Les ugothols

Traqueurs sans visage

Dans une atmosphère lourde d'angoisse et d'épouvante, c'est, brusque
et hideuse, l'apparition du Masque de la Mort rouge, dont le rictus
diabolique dénonce la joie rageuse et impitoyable de tout livrer à l'anéantissement.

— André Caplet

Les traqueurs sans visage, tel est le seul nom sous lequel les connaissent la plupart des habitants de Golarion. Les aventuriers et les protecteurs de la communauté en savent davantage : ce sont des créatures primitives, nomades, qui se déplacent en groupe pour infiltrer les villages et s'en repaître en secret. Le jeu du Sans-Visage en tire son nom et ils justifient la xénophobie des autres habitants des zones où ils pullulent, comme les marais de Mush. Ces prédateurs parasites sont capables de se créer librement une apparence humaine, elfe, ou quelqu'autre tant qu'elle ne diffère guère de leur taille habituelle ; ils s'infiltrent dans les sociétés sous couvert d'une nouvelle famille qui s'installe ou de marchands qui s'établissent, et, dans le secret de la nuit, commencent à assassiner leurs voisins pour se repaître de sang, seul breuvage capable de les nourrir vraiment. Leur véritable apparence est celle d'humanoïde sans os et désarticulés, à la peau rouge et écailleuse, parsemés de traits, de lignes et de symboles bleu ou argent. Leurs faces lisses ne portent ni yeux, ni nez, ni bouche, ni oreilles ; leurs longs bras se terminent par des mains griffues disproportionnées. Lorsqu'ils ont ficelé une victime vivante pour s'en nourrir et dévoilent les trois trompes qu'ils vont insérer dans le corps chaud pour sucer ses fluides, les cris de terreur commencent avant la torture elle-même, et plus d'un écuyer courageux de hameau, se prenant pour un chevalier, a pissé d'horreur en découvrant trois ou quatre traqueurs attablés sur un voisin ou un ami.
Les aventuriers et chasseurs plus avertis savent que les traqueurs sans visage vivent généralement par groupes peu nombreux, une dizaine tout au plus. Seul, un traqueur s'ennuie, il a besoin de la compagnie de quelqu'un qui le connaît ; mais en trop grande assemblée, les vendettas et les guerres intestines ne tardent pas à s'installer - comme c'est le cas pour bon nombre d'espèces pensantes, font remarquer les mesquins. On n'a jamais vu d'enfant parmi eux, quoique certains aient des silhouettes plus ou moins masculines ou féminines. Un grand nombre d'entre eux vénère Tarn Ghlaunder, demi-dieu des parasites et de la corruption, qui les aurait créés et qui compte parmi ses serviteurs plusieurs membres de leur espèce. Malgré leur réputation de primitif, les traqueurs sans visage, du moins ceux croisés par des aventuriers qui eurent plus tard l'occasion de raconter leur histoire, sont généralement doués avec les armes, une douance qui dénote une véritable éducation et un entraînement suivi. Et nul ne saurait affirmer avec certitude qu'aucun traqueur sans visage n'a jamais pu intégrer, sous une fausse identité, une école, une université ou une académie. Leurs prêtres et leurs lanceurs de sort, pour leur part, ne sont pas tous débutants, et même si certaines pratiques, comme celle des ensorceleurs, sont innées, l'on sait combien d'années d'étude il faut pour obtenir un diplôme de magicien.
Malgré le scepticisme et le relativisme naturel de bien des académiciens, la plupart s'accordent à dire que l'histoire des traqueurs sans visage n'est guère plus reluisante que celle de leur présent hostile. Les traqueurs, à l'époque connus sous le nom de "ugothol", furent créés par les algollthus, d'antiques créatures des profondeurs qui enseignèrent la magie aux premiers hommes avant de tenter de les réduire en esclavage, ce qui se traduisit (naturellement) par la révolte des humains libres et une guerre sans merci, suivie de la chute du Premier Empire Alghollthu. Les ugothols furent inventés lors de l'expansion du Second Empire Alghollthu, par les maîtres-glyphes de la cité de Voshgurvaghol, comme infiltrateurs et assassins, et envoyés contre l'Empire du Thassilon alors émergeant. Certains affirment même que la mort de Xin pourrait être imputée à une de ces armes vivantes, technique de déstabilisation politique employée à l'encontre de bien d'autres civilisations naissantes à la même époque. Ces interventions ne cessèrent qu'avec la chute de Voshgurvaghol et la destruction des maîtres-glyphes. Après quoi, les ugothols, traqués, se cachèrent dans les marais et les couloirs froids et humides des souterrains de ce monde, et dégénérèrent jusqu'à former la société qu'on leur connaît aujourd'hui.
Les ugothols peuvent prendre librement une apparence inventée ou celle de quelqu'un, au cours d'une transformation qui dure une dizaine de minutes et qu'on imaginerait facilement douloureuse à entendre les os qui apparaissent et craquent pour se mettre en place. Reprendre leur forme originelle est en revanche instantané s'ils le souhaitent. Ils ne sont pas capables de transformer vêtements et équipement avec eux. Même transformés, ils sont capables de contorsions et d'élasticité au-delà de ce qu'un corps articulé devrait être capable de supporter, et sont résistants à tous effets basés sur les sens, que ce soit vue, ouïe, goût ou odorat, ce que certains interprètent comme lié à l'absence de ces organes dans leur anatomie normale. Malgré ceci, ils ont des sens plus développés que la moyenne et voient dans le noir à une portée de dix-huit mètres. Ils sont également résistants aux attaques contondantes. Prompts à sauter à l'action, ils ont des tendances paranoïaques et inquiètes qui les amène souvent à se révéler trop tôt ou à se lancer dans des combats qu'une dose de somnifère aurait pu éviter. Ils ont hérité de leurs créateurs la capacité magique de don des langues, mais contrairement à l'immense majorité des autres créatures qui partagent cette capacité, cette dernière ne peut leur être niée par aucune drogue ni magie.

Origin/Ancestry

Création aboleth

Conservation Status

Ennemi

Known NPCs Danseuse Yesha (en fuite), assassin des Frères des Sept (non nommé)

Le Jeu du Sans-Visage

Ou "Sang au Visage" pour les petits plaisantins et les gamins qui méritent un orthophoniste. Le jeu se joue à plusieurs, une dizaine au moins. Le meneur de jeu, choisi au hasard, désigné par l'assemblée ou porté volontaire, fait tirer à chaque participant un bâton. Ceux qui tirent un bâton intact sont les Villageois, ceux qui tirent un bâton entaillé sont les Sans-Visage. Chaque tour de jeu se déroule ensuite en deux phases : la nuit, où les Sans-Visage choisissent un Villageois qui "meurt" (et rejoint le Banc de Pharasma), et le jour, où les Villageois, y compris les Sans-Visage sous couverture, désignent quelqu'un qui doit mourir. Le jeu se termine quand il ne reste plus que des Sans-Visage, ou que des Villageois, et le camp survivant a gagné. Il existe une variante qui se joue avec des cartes et contient des rôles et des règles plus élaborées. La carte la plus populaire est celle de l’Éclaireur qui a le droit d'ouvrir les yeux la nuit (à ses risques et périls) pour essayer de voir qui est "réveillé", mais il existe aussi le Prêtre qui peut ressusciter une personne au cours de la partie, l'Inquisiteur qui peut voir le bâton (ou la carte) de quelqu'un chaque tour, le Paladin qui peut mourir à la place de quelqu'un, et l'Aventurier qui peut tuer quelqu'un quand il est tué.

Les révélations de Yesha

Elle a dévoilé à mots couverts que l'espérance de vie des ugothols pouvait être plus longue que celle d'un humain, qu'une communauté de traqueurs de Magnimar vénérait Norgorber, et que les traqueurs pouvaient en fait vivre de sang d'animal aussi bien que du sang d'humains ou d'elfes. Elle s'est ensuite enfuie pour changer de nom et de visage et disparaître.