette réaction n’a donc fait que déplacer le stigmate, mais tout le monde semble s’en satisfaire pour l’heure.